6 6 LÉZARDS CROCODIUEî<rS
la subdivison proposée par Spi\ dans ce sous-genre. Mais
un caractère qui mériterait davantage d'être pris en considération,
est celui qu'on peut tirer de la conformation des
pattes de derrière; attendu que de leur palmure ou de leur
non palmure , il doit nécessairement résulter des différences
dans la manière de vivre de ces Sauriens. Malgré cela,
nous n'avons pas jugé à propos de les subdiviser, au moins
quant à présent, parce que le nombre de leurs espèces est
très borné.
Pour suivre la même marche que nous avons adoptée à
l'égard des Chéloniens, nous rangerons les Caïmans d'après
les habitudes plus ou moins aquatiques que nous leur supposons
avoir. Ainsi, nous décrirons les cinq espèces que
nous reconnaissons exister aujourd'hui en commençant par
celles dont les membranes natatoires sont le plus courtes,
pour finir par celles qui les ont le plus développées.
Aucune de ces espèces n'est nouvelle. Les deux premières
ont été parfaitement décrites par Cuvier, qui d'abord avait
confondu, dans son ouvrage sur les Ossemens fossiles, les
trois autres sous le nom de Caïman à lunettes. Mais plus
tard, dans son Règne animal, il indiqua en notes que le Caïman
à kuiettes présentait plusieurs variétés qui pourraient
peut-être bien former des espèces distinctes, quoique trèsdifficiles
à caractériser. Ces variétés sont justement nos ti-ois
dernières espèces de Caïmans. Spix les a bien reconnues, mais
il n'en a si non saisi, au moins pas bien signalé les véritables
caractères. Sous ce rapport, nous espérons avoir été plus
heureux que lui, ayant été à même d'observer un grand
nombre d'individus de tous âges appartenant à ces trois
espèces.
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o u SAtJRIEJrS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. I. 67
1. CAIMAN A PAUPIÈRES OSSEUSES. Alligator Palpebrosus.
Cuvier.
Graotères. Tète longue, sub-pyramido-quadrangulaire ; front
plat, uni ; museau un peu relevé et arrondi à son extrémité , non
raboteux, mais vermiculé ; paupière supérieure osseuse. Dix-neuf
dents en haut, ringt-et-une en bas.
SywoNYMiE. Lacerta Crocodilus Blumenb. Handb. d. Naturg.
s. 245.
DESCRIPTION.
Formes. La tête du Caïman à paupières osseuses est moins déprimée
que celle d'aucun autre de ses congénères, sa hauteur
n'étant que d'un quart moindre que sa largeur. Elle est pour le
moins aussi allongée et aussi étroite à son extrémité que celle du
Crocodile vulgaire, ce qui donne à son contour horizontal la
figure d'un triangle isocèle fort allongé. D'un autre côté, comme
cette tête est quadran gui aire et relativement plus épaisse que chez
les autres Crocodiliens , elle se rapproche un peu , par l'ensemble
de sa forme, de celle de certains Sauriens, tels que les Varans,
par exemple.
La tablette ou voûte supérieure du crâne n'est point percée
derrière chaque oeil d'un trou ovale, comme cela se voit chez
tous les autres Crocodiliens. Sa surface, qui représente un rectangle
dont le plus grand diamètre est situé en travers, est inégale
quand la peau est enlevée, à cause des nombreux et petits
enfoncemens qu'on y remarque. Sans renflemens ni arêtes, mais
parcouru comme le dessus des mâchoires par de petits sillons,
les uns droits, les autres vermiculiformes, le front s'incline légèrement
en fuyant vers le museau, qui, d'abord fort aplati, se
courbe ensuite faiblement en travers pour s'arrondir et se relever
un tant soit peu à son extrémité. Les bords des mâchoires de ce
Caïnaan sont fortement festonnés ; c est-i-dire que dans toute
leur étendue ils sont alternativement fléchis en dedans et
arqués en dehors. Les dents sont au nombre de dix-iieuf de
chaque côté en haut, et de vingt-et-une également de chaque
côté en bas, ce qui élève leur nombre total à quatre-vingts. Celles
5.
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