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V O Y A G E A U T O U R DU MONDE .
oc,ob,'c d’uüc multitude de fous qui voltigeaient au milieu de la b aie,
on l’on n’entendait que le b ru it des vagues qui allaient se b r iser
sur le r iv a g e , en déferlant sur les rochers granitiques (¡ui
le constituent : on ei’itd it que ces oiseaux étaient les seuls habitants
de cette terre fertile.
A cinq heures et demie du soir, nous laissâmes tomber l ’ancre
â un demi-mille au Sud de f i l e A iih a tom ir im , par cinq brasses
fond de vase molle. Nous fûmes aussitôt accostés jiar une piro
g u e , montée par un officier portugais, q u i, après nous avoir
l’ait les questions d’u sag e, refusa de monter ;i bord, et s’éloigna
avec une telle précipitation, qu’il nous laissa dans une incertitude
singulière sur le m i t i f de sa fuite. 11 ne reparut jioint de
toute la soirée, et nous passâmes ainsi la nuit à attendre impatiemment
le jo u r pour avoir l ’explication de la conduite de cet
officier, qui nous parut mér iter d’autant plus notre attention,
que le fort de San ta-C ruz, liât! sur l ’ile Anh a tom ir im , et sous
le canon duquel se trouvait la co rv e tte, n’avait point déployé
son pa villon , comme cela se pratique ordinairement.
Aussi, le len demain , nous envoyâmes de bonne heure M , Jacquinot
auprès du commandant du fort de Santa-Cruz, et nous
lu i adjoignîmes M. G ab er t, commis aux re vu e s , pour lu i servir
d’interprète. M. Jacquinot était chargé de tra iter du salut, de
demander l ’autorisation d’é tablir notre observatoire à te r re , et
de s’informer en même temps du m o tif qui avait empêché d arbore
r le pavillon p o r tu g a is , lorsque les couleurs de la France
llottaient sur la corvette à son entrée dans la baie.
Eu l ’absence du commandant de la citadelle, qui habitait la
ville de Nossa Senhora do D e s te r ro , M. Jacquinot s’adressa à
l’adjudant qui le rempla çait, et qu’il reconnut être le même
officier q u i, la veille , nous avait intrigués par son brusque départ.
Celui-ci donna pour excuse, â ce sujet, q u ’il était presse
de remettre des dépêches importantes à un brick destine jiour
l\lo-Graiide, qui effectuait sa sortie au moment ou nous m ouillions.
Mais on sut aussi qu’il ne nous avait accostés que parce
(|u’â travers la brume et l ’obscurité du soir il avait pris la co r vette
[lour un navire du commerce, et q u i l comptait toucher
de suite le droit d’ancrage qui revient au commandant du fort
de Santa-Cruz. Il accueillit nos demandes avec une politesse extrême;
il assura qu’il nous serait donné toutes les facilités possibles
pour l ’exécution de nos tra vaux, indiqua avec noniplai-
sanee l’emplacement du fort où les voyageurs qui nous avaient
précédés avaient établi leur ob se rv a to ire , et promit même de
mettre â notre disposition u n local pour renfermer les divers
instruments que nous serions obligés de laisser à terre. Quant
â l ’affaire du jia v lllon , il chercha d’abord â éluder cette question
; mais pressé de réjiondre d’une manière positive, il allégua
(|iie le fort n’était pas encore pourvu de celui qui lui était destiné.
C’est alors qu’il avoua que les changements p o litiqu e s ,
survenus depuis peu dans le p a y s , en étaient la seule cause. En
effet, le 12 o c tob re , quatre jou rs avant notre a r r iv é e, le Brésil,
secouant le jo u g de la m étropole, avait fait retentir l ’immeiisité
de ses déserts du cri de f indépendance, et s’é tait constitué en
empire sous l’égide du prince ro y a l dom Pedro d Alcaiitara, qui,
d’une acclamation un an ime , avait été reconnu empereur de
cette vaste partie de l ’Amé rique , dont il avait défendu les droits
sacrés contre les entrejirises violentes des eortès de Lisbonne.
La province de Santa-Catharina avait accueilli avec transport
f élévation de dom Ped ro , et le nouveau gouvernement y avait
été établi sans la moindre résistance. Il fut décidé toutefois, â
l'arrivée du commandant du fo r t , que le pavillon du Por tuga l
flotterait sur l ’ile Aiiliatoinirim ju sq u ’au dé|iart de la corvette.
Désirant avoir des données [lositives sur les événements
fjui nous étaient annoncés, nous nous décidâmes â envoyer
plusieurs officiers à la ville de Nossa Senhora do D e s te r ro , chef