Pévi-i. 1
1833.
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frirent une mine abond.inte de eliarbon de terre. Pour obtenir
ce combustible qui fournit aux besoins des habitants de la
Concepcion et des navires qui abordent sur ce point du
Ch ili, nous étions obligés d’enlever une première couche de six
ou sept pieds d’épaisseur, daus laquelle il était mélé à beaucoup
de débris terreux. Nous arrivions ainsi au lignite p u r , que
nous trouvions d’autant meilleur que la jn-ofondeur à laquelle
nous jHiisions était plus grande. La location des imdes nécessaires
au transport de cet approvisionnement, depuis la mine
jusqu’au bord de la mer oii i! était reçu par notre chaloupe,
est la seule dépense que nous ayons faite pour nous le jirocurer.
Nous fîmes notre eau avec facilité. Plusieurs aiguades commodes
se trouvent sur la côte occidentale de la baie. Elles des-
ceiidciit des ravines profondes des montagnes qui la dominent.
L ’eaii est for t bonne et facile à re cu e illir , en ce qu’elle s’écoule
de divers conduits de bois jiratiqués par les habitants, qui réclament
pour ce soin la somme modique d’uue piastre : c’est un
droit consacré jiar l’usage et à l ’aide duquel on obtient toute
autorisation pour puiser autant d’eau que la consommation du
bâtiment l ’exige.
Malgré l ’état de pénurie dans lequel nous trouv.âmes le pays,
nous parvînmes à nous procurer assez de rafraîchissements pour
les besoins journaliers de la corvette; et nous pûmes ainsi remplir
à l’égard de l ’équipage les intentions bienveillantes du ministre
de la marine, qui nous avait autorisé à lu i faire délivrer des
vivres frais tous les jours pendant les relâches. Un boe u f coiitait
alors vingt piastres. La Pérouse, trente-sept ans auparavant, en
avait acheté moyennant le tiers de cette valeur.
L ’épocpie de notre séjour à la Concepcion se trouv ait être
celle du c.arnaval, aussi la tristesse qui avait envahi la demeure
des principaux habitants de Talcahuano après le départ des
troupes ne tint pas long-temps. On continua de se réunir le
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soir dans quelques maisons, et l’on recommença bientôt à danser
au piano ainsi q u ’on en avait l ’habitude. Le manque de cavaliers
se fesait sentir par l’absence des personnes attachées â
l’armée, et la réunion des dames était toujours nombreuse. Ce
fut pour les officiers de la corvette une occasion d’étre plus
empressés à seconder par leur présence la formation des (pia-
drilles, dans lesquels les Chiliennes figuraient avec une grâce et
une gaieté ravissantes.
Vers la fin de notre re lâ ch e, nous crûmes ne jiouvoir mieux
exprimer notre reconnaissance aux habitants pour l’accueil
flatteur que nous en avions reçu qu’en d on nan t, l ’état-major et
n ou s, deux bals successifs, et plusieurs personnes de la Con-
cejicion voulurent bien se transporter ju sq u ’à Talcahuano pour
y assister. Nous dûmes à la bonté de la Señora Pepa de trou v er
jiromptemeut un local vaste et commode, car elle eut l ’extrême
obligeance de nous prêter sa maison. Nous réunîmes le jietit
nombre de joueurs d’instruments que nous jiùmes trou v er dans
le village, et â l ’aide du piano et de la gu itare , nos bals se passèrent
sinon d’une manière b r illan te , du moins à la grande satisfaction
de toutes les personnes qui y assistèrent.
Dans ces réu n ion s, nous avions toujours remarqué dans les
manières comme daus les procédés des femmes, un ton d’élégance
et de politesse qui concordait infiniment peu avec celui
du petit nombre de Chiliens jtrésents, quoique ceux-ci o ccultassent
des emplois importants daus l ’administration du
pays. Mais les derniers jou rs du carnaval elles nous ajtpa-
ru reu t sous un aspect défavorable; et cependant nous croyons
que les orgies dégoûtantes du ch aïa , dont nous avons été
témoins le jo u r du mardi gras et que nous nous disjienserons
de ra co n te r , ne doivent jtas les faire ju g e r avec trop de sévér
ité , parce qu’elles se jn’éseutent comme une excejvtion à leu r
manière d’étre générale.