Dt-comfiru
1822.
,00 VOY. AGE A U T O U R D U MOND E ,
ce jo u r sur ces te r re s , n ’a été vu ensuite que ra remen t; e t,
l’après les témoignages des derniers nav ig a teu rs , la ra ce , qui
ne parait point m ultip lié e , diminue sans cesse et semble être
destinée à disparaître entièrement de ce sol stérile. Les naufragés
de la corvette l’Uranie, dans leurs chasses fréquentes sur
f ile C o n t i, en aperçurent un seul qu’ils tuèrent; e t, pendant un
mois entier que nous sommes restés à l’ancre au Por t-I.ouis,
nous n ’en avons point rencontré dans nos différentes excur-
sions.
'Wood R o g er et Co ur tne y contournèrent la côte orientale
en 1708 , et en atteignant la partie S u d , ils prirent connaissance
de la petite ile découverte sept ans auparavant par Beauchesne.
De même que Hawkins et d’autres navigateurs moins anciens,
ils cruren t que ces iles étaient couvertes de fo r ê t s , trompés |)ar
les touffes nombreuses de la grande graminée (festuca fla b e llata)
qui ga rnit les bords de la mer, et dont les bouquets vus
de quclcpies milles au la rge présentent en effet à l'oeil 1 apparence
de bois taillis composés d’arlires verdoyants.
Les trois puissances maritimes les plus renommées par leurs
travaux hydrographiques ont successivement habité ce groupe,
et nous n’en possédons pas encore une carte complète digne
de la conGance des marins. Sans doute on doit en attr ibuer la
cause au peu d’intérêt que le sol inspire. Il serait à désirer que
les baleiniers qui le fréquentent o rdinairement, tou t en s o ccupant
de la pêche des phoques qui y aliondent, fussent a même
d’en lever un plan détaillé; ils épargneraient à leurs successeurs
les dangers dont tant d'autres ont été les victimes ; car ces rochers
on tdé ja dévoré un gran dn on ib re de bâtiments. F rézier est
le premier géographe q u i, au commencement du X V I I I ' siècle,
essaya de tra ce r une carte de ces terres sous la dénomination
d’îles Nouvelles, quoiqu’il ne les eût pas visitées dans sou voyage
à la mer du Sud. I) puisa les données qu’il employa dans les
journaux de son temp s , surtout dans eenx des navigateurs de uieembrc
S aint-Ma lo , qui à cette époque, devenus les plus hardis marins
de la France, avaient souvent visité ces parages dangereux.
Ainsi que nous l’avons dit plus h au t, Beauchesne en avait
alors fixé l ’étendue vers le Sud , en découvrant la petite ile qui
porte son nom ; il en avait aussi reconnu la limite o c c id en ta le ,
en relâchant aux îles Sebald de W e e rd ; celles-ci avaient été de
nouveau explorées en 1 7 1 1 , par B r ig n o n , qui en donna une idée
beaucoup plus exacte c[ue to u t ce qu’on eu avait dit avant lui.
En 1706 , les vaisseaux le Maurepas et le St.-Louis avaient
reconnu la côte méridionale de l ’île C o n ti, e tF o u q u e t avait ensuite
découvert les îles d’A nican, qui s’étendent au la rge de
cette côte ; Porée enfin avait visité, en [708, toute la jiartie nord,
qu ’il désigna sous le nom particulier de côte de l ’Assomption.
On n’avait donc encore q u ’une imparfaite connaissance des
Malouines, lo r sq u e , pendant la guerre de 1760, la France
songea à y fonde# un établissement. Elle voulait avoir dans ces
[larages un p or t de refuge assuré pour ses vaisseaux chargés
d’étendre son influence sur toutes les côtes de l’Amérique méridionale
, tou t en nuisant le pins possible au commerce anglais
dans ces contrées. Nos bâtiments, avant de pénétrer
dans la mer du S u d , étaient dans la nécessité de re lâch er soit
au Bré sil, soit â B io de la Plata ; et leur séjour précaire dans ces
ports étrangers, où ils rencontraient toujours des inconvénients
imprévus, ne pouvait être que nuisible aux opérations militaires
ou commerciales à exécuter sur les côtes du Ch ili et du Pérou.
Les Malouines, isolées à l’extrémité de l’Amérique méridionale,
se [irésentaient sous un aspect favorable à l’accomplissement
de ces missions lointaines. Le rédacteur du voyage de l ’amiral
Anson les avait déjà signalées sous ce point de vue à l ’atten-
lion des ministres anglais. A u s s i,p eu de temps après cjue notre
illustre B ou g a inv ille , encouragé par la co vu , eut établi à ses
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