sert à manger et à lioire ; le même vase est employé à ces deux
usages. Les femmes sont chargées de faire la cuisine, et elles
sont incessamment occupées à cet objet quand les Indiens
restent chez eux ; car tant que dure la jo u rn é e , le pot est sur le
l'eu et il est rempli au fur et à mesure qu’on le vide. Elles ne
font leur repas qu’après que les hommes se sont bien repus, et
avec leurs restes. Elles sont aussi obligées de saisir et de seller
les chevaux de leurs maris. Il est à remarquer que l ’In d ien , qui
dans les assemblées ¡mbliques se montre b ru y an t, est, dès qu’il
est re tiré dans son to ld o , silencieux et réservé. Il passe des
heures entières accroupi sur son lit sans mot dire, sans faire le
moindre bruit. 11 semble plongé dans une |)rofonde méditation
et s’amuse à épiler sou visage ou son corps avec des pincettes
d’argent.
L ’A raucanien, en h iv e r , est vétu d’un p on ch o , d’une couverture
de laine tournée autour du corps et d’une paire de
hottes de peau de cheval. L ’é t é , il fait rarement usage du poncho.
L ’h ahiücmcnt des femmes se comjiose dc deux pièces d’étoffe
dont l ’une leur ceint la taille et descend ju sq u ’au-dessous
du genou, et l ’autre leur couvre la partie supérieure du corps,
en passant par dessous l ’aisselle droite et venant aboutir à l’épaule
g auche, où les bouts sont assujettis et serrés par une épingle
d’argent d’environ un pied dc longueur. Leu r poitrine est ainsi
presque entièrement découverte. Leurs cheveux divisés en deux
longues tressses sont garuisde grains de verre diversement colorés
et forment une bande autour des tempes et du front., oti viennent
se rattacher les extrémités. Elles portent de larges colliers
et des bracelets, et ont pour pendants d’oreilles dc grandes
plaques d’argent. Les plus riches sont distinguées par une ceinture
très-large confectionnée avec des pièces d’a rg en t, d’or et
d’autres matières ¡irécieuses.
Les lilles nubiles sont en général vêtues avec plus de luxe
que les femmes. La richesse de leur costumfe est due à l’avarice
des pères tju i, par ce m oy en, comptent fixer sur elles l’a ttention
des riches guerriers auxquels ils espèrent les m a r ie r , o u .
pour mieux dire, les vendre; car l ’A raucanienne n ’est pas libre
de choisir elle-même son époux : elle est obligée de se donner à
celui qui met le plus grand prix à sa possession. Le p ère, toujours
guidé dans le mariage de sa fille par un sordide in té r ê t, la cède
au guerrier qui lui donne en échange une jilus grande somme
d’a rg en t, une plus grande quantité de chevaux , de bestiaux,
de ponchos et d’autres objets. Dans un jiareil con tra t, où le
coeur n’est point consulté, si la femme devient infidèle à son
m a r i, ou même si elle est simplement soupçonnée d’étre sensible
à l’amour pour un autre que pour lu i, ce sultan amérieain la
condamne à m our ir ; et tout-à-coup transformé en bourreau il
lu i arrache la vie de sa propre main. T o u t Araucanien a un pouvoir
absolu sur la vie et les actions de ses femmes, de ses enfants
et de ses esclaves. L a polygamie est permise e t chacun a le
droit d’avoir autant de concubines qu’il peut en acquérir. La
première fois qu’il contracte mariage, l ’usage v eu t qu’il donne
une fête aux parents de sa femme et à ses propres amis. II n’en
est pas de même pour les liens conjugaux subséquents, qui
sont considérés comme des 'transactions purement commerciales
'.
^ S ans v o u lo ir n o u s é te n d re au -d e là des limites q u e n o u s n ous sommes p re sc rite s
en ré d ig e a n t la re la tio n d e n o tr e v o y a g e , n o u s cé d o n s c e p e n d a n t au d é s ir de fa ire
rem a rq u e r, en p a s s a n t, le r a p p o r t q u i ex iste e n t r e les A ra u c a n ie n s e t les P a ta g o n s ,
n a tio n s belliqueuses q u i selo n to u te a p p a re n c e re s te ro n t lo n g -tem p s c n c o re ’en
possession de la p a r tie la plus re cu lé e de l’A m é riq u e m é rid io n a le . C ’est d an s
u u e le ttre p lein e de d é ta ils scientifique s n o u v e a u x e t trè s -c u rie u x , q u e n o tre am i ,
M. De ssa line s d’O rb ig n y , v ien t d’a d re s se r dc Buénos-A yres à sa f am ille , sous la d a te
d u 18 n o v em b re 1 8 2 9 , q u e n o u s tro u v o n s ce q u i su it lo u c h a n t les p e u p le s , si mal
d é c rits ju s q u ’à ce j o u r , q u i v iv en t au m ilie u de la P a ta g o n ie .
Ce savant et zélé naturaliste, après un exposé modeste des peines et des fatigues
à