Scplctnbre
1822.
,,5 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
ii-dire dans toute la la rg eu r de la zone des vents variables au
Nord de l ’équateur, le ciel se maintint toujours cou ve r t et pluvieu
x , et les courants nous portèrent sans interruption vers
l’Est. Mais dès que les vents généraux du S.E. s’établirent, la
face du ciel changea : les nuages dont il était charg é disparurent
; e t, sans être trop arrêtés par les ca lm e s , nous atteignîmes
en |ieu de temps féq u a teu r , que nous coupâmes, le ib ,, pa r i 5
lo de longitude Ouest. Nous avions sondé, les jours précédents,
sur la position assignée à la V ig ie fran çaise, et aux brisans vus
eu 1730; mais nous n’eûmes pas le fond à cent trente et cent
cinquante brasses de profondeur. C ’est avec aussi peu de succè
s , qu’à l ’époque de notre re tou r en F ran c e , en iS îS , nous
cherchâmes de nouveau à reconnaître ces éciieils; il en fut de
même d e là petite lie de sab le , placée sous l ’équateur, que nous
ne trouvâmes point entre 21 et 22“ de longitude occidentale,
position qui lu i est assignée dans les cartes françaises.
I.e même jou r, nous eûmes l’occasion de nous assurer par une
expérience faite avec so in , que les masses de fer contenues
dans la corvette n’influaient pas d’une manière sensible sur
l ’aiguille a imantée, placée au milieu du gaillard d’a r r iè re , oû
nous observions journe llemen t q u e lq u e s -u n s des principaux
phénomènes du magnétisme terrestre. Nous étions alors par
n” i 4’ de latitude S u d , et le soleil était aussi pa r o” i 4’ de
déclinaison australe; dans ces positions particulières du soleil
et de la co rv e tte, le mouvement de l ’astre en hauteur étant
vertical pour n o u s , son amplitude ne devait pas varier pendant
quinze ou ving t minutes de temps nécessaire à notre expérience.
Pouvant donc considérer le soleil comme un point de mire
inva riab le, nous l’avons relevé au moment de son lever avec
une excellente boussole cle L en o ir ; et la plus grande différence
que nous ayons eue, après avoir dirigé successivement le cap
de la corvette sur tons les points de l’h o r iz o n , n’a été que
de o” 35’ entre les relèvements p r is , lé cap étant â l’Ü .N .O . et
à l ’E.S.E.
Cette expérience faite près de féq u a teu r , et dans une circonstance
d’autant plus fa vo ra b le , que la mer était parfaitement
ca lme, a été renouvelée pa r divers degrés de la titud e , notamment
au Brésil et aux iles Malouines, oû nous avons trou v é, â
peu de chose p r è s , le même résultat.
Une brise fraîche et constante, un temps magnifique, une
mer un ie , l’éclat du soleil tempéré par quelques nuages épars,
accompagnèrent notre entrée dans fhémisphère austral. I.’équi-
page s’empressa de la célébrer par la cérémonie d’usage. Cha cun
prit part à ce burlesque divertissement, (jui éveilla la gaieté;
et les matelots, pour lesquels l’officier de serv ice, M. Bérard,
avait composé une chanson analogue à la circonstance et à la
portée de leur g o û t, excités d’ailleurs par u n supplément de
r a t io n , firent de cette journée une véritable fê te , que des chants
et des danses prolongèrent bien avant dans la nuit.
Aux environs de la lign e , nous traversâmes parfois des lits
de courants, (jue suivaient des to r tu e s, des bandes nombreuses
de poissons v o la n t s , des bonites, et oû se mouvaient avec grace
des flottes de v élelle s, des pliysales, qui livraient aux vents
légers leur voile diaprée, et des milliers de zoophytes, (|ui, par
1.1 "variété de leurs couleurs brillantes, donnaient â ces parages
tranquilles l’apparence d’une plaine émaillée de fleurs. La
présence de tous ces mollusques anime ces vastes solitudes
de rO c é a n , oû le voyageur, lo in de n’y rencontrer qu’ennui
et dégoût, y trou v e, au con tra ire , des sujets fréquents de
distractions, ou plutôt de méditations, source de jouissances
nouvelles, inconnues â l’homme sédentaire. Aju'ès avoir admiré,
â Véclat des rayons du soleil, les formes élégantes et variées
de ces curieux animaux; après avoir contemplé avec ravissement
les illusions bizarres que projette cet astre autour de
Voyage de la Coquille. — Part. hist. | O
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