V O Y A G E A U T O U R D U M O N D E ,
l'océan un monde no u v e au , dont il montra la route à rmiivers
é ton né, et que Vasco de Gama , bravant les dangers du cap des
Tourmentes, grossis par la superstition, eut conduit les Portugais
dans ces Indes aussi fameuses par la n ature de leurs produc-
lioiis, que [lar les conquérants qui les ont dévastées; on vit
alors la passion des découvertes dominer tellement les nations
de l'E u ro p e , que de toutes parts s’exécutèrent des voyages
[lérilleux conduits par des navigateurs in trép id e s , et que des
aventuriers même apparurent sur des nav ires, sillonnant sans
crainte des mers in lréq u enté e s , poussés uniquement par 1 espérance
de fonder leur for tune sur quelques terres inconnues.
A ces époques re cu lé e s , les expéditions ordonnées par les
gouvernements eux-mêmes n’avaient pour ob jet que la conquête
d’un pays fertile , la re clierclie de quelques mines facifos
à exploiter, ou un commerce lu c ra tif avec les naturels. Le
noble cortège des sciences n ’accompagnait que bien rarement
ces sortes d’entreprises a u s s i l a reconnaissance des terres é ta it ,
sinon toiit-à-fait n é g lig é e , du moins exécutée d’une mamere
impar faite, et l’h istoire ainsi que la géographie n ’avançaient
également qu’en suivant une marche lente et défectueuse.
'’ M a is à la satiété des richesses devait succéder u n jo u r l’amour
de la vraie gloire. S i, pendant plusieurs s iè c le s ,le s navigateurs
n’ont franchi avec audace des promontoires qui semblaient
devoir être à jamais les limites du monde, et s’ils n’on t pénétre
dans les régions lointaines que pour semer la discorde, puiser
des tré so r s , et cueillir des lauriers troj) souvent en san g lan te s,
aujourd’hui un sentiment plus honorab le les dirige sur la
surface du g lob e ; la con fiance, la modération et les lumières
pénètrent avec eux dans toutes les contrées du monde; les
préjugés disparaissent devant la raison; et les relations sociales
semblent ne devoir plus s’étendre que pour réu n ir en une •seule
famille tous les peuples de la terre.
Ce changement dans nos moeurs, qui occuiie un si haut
ran g dans les fastes de l ’h isto ire , et q u i , pour le bonheur de
l ’esjièce h umaine, aurait dii naître au temps de la découverte
du Nouveau-Monde, ne date malheureusement que du milieu
du dix-huitième siècle. Depuis cette é[)oque, les voyages de
découvertes ue sont p lu s , comme autrefois , destinés à subjugu
e r des peuples sans expérience et sans défense ; Geo rg e III et
Louis X V I se sont illustrés par des motifs plus généreux et
plus purs. Rendre la course des nav iga teurs moins périlleuse ;
augmenter le domaine des sciences en offrant aux savants de
nouveaux sujets de méditation ; jiorter dans des contrées sauvages
les produits de nos a r t s , les bienfaits de notre civilisation,
et cette urbanité tout européenne qui a succédé a I intolérance
et à la soif immodérée des richesses, telle est la noble et
glorieuse mission que ces monarques ont imposée aux C o o k ,
aux La Pé ro u se , et tel est l’esprit éminemment pbilaiitliro-
pique qui [¡réside encore à l’exécution des voyages de découvertes
ordonnés [¡ar la sagesse de nos gouvernements.
Ces pensées sublimes, ces vues généreuses se sont répandues
dans toutes les [¡rofessions : le comme rce , qui jadis ne portail
que des regards avides sur toutes les ré g io n s , en trep ren d, de
nos jo u r s , des voyages souvent plus fructueux pour les scieiiees
que p ou r ses propres intérêts. T o u t en cliercliaut des débouchés
aux produits toujours croissants des arts et de 1 industrie
, tout en spéculant sur les ressources et les besoins des
peuples, il sait mettre à profit les connaissances acquises [¡our
en ac([uérir de n o u ve lle s, e t , par ces efforts m ultip lié s, il
eoiitribiie à re cu le r incessamment les bornes de 1 esju'it hii-
La France sera signalée par la postérité comme lu n e des
puissances qui on t le plus contribué à l ’exploration du g lo b e ,
et à faire jo u ir les sciences , les arts et la g éo g raph ie , des fruits
de la Coquille. — P a r t . a is r. 7