insulaires devaient être aussi l'ob jet d’observations particulières
et non moins curieuses. De la comparaison attentive de leurs
divers langages su r tou t, on pourrait conclure s’ils ne sont
réellement que les lambeaux épars d’un vaste continent détruit
à une époque déterminée par quelque grande convulsion du
g lo b e , ou bien si leur existence en colonies isolées remonte a
un temps immémorial.
M le baron P o r ta i, e t , peu de temps après , M. le marquis
de C lc rm o n t-T om ie r re , qui lu i succéda au ministère de la
m a r in e , saisirent avec empressement l ’occasion de soumettre
an Roi les motifs qui nous animaient.
S. M. Louis X V I I I , a yant agréé le projet de cette nouvelle
expédition, daigna nous en confier le commandement.
M. d’U r v ille , notre intime am i, fu t naturellement ajipele
à iia rtag er avec nous toutes les chances de cette honorable
entreprise. Le mérite éminent dont il avait donné des preuves
dans ses campagnes de la Méditerranée et de la mer N o ire , lin
assurait d’avance le b r illan t succès qu’il devait obtenir en se
liv ra n t, avec son enthousiasme a ccoutumé, a 1 étude des recherches
scientifiques, comme à l ’exécution des opérations que
nous nous étions prescrites.
MM. Ga rnot et Le sson , médecins de la m a r in e , qui s occupaient
avec succès de diverses branches de l ’histoire n a tu re lle ,
furent désignés pour remplir à la fois, dans la camp a gn e , les
devoirs de leu r profession et les fonctions de natura listes; et
nous fûmes autorisé à choisir parmi les officiers les plus instruits
ceux dont il importait de composer l ’état-major du bâtiment.
.
Pou r établir sur des bases certaines l ’harmome qui devait
exister entre nous pendant la durée du v o y a g e , nous primes
la ré so lution , avant le d ép ar t, de nous p a rtag er les travaux
jirojetés selon nos goûts prédominants. Ainsi, en outre des
devoirs de la navigation communs à tou s, et du tr ib u t que
chacun devait [layer à la rela tion purement historique , la
botanique et l ’entomologie constituèrent le domaine particulier
de M. d’U rville. MM. Garn ot et Lesson unirent leurs efforts
p ou r tra iter toutes les autres branches de l’h istoire naturelle,
M. G a b e r t, agent comptable et interprète de l’exp édition, se
chargea des renseignements à re cu e illir sur l’état du commerce
et de l ’industrie des jieiiples que nous devions visiter. M. Lejeune,
qui figure aujourd’hui dans le corps des officiers de la m a r in e ,
pr it ran g parmi nous en qualité de dessinateur; et nous nous
réservâmes l ’exécution des opérations de physique et d’h ydro graph
ie, auxquelles devaient con tribuer MM. Lesage, Jacquinot,
B é r a rd , Lo ttin , de Blois et de B lo s s ev ille , tous officiers de la
marine ro y a le , justement recommandables par leurs travaux
antérieurs et leu r infatigable zèle.
Les préparatifs du voyage n ’étaient pas encore ordonnés
lorsque l ’Académie des Sciences pr it une jia rt très-active dans
cette nouvelle entreprise. Plusieurs membres de cette illustre
so c ié té , a tta ché s, soit au Muséum d’histoire n a tu re lle , soit au
bureau des lon g itu d e s , s’empressèrent de mettre à notre disposition
les instructions qui nous étaient nécessaires. MM. Cuvier,
de Humboldt, Cordier, Desfontaines, L a tr e ille , e t c ., accueilliren
t les naturalistes de l'expédition , et leur indiquèrent avec
bienveillance le but spécial sur lequel ils devaient fixer leur
attention. MM. A rago et Mathieu, que nous sommes impatient
de nommer, p r irent le soin p a rticu lie r de nous d iriger dans
l ’exécution de diverses expériences relatives â l’état [iliysique
du g lo b e ; et MM. de Rossel et Beautemp s-Beaupré, auxquels
la navigation et l ’hydrographie doivent d’immenses p e rfec tion nemen
ts, vouluren t bien aussi a jouter aux ordres qui nous
étaient donnés par le ministère de la m a r in e , tous les documents
propres à nous é cla irer dans nos courses, notamment