les zoophytes conservés dans la liqueur , un grand nombre
d'Iiololiiries sc font remarquer ]>ar leur grandeur et la belle
conservation de leurs couleurs. Il y a aussi plusieurs oursins
et plusieurs a.stéries, et un isis hipuris, encore enduit de sa
croûte à p o ly p e s , qui prouve à quel point ce corail est voisin
des gorgones.
Comme nous l'avons déjà dit, c’est principalement à M. d’Urville
que l’on devra la riche collection d’insectes qui fait partie
des résultats de cette ex[)édition. Cet habile marin s’était
ch a rg é , en quekpie sorte, de ce travail [>ar surérog ation, et ne
s’y livrait que dans les moments de loisir que lui laissaient ses
fonctions principales. Aussi le [¡réscnt qu’il a fait de ses insectes
au Muséum peut-il être regardé comme un acte de pure
o'énérosité. D é jà , lors de sa revue de la mer Noire avec le ca-
jiitaine G a u tt ie r , il avait soigné les intérêts du Muséum ; mais,
dans ce voyage-ci, il s’est vu à même de lu i prouv er encore
mieux son zèle et son désintéressement. Les insectes q u ’il a
déjiosés montent ii près de douze cents, formant environ onze
cents espèces, savoir : trois cent soixante-un coléoptères, quatre
cent vingt-huit lépido|5tèrcs, et le reste pris dans les autres ordres.
M .'L a tre ille estime cpie, sur ce n omb re , quatre cent cinquante
espèces au moins manquaient au Muséum d’iiistoire
n a tu re lle , et (|ue trois cents environ ne sont point encore décrites
dans des ouvrages publiés. Elles viennent du C h ili , de
L im a , et de Payta dans le Pérou , et plus spécialement du Port-
Prasliiidans la Nouvelle-Irlande, d’Offak à la terre des Papous,
de Dorery à la Nouvelle-Guinée, de Bourou dans les Moluch
e s , de Ta ïti et des Malouines. Quoique le Muséum possédât
(hqa un très-grand nombre de ces animaux de la Nouvelle-
Hollande et (lu B r é s il, il ne laisse pas d’en a cq u é r ir , par ce
voyage, plusieurs espèces dont il était dépourvu, et C|ui habitent
exclusivement ces contrées.
M. Lesson avait aussi formé une collection d’insectes, dans
laquelle M. d’U rv ille a clioisi tous ceux qui avaient échappé â
ses investigations. C’est encore au zèle U de M. Le sson , secondé
p a rM . G a rn o t, que le Muséum sera redevable d’uue soixantaine
de crustacés [iropres aux mers qu’ils ont [¡arcourues, et dout
quel([ues-uns sont nouveaux.
Une louange particulière que nous devons aux olïiciers dont
nous venons d’exposer les t ra v a u x , c’est ([u’eu véritables natura
liste s, ils ont tou t r e cu e illi, juscpi’aux plus petites espèces,
iusf[u’à celles c[u’ils auraient jju soupçonner d’être commune.s
même sur nos cô te s ; ils n ’ont point imité tan t de voyageurs
c[ui, a yant la prétention de faire un choix et de n ’api>orter que
ce qui leur paraît remarc[tiable, n égligent précisément ce cjui
aurait été intéressant. Nous le rép é to n s , parce qu’on ne saurait
trop le redire aux voyageurs : le plus savant n a tu ra lis te , quand
il vo it une espèce iso lé e , est hors d’état de dire si elle n’est ¡¡as
n o u v e lle ; ce n’est qu’en ayant sous les yeux la série des espèces
v o is in e s , cpi’il peut s’assurer de ses caractères. Ainsi ceux-là
sont dans une grande erreur q u i, en v o y a g e , s’occupent d’autre
chose que de rassembler des moyens d’é tu d e , soit par la prépara
tion , soit pa r le dessin des choses que la préparation ne jieut
p r é s e r v e r , soit enfin en écrivant toutes les circonstances fu g itives
que l’objet ne porte ]ias avec lui, et qui perdent leur temps
â faire des descri[)tions ou des recherches de nomencla ture ,
qu’il faudra toujours recommencer c|uand on sera a rrivé à son
cabinet. C ’est d’après ces vues que les voyageu rs des dernières
expéditions ont dirigé et ménagé leu r activité. Aussi ne leur
reste-t-il, pour avoir r em p li, autant q u ’il était en e u x , les voeux
des n a tu ra lis te s , que d’ob tenir du gouvernement du Ro i les
moyens de [¡ublier leurs découvertes avec promptitude , et
d’une manière digne de la nation [¡our l'honneur de laquelle
ils (¡nt travaillé.
Voyage de ¡a Coquille. — Part. hist. 6