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l8û LÉZAr.DS CAMfXÉOA'IEXS
autant de vitesse , comme s'il opérait îe vicie avec la
plus grande rapidité. Ce mécanisme n'aurait pas lieu
de nous étonner, car nous savons que la plupart des
animaux vertébrés , pour absorber les boissons , sont
obligés de faire le vide à .l'aide des poumons, ou de
toute autre manière.
Les oreilles des Caméléoniens ne sont jamais visibles
au dehors du crâne. On n'y distingue même pas
la place réelle qui correspond a l'endroit où devrait
être placé le tympan. Cependant l'organe de l'ouïe
existe à l'intérieur. On y trouve une cavité aérienne
qui communique avec l'air atmosphérique par un
orifice qui se voit dans l'arrière-gorge. Il y a un osselet
unique à tige mince, allongée, évasée en dehors
en manière de pavillon, dont les bords deviennent
cartilagineux et se perdent dans l'épaisseur des aponévroses,
qui dépendent des muscles des parties latérales
du crâne. En général, ces Sauriens ont l'ouïe
peu développée. Il est vrai que, d'après leur manière
de vivre, la lenteur de leur progression , et, à ce qu'il
paraîtrait, à cause de la privation qu'ils éprouvent de
pouvoir produire des bruits, ces animaux n'avaient
pas un très grand besoin d'apprécier les sons, ni
même d'être avertis des légers mouvemens produits
par les animaux destinés à devenir leur proie , et que
leurs yeux suffisent pour leur faire connaître s'ils sont
à la distance où ils pourront être accessibles.
Les jeux des Caméléons ollrent des singularités
aussi remarquables que celles de leur langue, tant
par leur conformation que par la structure et leurs
mouvemens; car aucun autre animal connu n'a présenté
jusqu'ici une pareille disposition, et par suite
des facultés semblables. Ces yeux sont gros et saillans;
mou
SAUniEHS CIIÉLOrODES. J8I
aussi la cavité orLitaire destinée à les loger avec leurs
muscles est-elle très développée. Le globe qu'ils constituent
est en grande partie situé hors de cette cavité
: à la vérité, son plus grand diamètre est de dehors
en dedans. La totalité de cet oeil est couverte par une
paupière unique, qui est la continuité de la peau du
crâne; mais, comme nous l'avons déjà dit en parlant
des tégumens, on y voit presque constamment sept
rayons ou lignes convergentes vers l'ouverture centrale
correspondante à la pupille. Sous cette peau ,
adhère un muscle orbiculaire, un véritable sphincter'
qui se fixe d'autre part sur la circonférence de la sclérotique
, de sorte que la paupière est liée aux mouvemens
généraux et particuliers du globe de l'oeil, qui
est muni de six muscles, dont quatre droits et deux
obliques ou rotateurs. Cette sorte de calotte mobile
est percée d'un trou dans son centre. C'est une véritable
pupille extérieure que l'animal dilate ou resserre
à volonté, en lui donnant même une étendue variable
dans tel sens qu'il paraît le désirer; car on la voit
quelquefois devenir transversale ou verticale. Le
globe oculaire est composé ou construit à peu"près
comme dans les autres yeux des Reptiles. On a seulement
remarqué qu'il y a une paupière nyctitante et
une forte glande lacrymale. On a dit aussi que le
crystallin était plus sphérique que chez d'autres Reptiles
aériens , et beaucoup pkis petit, en proportion des
autres, humeurs et de l'aire intérieure du globe. Vrohck
a remarcpé que non-seulement les nerfs optiques
s'entrecroisaient , comme Perrault l'avait déjà observé
; mais qu'au point où s'opère la décussation
1 un des nerfs semblait perforer l'autre , et nous avons
vu que Soemmering avait fait la même observation