Févric,
1823
aiqieles à parler devant le conseil sont graves quoique rapides.
[Is n’emploient ni l ’a c tion , ni le geste; et ce n’est que dans la
variation la plus sensible du tou qu’ils affectent les formes de
l ’orateur.
Dans l ’esprit des Araucaniens, l'idée de la divinité se présente
obscurcie jiar la superstition. On les voit adorer le soleil, qu’ils
regardent comme l’auteur de la vie et de la végétation. Us ne
coimneucent jamais un repas sans lu i en taire o flraiidc, eu je tant
en l’air quelque portion de leurs aliments et de leur boisson.
Us ont aussi uue vénération particulière pour la lime. Chaque
retour du dernier quartier cle cet astre est fo b je t d’une cérémonie
religieuse. Les prêtres ont l'habitude cle sacrifier au
soleil, clans les circonstances extraordinaires, soit pour détourner
quelque grande calamité, soit pour connaitre la vérité
sur les affaires cî’un grand intérêt iiour la n ation, soit pour
empêcher les éclipses cle lune et cle soleil, cjui sont toujours pour
le peiqile mi présage assuré d’un événement funeste.
U parait (ju’ils ont une certaine idée de l ’immortalité de
l’ame et qu’ils croient à l ’existence d’un autre monde, oii ils
vont tous après leu r m o r t; car on enterre avec eux leurs chev
au x, leurs armes et quelquefois mémo leur femme favorite. Ils
ont la coutume cle déposer le cadavre clans une pirogue où ils
mettent aussi les ustensiles de la maison, un sac de farine, une
o-rande jar re de chica, dont l’embouchure est hermétiquement
fermée, pour cju’elle se conserve long-temps, parce que dans
leur croyance superstitieuse, le mort doit se rendre par eau au
soleil. Aussi l'Araucanien a-t-il soin pendant sa vie cle préparer
avec une attention toute particulière la pirogue destinée a
opérer ce lon g v o y a g e , ainsi que la farine et la chica qui doivent
former l’approvisionnement cle cette navigation singulière. En
général il faut c|ue la pirogue ait été construite par lo d c iu u t ,
cjui de son v iv an t, l’emploie dans sa hutte en guise dc collrc.
Ils calculent les distances par jour. Ils en ont une idée assez,
exacte par le chemin que jiarconrt un Indien au galop du
cheval dejmis le lever juscju’au couciicr du soleil. Pour compter
le lemjis ils marcjnent les révolutions limaires. Leu r système
de numération est d éc ima l, mais jieu étendu et fatigant.
avoir comjité ju sq u ’à d ix, ils continuent en composant de nouvelles
dizaines (ju’ils indiquent par une maïajue faite à un bâton
jusqu’à ce (ju’ils aient formé ainsi une centaine q u ’ils signalent par
une indication particulière; ils recommencent alors et comptent
ainsi jus(ju’à dix centaines ou un m ille , désigné par une marcjue
dlfiêrente. Us ont rarement l ’occasion de dépasser ce dernier
nombre, et leur numération est bornée à dix mille. Peut-être ne
sont-ils pas incapables de former un nombre jilus étendu, mais
du moins est-il vrai que dans leur langue ils n’ont d’autre mot
pour l ’exprimer c|ue celui de beaucoup.
Ils sont plutôt nomades qu’agriculteurs. Ils jiossèdcnt de
nombreux troupeaux sur lesquels ils fondent principalement
leur subsistance. Ces troupeaux sont soignés par leurs femmes
et leurs esclaves, qui commises à leur garde veillent alternativement
jo u r et nuit montées à cheval. Malheur à la malheureuse
qui a laissé égai’cr quelque héte, elle est aussitôt dépouillée
et b altu e d’une manière atroce.
Leurs habitations dites toldos sont des espèces de huttes
construites avec des branches d’arbres et recouvertes de paille
ou dc peaux. De chaque côté est un lit formé de peaux de
mouton, ©ù dorment séjiarément les Indiens et leurs femmes:
au centre est jilacé le feu. L ’A rau can ien, dans son lo ld o , est
très-hospitalier; il ne manque jamais d’offrir à manger ;( l ’étrang
er (jui le visite, et il a soin de servir a jiart du mouton et
du boe u f qu’il sait être du goût des Chiliens et des Es|)agnols;
car lui-même donne la préférence à la viande de cheval. Assis
sur sou li t , il a devant lui un jila l de terre dans lequel ou lui
É