VOYAGE A UTOU R DU M ON D E ,
précieux de ces brillantes expéditions. Constante et désintéressée
, elle a jioursuivi ses recherches scientiiic|ues malgré les
désastres t|ui ont assailli ses plus célèbres navigateurs : 1 infortuné
La Pérouse n ’a plus revu la patrie qui pleure encore sa
pe rte ; Dentreca stcaux, après des fatigues inouies, a succombé
à la fin de sa course ; B a u d in , qui v it presque tous ses compagnons
moissonnés par les m a lad ie s , a éprouvé le même
so r t; et tout ré cemm en t, M. de F re yc in e t n ’a-t-il pas été exposé
à p é rir sur les rochers des iles M alou in e s, ou uii mauvais
destin avait je té le bâtiment qu’il commandait?
T an t de souvenirs douloureux n’ont pu ra lentir le zèle de la
F ran ce , et c’est pou r étendre encore ses bienfaits et ses recherches
dans les parties du g lo b e , dont la connaissance
intéresse toutes les na tion s, qu’elle a ajiplaudi au départ de
l ’expédition dont nous allons écrire les laits.
Entouré des matériaux de nos co lla b o ra teu r s , que nous
mettrons souvent â con tr ib u tion , nous raconterons ces faits
tels qu’ils se sont présentés, avec toutes les sensations q iiils
nous ont fait éprouver; et s’il nous échappe quelque erreur, elle
viendra de nos y eu x , de notre im agina tion, et jamais de notre
propre volonté. Puisse notre n a r ra tio n , aussi simple que la vérité
, con quér ir le seul suffrage c[ue nous amb ition n ons, celui
de nos compagnons de v o y a g e , et des personnes q u i, dans le
mond e , n’aiment et ne recherchent que le vrai!
La surface des mers a été [larcourue dans tant de directions
diverses, qu’il n’est plus permis de compter sur la rencontre
imprévue d une terre de quelque importance ; nos prédécesseurs
ne nous ont lé g u é , pour ainsi d ir e , que des fragments
d’archipels à explorer, ou des glaces polaires a fran ch ir ; mai.s
s’ils ont eu la gloire de compléter ainsi la reconnaissance du
g lo b e , ils n’en ont que plus agrandi le théâ tre de nos méditations.
Ce qu’ils nous ont laissé de rectifications a faire est immense;
et d’ailleurs la nature ue leur a ]ias dévoilé tous ses
mystères; elle est si féconde et ses phénomènes sont si comp
liq u é s , que quelque multipliés que soient les voyages consacrés
à son é tude, les savants en obtiendront toujours de nouvelles
observations et de précieuses découvertes.
Ces considérations nous ont déterminé, conjointement avec
notre co llèg u e , M. d’U r v ille , à p résen te r, vers la fin de l’année
1821, le projet d’un voyage de c ircumnavigation fondé sur les
principes dont nous avons parlé plus h a u t , et dans le q u e l,
aidés de collaborateurs zélés et in stru its, l ’étude des trois
règnes de la nature, le magnétisme, la m étéo ro lo g ie , et quelques
observations relatives â la détermination de la figure de
la te r r e , devaient être le but essentiel de nos investigations.
Quant à la g é o g r ap h ie , nous nous proposions de constater
ou de re c tifie r , soit pa r des observations d irectes, soit par le
transport du temps, la position d’un grand nombre de points
dans différentes parties du glob e , notamment dans les nombreux
archipels du G ran d-O céan , si féconds eu naufrages et
si remarquables par la nature et la forme des îles basses, des
bancs et des récifs qui les coiiqiosent ; de tracer de nouvelles
routes dans l’archipel Dangereux et dans les iles de la Soc ié té ,
à côté des routes de Q u iro s , de W a llis , de Bougainville et de
Cook ; de lie r nos travaux h ydrograph iqu e s à ceux des voyages
de Dentrecastcaux et de M. de F re y c in e t dans la Polynésie , à la
Nouvelle-Hollande et dans les iles Moluques ; et de visiter particulièrement
ces îles C a ro lin e s , découvertes pa r Magellan , sur
le squ e lle s, à l’exception de la [lartie orientale examinée de nos
jou i s par le capitaine K o t z e b u e , nous n’avions c|ue des descriptions
bien v a g u e s , transmises p a r le s missionnaires, d’après
le récit de quelques sauvages égarés dans leurs pirogues et
jetés par les vents sur les iles Marianes.
Le la n g a g e , le c a ra c tè r e , les moeurs et la physionomie des
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