Jiiiniov
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à la Concepcion, el 11 les gra tiiia dc deux proclamations imprimées
par lul, dans lesquelles le général annonçait aux Penquis-
los (|ue le iiioinenl était venu dc mettre un terme au despotisme
d'O'Higglns. •
Le 26 janvier, la corvette [ Independencia, de quarante-deux
canons, et la goélette la Merced, portant un seul canon à pivot,
mouillèrent dans le port de T a lcahu an o , ayant à hord trois
cent quatre-vingt-cinq soldats, y compris trente-cinq artilleurs.
Ces troupes étaient sous les ordres du colonel Beau ch e f, français
sorti de la garde im p é r ia le , connu dans le Chili autant par sa
capacité militaire que ]iar son extrême bravoure. Son arrivée
subite était le résultat de son caractère audacieux, prom|)t à concevoir
et encore plus prompt a exécuter. Engagé dans le parti
du général Ereire , le colonel Beauchef qui commandait la place
dc V a ld iv ia , à cette époque, se préparait il le joindre par terre,
lorsque LIndependencia et la Merced [larurent devant cette
v ille et vinrent mouiller sous le canon des forts. Aussitôt il
fait connaître au commandant fob lig a tion dans laciuelle il est
dc se rendre à la Concepcion, et le somme dc recevoir ses trou-
])es à bord, en le menaçant de le couler bas s’il refusait d’obéir.
Ce lui-c i, surpris d’une si brusque ré c ep tion , hésite un instant;
mais, intimidé, finit par se soum ettre , et se trouve ainsi entraîné
malgré lui daus le [lartl du général.
La corvette avait deux cents hommes d’équip age, la plupart
Chiliens. Son état-major, à l’exception des élèves et du commis
d’adiniuistration, était composé d’officiers anglais; quelques
matelots de cette nation formaient la maistrance et les gabiers.
La goélette a rmée, sur le même |)icd, en arrivant au
mouillage près de te r re , nous passa à poupe, et nous étonna autant
|iar sa marche supérieure <|ue par sa constmetion singulière.
Nous apprîmes ])lus tard de l’oflicier qui la commandait
(m’elle avait été construite dans le pays, e t , chose suqirenante,
qu’elle était l ’ouvrage d’un cordonnier; cet homme in g én ieu x ,
après a voir fait fortune dans cet é tat, l ’abandonna tout-a-lait, et,
poussé par le v i f désir d’avoir un bâtiment â sa disposition, il
se mit dans la téte d’en être le constructeur ; son coup d’essai
réussit selon ses désirs ; mais le système des réquisitions ne le
laissa pas long-temps tranquille possesseur de ce navire, qui devint
la proie du gouvernement. Nous ne citons ce fait que pour
montrer que les Chiliens comptent des esi>rits inventifs à même
d’égaler un jo u r dans les arts les nations les plus Industrieuses
de l’Europe.
Les troupes du colonel Beauchef débarquèrent le lendemain et
furent passées en revue sur la place de Ta lcahuano p ar le général
Freire. Elles étaient uniformément habillées en drap bleu, l ’habit
à collet et parements de drap écarlate. Nous eûmes l’occasion de
les voir défiler, et nous devons avouer que nous ue fûmes pas
maîtres d’un certain inouveiqent d’orgueil n a tio n a l, à la vue
d’un soldat français, ch e f d’une troupe étrangère q u i , par sa
tenue, sa discijdiue et son instruction, avait une supériorité
marquée sur toute l ’infanterie indépendante que nous ayons
jamais v u e , et composait, au dire de tous les Cliiliens eux-mé-
mes présents à cette re vue , un des plus beaux régiments de l’armée
du Chili. Le cadre des officiers était formé d’A n g la is , de
Suédois et de Chiliens. Tous les sous-officiers et soldats étaient
des créoles ou naturels du p a y s , q u i, sons le rapport du physiq
u e , n’avaient rien d’imposant, malgré la moustache qui donnait
à leur figure un air martial. Mais il y avait peu de recrues,
à ce qu’on nous d i t , et la plujiart étaient des soldats a g u e r r is ,
qui avaient assisté â tous les combats livrés pour l ’indépendance.
Les troupes chiliennes ont la réputation d’étre très-prop res à
toutes les fatigues de la guerre ; elles supportent également la
fa im , la soif, les marches forcées, et elles ont l ’habitude de coucher
en plein air, le corjis étendu sur une peau de mouton.
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