Les pilotes jiortugais qui les ont reconnues les premiers n ayant
pas, comme aujourd’hui, les moyens d en fixer la longitude d une
manière exa c te , et a yant aperçu la Tr inidad sous des aspects
différents, en raison du point d’où ils la re lev aient, ont donné
lieu à cette distinction erronée. L ’identité devient p a lp a b le , si
l ’on jette u n coup d’oeil sur la carte d O rte liu s, publiée en i 6 o 3,
et sur celle de Gérard Mercator de 1606, où les deux ile s , placées
sur le même p a ra llè le , sont accompagnées, vers l ’Est, de
trois ilô t s , qui figurent clairement les M artin-Va z, que l ’on
trouve en effet à 9 lieues environ dans l’Est de la Trinidad.
Alexo da M o tta , qui jiarcourait fO c é an Atlantique pour se
rendre aux I n d e s ,d è s l ’an 16 12 , et qui rédigea le routier de ces
mers en iGSg, tout en reconnaissant fex isten ce de fA s c en s âo ,
qu’il avoue n’avoir jamais vu e , dit que les pilotes de son temps
trouvaient toujours que la distance entre l’Ascensâo et les îles
de Tr is tan da Cunha était beaucoup plus courte qu’on ne l’m-
diquait sur les c a r te s , que la même différence était observée
par ceux qui traversaient la partie de mer, comprise entre la
même de et le cap de Bonne-Espérance ; en fallait-il davantage
pour prouver que l ’Ascensào se confondait avec la T r in id a d ,
(|ue fo n prenait pour e lle , et d’où fo n partait sans s'en
douter ?
Un voile ténébreux couvre l’h istoire de la découverte de ces
iles, cjui sont marquées sur les anciennes c a r te s , même sur celle
de T h e v e t, jiubliée en iS y S , sous les noms divers de Martin-
V a z , d’Ascensâo, de T r in id a d , de Santa-Maria d’Agosta. Nous
ignorons comjdètement â cjnelle éjiotjue et par tjui ces noms
leu r ont été imposés; mais nous avons lieu de croire que ceux
de Martin-Vaz et d’Ascensâo sont les plus anciens. Alexo da
Motta est le premier qui ait a ttribué celui dAscen sao a
Joào da Nova ; mais il n’est pas d’a ccord en cela avec les historiens
d e là conquête des Indes, (jui donnent a 1 de vue par
Joào da Nova, en i 5o i , le nom de Conceiçào. Cette conlùsion
de noms, et le peu de confiance cjue méritent les positions géographiques
déterminées par les jiremiers navigateurs, étaient
déjà de fortes jirésomptions contre l’existence de fAs censâo ,
q u ’ont vainement cherchée Olivier van Noord en iS g g , et
Edmond Halley en 1698. Si l’on y ajoute les tentatives infructueuses,
mais d’une certitude jilus digne de confiance, renouvelées
par d’Après de Maimevillette Am 178 1 , jiar La Pérouse
en 1 7 8 5 ,p a rM . fam ira l de Krusenstern en 1801, lesquels, ajirès
a voir jiris connaissance de la T r in idad, ont suivi le parallèle de
cette île ju sq u ’à cent quatre vingts lieues de distance vers l ’Ouesl
•sans rien apercevoir, qu o iqu ’ils missent en panne toutes les
nuits, dans la crainte de manquer cette te r re , il ne restera pas
le moindre doute que l'Ascensào n’a jamais été autre chose
(jue la Trinidad. Le savant rédacteur du voyage de l ’infortuné
La Pérouse est loin de partager cette opinion; mais quelque
respectable que soit la sienne, elle ne doit pas prévaloir sur
celle des Portugais eux-mêmes, cjui, en 1784, envoyèrent du
Brésil un bâtiment à la recherche exjiressc de l ’Ascensào, cl
cjui, ajirès le retour de cette exjiédition, toutes les position.s
assignées précédemment à cette lie chimérique ayant été parcourues
sans la trouver, la rayèrent en définitive des cartes,
Jiour ne point éterniser une erreur.
Le célèbre Halley, clans sou second voyage lait eu 1700, ne
dédaigna pas de jirendre jiossession cle l'ile de la Tr inidad au
nom de la Grande-Bretagne; et les An glais, cjue l’on rencontre
partout où il y a un coin de terre il exploiter, fu ren t, en effet,
les premiers qui cherchèrent à s’y fixer; mais ils ne tardèrent jias
a céder ce roch er stérile, d’aucune utilité pour leur commerce,
aux Portugais, qui le réclamèrent. Ces derniers s’é tablirent su rla
pointe S. E ., où L a Pérouse les trouva lors de sou passage en 1785.
Il existe encore des restes de leur établissement d étruit, cpiils
Voyage de la Coquille. — Part. hist.