ociohro construction assez considérable. Divers chantiers y sont établis,
et l’on y fabrique des planches. On y construit, pour la navigation
des cô te s , de petits navires que les Brésiliens désignent
sous le nom de Soumacas. De vastes rizières occupent le terrain
en vironnan t, qui est bas et marécageux. T o u t auprès est
uue charmante vallée ga rnie de chaumières entièrement
blanches de la chaux dont les murs sont c rép is , et entourées
d’o rangeries et de plantations de cafiers. C’est jjrès de là que
se jette à la mer la rivière Biguassu, dont f embouchure peut
a voir de quarante à cinquante toises de la rg e ; elle est navigable
pour les bateaux ju sq u ’à plusieurs lieues dans l ’intérieur. Cette
r iv iè re , anciennement appelée B io dos Pa tos, servait de limite
aux Indiens du même n om , qui s’étendaient ju squ'au B io Sam-
Pedro, et aux Indiens C a r ijo s , qui occupaient les terres septentrionales
ju sq u ’à Caimanea.
Dans nos diverses co u rse s , nous avons souvent été accueillis
par les habitants. Souvent nous nous sommes reposés dans leurs
cases ; nous n’avions qu’à nous présenter à leurs portes pour en
recevoir l’invitation; leur hospitalité fut toujours généreuse.
Ils ne sont point r ich e s; mais ils possèdent le nécessaire. Du
poisson frais ou séché au so le il, du r iz , de la cassave, des galettes
de m a is , des p a ta te s , des légumes, des fruits, et quelquefois
de la viande ; telle est en généra) leu r nourriture journalière.
Les bestiaux et les volailles qu’ils élèvent sont pour eux l’objet
d’un petit com m e rc e , pa r le moyen duquel ils subviennent aux
dépenses diverses du ménage, comme le paiement des droits,
l’entretien des vêtements, des meubles et des ustensiles, l ’achat
du matté ou herbe du Paraguay, dont ils font une boisson qui
remplace le th é ; et enfin, la célébration des fêtes de famille et
de religion , ou circulen t alors les bonteilles de rum et d’arrack.
Ils dansent ordinairement dans ces jou rs anniversaires, où ils se
montrent g a is , folâtres et galants. 11 règne plus de propreté sur
leur [tersonne que dans l’intérieur de leurs maisons, généralement
peu soignées, où seulement un lit g a rn i de beaux matelas
de coton se montre avec uue élégance qui contraste avec le
reste de l ’ameublement, composé de quelques chaises grossières,
ou d’un b an c , d’un coffre ou d’une armoire.
Les hommes sont principalement adonnés à la pèche et à la
cu ltu re ; ils ont une constitution sè ch e , le teint b asané, et paraissent
vigoureux. Les femmes, livrées aux différents travaux
domestiques, s’occupent en outre à faire de la dentelle qu’elles
travaillent avec g o iit, et à nettoyer le coton qu’elles filent au
fuseau, et dont elles font des vêtements pour toute la famille.
Elles ont des formes gracieuses, et leu r figure ne manque pas
de charmes ni d’expression. Quoiqu’elles metten t un peu de
re ch e rch e dans leur p a ru re , elles ont néanmoins des vêtements
simples et d’une netteté remarquable. Une robe légère d’indienne
dessinant une taille bien pr ise, et quelques fleurs jetées
avec art sur une belle cheve lu re , leur donnent un air agaçant.
Elles ont cette coquetterie si commune à leur sexe, e t , dans
les colonies, si attrayante pour les é tran g e r s; mais il existe dans
leurs moeurs un relâchement que semblerait contredire la vie
retirée qu’elles mènent au milieu des camjiagiies, et que rend
croyable le commerce fréquent qu’elles ont avec les marins
qui abordent sur ces côtes. Aussi la jalousie parait être endémique
chez les époux, et il faut avouer que, si elle a quelque
chose de tyrannique, elle est du moins très-excusable.
Il n’existe que peu de communication entre les habitants des
rivages et les Indiens qui v ivent daus les forêts ; ceux-ci alta-
r|ueiit parfois les premiers quand ils s’a vancent dans l’intérieur
des terres. Les vallées qui avoisinent celle de Picada forment les
limites du territoire habité par les Brésiliens portugais. Daus
fO u e s t , à une distance considérable, se trouve la tribu anth ropophage
des Biigros. Ces sauvages vivent dans les bois, et se