loo-ent dans de misérables liu tte s , faites de branches de [)al-
nders, entrelacées de feuilles de bananiers. Armés de flèches et
de lances, la chasse est leu r principale occupation. On les a vus
détruire des familles entières. L eu r férocité est te lle , q u e , dans
les différends qui s'élèvent, ils sc font même entre eux une
guerre d’extermination.
Les créoles vo y ag en t à ch e v a l, couverts d’un p on ch o , avec
un chapeau à la rge b o rd , armés ordinairement d’un couteau
qu’ils placent dans la b otte du pied droit. Ils sont a ctifs, entreprenants
et re lig ieux ; mais dans f accomplissement de
leurs devoirs de re lig ion , on rem arqu e , à des signes extérieurs,
qu’ils sont encore sous fem p ire cf une bigoterie dégradante c[ui
ra|)etisse leur c a ra c tè re , et contribue beaucoup à leur rendre
souvent la vie malheureuse.
La côte de f ile Santa-Catharina c|ui lorme la partie orientale
de la baie présente le même aspect cjue celle du continent;
mais les habitations y sont [ilus gran des, mieux construites,
et meublées avec plus de luxe ■. on y volt des défrichements plus
multipliés, des plantations de maïs et de manioc plus considérab
le s, des rizières p lus étendues, enfin des champs mieuxcultivés.
«Les bords de f i l e , dit M. Lesson, sont assez peuplés. Les
liabltants sont encore plus affables et )>lus prévenants que ceux
de la côte ferme : leurs maisons ont une apparence plus aisée;
il y en a un plus grand nombre lîàties en granit. Nous nous reposâmes
quehjues heures dans la demeure champêtre d’un
ancien officier portugais. Nous le trouvâmes une bêche à la
main, cultivant quelques fleurs européennes; il nous reçut a
merveille. Ce philosophe p ra tiq u e, retiré du mond e , était
étranger depuis long-temps aux événements d’Eu rop e , qui ue
pénétraient point dans sa solitude. Sa campagne est la plus
gracieuse que noi)S ayons vue. C ’était la plus heureuse alliance
dans le s ite , le choix et la réunion des a rbres, des fontaines el
des accidents du te r ra in , qu’on puisse imaginer. La vue en
était sublime. On découvrait un horizon immense qui embrassait
la scène mouvante de la b aie, couverte d’innombrables
|)irogues ; et le soleil dorait au loin les cimes des montagnes
qui fuient dans fin té r ieu r de la contrée. Heureux celui qui,
ajirès avoir consumé une partie de sa vie dans un monde agité,
peut jo u ir dans sa vieillesse d’un séjour aussi jiaisihle et aussi
délicieux dans les forêts de l ’Amérique! »
«,1e ne cite ra i, dit M. de B lo s s ev ille , qu’une seule promenade
que j ’ai faite dans la partie septentrionale de f i l e , la veille du
dép ar t, et à la suite de laquelle je re grettai beaucoup de n ’avoir
pas visité plus souvent cette partie de la co lo n ie , qui me parait
la plus importante. Les maisons ne le cèdent en rien â celles de
la v ille, et findustrie. et le luxe établissent mie grande différence
entre les habitants des deux côtés de la baie. Ce qui me frapjia
le plus dans cette cou rse , cc fu t la vue d’une grande vallée oii
coulait une rivière peu profonde et fort la rg e , q u i, dans ses contours
, formait des des marécageuses au milieu d’une v égétation
active et magnifique. On v oyait dans l ’enloncement des cultures
étendues et des habitations considérables sur le flanc des collines;
des jiirogues lé g è re s , naviguant dans des directions diverses,
venaient embellir le paysage. Cette rivière parait se d iriger du
N.E. au S .O ., en suivant des détours variés; elle amasse de la
vase sur ses b ords, e t, à sou embouchure, elle a formé sur la
rive septentrionale mie longue jetée fort basse. »
L ’île San ta-Cathar ina , connue anciennement sous la dénomination
d’êfo dos Patos, ju-obablcment du nom des Indiens qui
en furent les premiers habitants, fut long-temps n égligée des
concessionnaires, et il se passa plus d’un siècle avant que Ion
songeât à y établir une colonie. Ce fut Dias V c lh o , a (|ui Jean I\-
la concéda en l ô S j , qui y fonda le premier un établissement;
mais il périt au milieu de ses travaux de colonisation, assassiné
Voyage de ia Coquille. — Part, ittsx. I 5
1822.