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,68 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
L’impression que ces divertissements par trop burlesques
avaient laissée dans notre esprit nous porta à aller le lendemain,
mercredi des Cendres, de bonne heure à l’église pour
nous assurer si les Chiliennes seraient aussi empressées à remplir
leurs devoirs relig ieux qu’elles avaient mis d’ardeur dans
les |)laisirs du ca rnaval, et si l'on p ou rrait découvrir à travers
les traits de leur ligure quelques traces des saturnales de la
veille. Nous les vîmes se présenter ;i l ’autel sous un costume
tout b lanc , emblème sans doute un peu trompeur de ht pureté
de leur conscience : un air de modestie et de candeur dominait
dans tous leurs mouvements, et elles nous parurent douées
d’uue grande piété. Ces femmes, qui hier encore étaient si vives,
si pétidantes, dont les m a n iè r e s étaient si dév ergondées, aujou
rd ’hui silencieuses, ca lm e s , les yeux baissés, la figure animée
d'une innocente timidité, adressaient leurs prières ferventes
au Seigneur, et baissaient leur front humilié devant le ministre
de DÏeu, qui y imprimait le triste signe du néant de leur
beauté. Cep endant, lorsqu’elles se re tirè ren t, elles ne purent
s’empêcher de sourire avec malice en remarquant avec quelle
attention nous suivions des y eu x leurs moindres démarches.
D u 20 janvier au i 3 février, durée de notre re lâ ch e, pendant
{|ue les naturalistes et les officiers de l ’expédition parcouraient
la b aie , la presqu’île de T a lcah u an o , l ’ile Q u ir iq uin e , les rives
du B io b io , et qu’ils visitaient les alentours de la Concepcion et
ceux de l ’ancienne Pen co , nous mettions à pro fit le beau temps
dont nous étions favorisés pour réunir le plus grand nombre
d’observations possible sur ce point important du Chili. Nous
avions établi notre observatoire dans le fo r t G a lv e z , situé a un
d emi-mille au Nord du milieu du village de Talcahuano. Il fut
confié à M. Jacquinot qui y régla les montres avec l ’attention
la plus scrupuleuse, et nous avons déterminé sa position g éographique
ainsi qu’il suit ;
Douze séries de hauteur du soleil observées au cercle répétiteur
astronomique donnent pour la titude. . . 36° 42’ o” S.
La longitude que nous faisons dépendre, à
l’aide de quatre montres marines, de celle du
Callao de Lima dont nous indiquerons la position
en son lieu , est d e ........................................ yS” 3o ’ 41 ” O.
Trois cent vingt-quatre distances lunaires
observées dans le même fo r t, le placeraient
p a r . . ................................................................................ 75° 29’ 4 1 ”
La montre n” 3072 de B régu e t, que nous avons employée
avec la moyenne de ses marches diurnes observées aux Iles
Malouines et au fort G a lv e z , donne ¡lour la différence en
longitude de ces deux sta tions........................... 1 5“ o’ 45”
Nous avons placé Saint-Louis aux îles Malouines
p a r .................................................................... 60“ 34’ 32”
Nous aurons donc pour le for t G a lv e z . , y5° 35’ 17” O.
Mais nous devons faire remarquer qu’il s’est écoulé trente-
huit jou rs entre les dernières observations faites aux lies Malouines
et les premières faites au fort G a lv e z , tandis que nous
n’avons mis que quinze jou rs jtour nous rendre de ce for t an
Callao de Lima ; qu'en conséquence il est préférable de faire
dépendre la longitude du for t Galvez de celle que nous
assignons au Callao.
Les observations niaguétiqiies faites à terre nous ont donné
les résultats suivants :
Inclinaison de l’aiguille aimanté e ....................... 44° 54’ 54”
Déclinaison ............................................................... 16° 16’ 23 ” N E.
Durant notre séjour dans la baie de la Concepcion, les vents
ont régné de la partie du Sud au S u d -O u e s t. Ils fraîchissaient
pendant le jo u r et demeuraient calmes la nuit. Le ciel n ’a été
obscurci que deux fois v in g t-q u a tr e heures avec des brises du
Nord qui furent modérées, quoique le temps eût une apparence