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ne négligèrent rien dans, ces circonstances [lOtir se pousser au
|)ouvoir et en éloigner leurs adversaires, qui tâchèrent vainement
de s’y maintenir. Dès ce moment leurs actes devinrent si
ho,stiles à l ’autorité royale qu’il fut impossible au vice-roi de
Lima de rester plus long-temps aveugle sur leurs projets d’indépendance
, et malheureusement pour l ’Espagne il s’occupa trop
tard de les combattre.
Cependant, à peine le Chili fut-il entré dans la carrière de la
liberté que les ambitions surgirent pour ie divise]'. Deux partis
se, l’orinèrent : ceux des Carrera et de la R e jn a se disputèrent
avec acharnement l ’administration des affaires. Les Carrera
l'emportèrent d’abord, mais ils se conduisirent avec si peu de
modération que la faction Penquisto souleva les esprits contre
eux. C ’était au moment o ù les royalistes s’étalent mis en marche
contre les troupes indépendantes. En cet instant critique les
divisions cessèrent, et les chefs insurgés sentirent la nécessité de
se réunir pour combattre l’ennemi commun. O ’H ig g in s , que le
parti de la Reyna avait opposé à C a r r e r a , et que celui-ci venait
de vaincre dans les plaines de Maypo, prit le commandement
des troupes e t alla à la rencontre des Espagnols ; mais faiblement
secondé par C a r r e r a , il fu t battu par l ’armée roya liste , qui devint
aussitôt maîtresse du Chili.
Le général O sorio, qui commandait cette a rmée, avait reçu
du vice-roi Pezuela des instructions pour ne laisser dans le Chili
aucune [lersomie influente capable de favoriser le parti des indépendants.
Sans doute, s’il eût eu le temps de remplir complètement
cet ob jet, il serait faclleincnt parvenu à extirper les g e r mes
révolutionnaires, et à ra llier à la cause royale le peuple
ch ilien , q u i, aimant la guerre par caractère, mais insoucieux
des intérêts qu’il s e r t, est toujours prêt à suivre la ban-
inère du plus fo r t, ou du premier ch e f capable de le conduire
à la conquête de la gloire et du butin, yâvec la comiais-
P A R T I E HI S T O R IQ U E , CHAP. XI. 177
sauce qu’il avait des ressources du sol ch ilien, qui produit avec
abondance des grains de toute espèce, et les principaux articles
projires à la fabrication des objets indispensables à l ’entretien
du matériel d’une armée ou d’une e scadre , il aurait trouvé
dans ce pays les éléments nécessaires pour nourrir avec avantage
la g u e r re , même contre les autres parties dc l’Amérique
du Sud qui avaient secoué le jo u g de la métropole.
L ’essai que les Chiliens venaient de faire dc la liberté avait
été assez mélé de malheurs jiour t|u’ils fussent portés à aimer
la tranquillité. Après la défaite de I lan c a g u a , ils virent avec
autant de satisfaction le rétablissement de l ’autorité royale qu’ils
avaient applaudi aux premiers actes de la révolution. Désabusés
des théories libérales des pa triotes, qui avaient commis de
grands abus, ils rega rdèrent la victoire du général Osoi'io
comme uu bienfait, puisqu’elle les délivrait de leur tyrannie.
Si l ’administration de ce général, qui dura deux ans, avait
pu être modérée ; s i , loiu de poursuivre avec une barbarie sans
exemple tous ceux qui s’étalent montrés les ennemis du gou vernement
e sp a gn o l, par la seule raison q u ’ils u ’y jouissaient
d’aueuiie influence, il s’était attaché à les ramener par la clémence
et même par de légères faveurs; s’il avait cherché à
calmer les e sp r its , et à profiter de l ’échec que venait de recevoir
leur enthousiasme p a tr io tiq u e , au lieu de les ir r iter par
des mesures de rigueur, il est probable qu’il aurait conservé au
roi d’E spagne cette possession importante, e t , par su ite , la vice-
royauté du Pérou. Mais il ne sut ag ir que comme les conquérants
espagnols ; c ’est-à-dire qu’il ne montra d’autre iiiteution
(|ue celle d’exterminer tous ceux qui avaient tenté de secouer
le jo u g de la métropole.
Les principaux actes de barbarie que l’on a rep ro ché s, dans
ces temps de malheur, au gouvernement esp a gn o l, ce sont l’incendie
de l ’hôpital des blessés de l ’armée indépendante , les
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