dessinent en plaines immenses, que ceignent des monts entièrement
formés d’un grès quartzeux. Les côtes ne présentent a 1 oeil
qu’une falaise de roches grisâtres, interrompue par des monticules
et des plages de sable. Elles sont p rofondément découpées,
et offrent aux navigateurs des havres nombreux, vastes, com modes
et sûrs. L ’intérieur des baies présente partout des coupures
ou criques entourées de récifs et séparées par des pointes
laasses et avancées, d’où se détachent des ilôts et des écueils qui
servent d’asile aux mammifères amphibies qui peuplent ces
rivages. Des mornes uniformément ai'rondis signalent en
général l’entrée de ces havres. Les faibles traces de végétation
que l’on découvre sur le pourtour des rives porteut 1 empreinte
de la stérilité. Enfin de quelque point que la vue
embrasse l’étendue de ces terres, elle reste frappée d u n e m onotonie
accablante ; et partout un horizon som b re , une infertilité
désolante, viennent jeter dans l’ame de l’observateur une tristesse
profonde.
L ’ile Orientale ou Conti a soixaiUe-dix-lmit milles du N. E.
au S .O . et quarante-cinq dans sa plus grande largeur. L l lc
Falkland est plus grande que la précédente, elle peut avoir
cent milles de FF. à l'O. et soixante-dix milles du N. an S.
Le détroit qui les sépare, quoique semé de beaucoup d i-
lo ts , est navigable pour les bâtiments de tout port. Le capitaine
W ed d e ll, commandant le b r ick Ja n e , cjui se trouvait
dans les iles Malouines à l ’époque du naufrage de l Urame,
et aucjuel M. de Freycinet donna en présent la clialoupe pontée
de cette co rv e tte, possédait une carte du canal et du groupe
occidental levée jiar cm lieutenant delà marine ang laise , nommé
Edgar, à laquelle sa projire expérience lui faisait ajouter la plus
grande confiance. Nous n’avons point eu l’occasion d’examiner
cette ca rte, mais nous croyons devoir la signaler ici par
l ’utilité dont elle pourrait être aux marins français que leurs
spéculations commerciales jiorteraient à visiter ces jiarages. n
S’il faut en croire les capitaines baleiniers qui ont hiverné
plusieurs fois aux Malouines, le climat de ces îles a éprouvé un
changement favorable. Selon eu x, il serait beaucoup plus tem-
jiéré cju’il ne l ’était lors des premiers établissements. Ils avouent
avoir trouvé les hivers doux et n’avoir vu que très-rarement la
température aussi basse que le point de congélation. Néanmoins
le v ent du Sud est très-froid et tempétueux; mais il ne se lait
jias sentir fréquemment. Les vents qui dominent sont entre le
S. O. et le N. O . , et comme ils soufflent des côtes de la Patagonie,
ils sont assez tempérés et salutaires.
Le capitaine W edd e ll, qui a fait trois voyages dans les mers
australes et passé deux hivers aux Malouines, en signalant le
changement sensible qu’il croit s’étre opéré dans le climat de
ces iles, en attribue la cause aux immenses champs de glace
(jcn n’existent jilus aujourd’hui et cjue l’on trouvait autrefois
annuellement par la latitude de 5o “ ; lescjuels passant au Nord
entre les Malouines et la G é o rg ie , d eva ient, sans doute, abaisser
la température. Dans le lon g cours de ses navigations au milieu
de ces m e r s , il n’a jamais vu de glaçons portés juscjn’à la jiartie
Nord de la Géorgie méridionale, et il pense que les glaces du
pôle austral doivent avoir subi tlans leur état des modifications
considérables '.
Située à l’extrémité Est de l ’île C o n ti, la baie Française, aji-
pelée par les Espagnols baie de la Soledad, et par les Anglais Berkeley
Sound, a quinze milles d étendue dans sa jilus grande jiro-
fondeiir sur une largeur de tpiatre milles environ. La pointe N. E.
de l’entrée est terminée jiar une chaîne de récifs qui se dirige
dans l’Est vers la roche sous-marine sur laquelle la corvette
^ A voyage towards the South pole, performed in the years 1822-1824, etc., by
James Vteddcl!, ! vol. I11-8"; seconde édition. London, 1827.