ï
” 1
f
,80 V O Y A G E A U T O U R DU MONDE,
conserva la dignité de directeur suprême, sous le bon plaisir de
San M artin , q u i, satisfait du titre de héros de Maypù que lul
décerna le jieu ple , refusa ce poste important pour aller conquérir
le Pérou.
Les instructions des vice-rois Abaseal et Pezuela, données
aux g én é rau xP a re za , S an ch c z , Ga inza , Osorio et Marco, qu'ils
envoyèrent successivement daus le C h ili, avaient toutes pour
objet l’anéantissement des fortunes des riches créoles et la pros-
eription et la ruine des citoyens dont le crédit ou les opinions
pouvaient por ter ombrage à l ’autorité. Ils nous ont envoyé,
disait M. Cay etano, chanoine de la Concepcion j grand-aumô-
nier de l ’escadre chilienne : Gefes ladrones como F e r r e s , j
tropas saqueadoras como Alanos{ des chefs voleurs comme des
V erres et des troupes déprédatrices comme les Alaiiis ).
Lorscju’après la bataille de M a yp ù , les Espagnols furent
ohlioeés d’abandonner le C h ili, ils laissèrent dans la province de
la cÙ ic c p c lo n un petit nombre de soldats déterminés sous les
ordres dc Benavidez, autour diujuel vinrent se group er tousles
],illards et les mécontents. Cet homme, jo ign an t la ruse à l ’audace,
s’était fait soldat au commencement de la ré vo lu tion , de
geôlier cpi’il était d’abo rd, et avait servi quekjue temps sous les
drapeaux de l ’indépendance. 11 était passé ensuite dans les rangs
e spagn ols, et il avait été élevé jusqu’au grade de colonel par le
vice-roi Pezuela , qui le considérait comme un honorable défenseur
de la cause ro y a le , tandis que les patriotes le regardent
comme un infâme bandit dont ils racontent des actions qui
font frémir d’horreur. D ev enu , par l ’absence des chefs ro ya listes,
général de la petite armée qu’il avait formée lui-méme,
Be iùvidez ne se ju g ean t pas assez fort pour prendre l’offensive,
se re lira de l’antre côté du Bio-Bio. Là il sut capter la bienveillance
des tribus araucanicnnes ; e t , à la faveur de leurs secours,
il envahit deux fois la province de la Concepcion q u i l mit a
feu et à sang.
PARTI E HISTORIQUE , CHAP. XI. i8i
Le général O ’H ig g ins , parvenu au rang de directeur suprême,
trouva le Chili dépourvu de toute ressource pécuniaire.
D ’abord les dons volontaires des pa triotes, les confiscations des
propriétés esjiagnoles, fournirent aux dépenses les plus [ires-
santes.
Une marine destinée à repousser des côtes celle des ennemis
fut c r é é e , e t , grâce au génie de lord C o ch ra iie , quoique fa ib le ,
elle fut assez puissante pour la jioursuivre e t la combattre avec
avantage. Il est à remarquer que les commandants espagnols se
défendirent avec mollesse ou qu’ils se rendirent sans coup
férir. La réputation militaire de lord Cochrane leur en imposa.
Si leur défense eût été digne de leur ancienne g lo ire , ils auraient
vaincu ; car ils avaient la supériorité du nondire des
bâtiments et des canons.
Malgré la pénurie du tré so r , trente mille hommes furent
équipés, et dix mille soldats choisis furent confiés .à San Martin
pour opérer la délivrance du Pérou.
Le territoire fut divisé en intendances, et un canal fut creusé
pour joindre la rivière de Maypù à celle de Mapocho.
Les anciennes institutions furent relevées sous des noms différents
; et le gouvernement parut vouloir entrer dans la voie
des améliorations ; des écoles furent établies à San tia go , et un
Institut national fut créé.
Il fallait aussi délivrer la province dc la Concepcion des bandes
ennemies qui la désolaient, et ce fut au général Freire que
fut confiée cette mission importante. Le directeur suprême
O ’H iggius le nomma gouverneur militaire de cette p rovin ce ,
mais il ne mit à sa disposition qu’un cor|)s de troupes troj) faible
pour qu’il fû t à même d’obtenir un prompt succès. Il avait à
combattre le terrible Benavidez. Ce ch e f de bandes était d’autant
plus redoutable q u ’il avait une connaissance parfaite des localités
et des ressources du terrain sur lequel il g u e r ro y a it , et
^9-