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3 4 LÉZARDS CROCODILIENS
mettant au sang destine à parcourir ces organes, de
continuer son cours quand sa direction naturelle efet
momentanément interceptée ; d'un autre côté , la longueur
de leur queue , comprimée de droite à gauche et
surmontée de crêtes qui font l'office d'un aviron ou
d'une rame flexible mais robuste, mise en jeu par un
appareil de muscles vigoureux, sert à les pousser dans
l'eau sur laquelle cette sorte de nageoire s'appuie ; les
pattes palmées, et surtout les postérieures, servent à
aider ce mode de transport et à faire conserver l'équilibre.
Cepe^ndant ces mêmes Crocodiliens peuvent marcher
ou se traîner librement sur la terre, leurs quatre
pattes soulevant assez le corps dans sa partie antérieure
ou moyenne et la queue étant entraînée dans cette sorte
de locomotion toujours lente , alternativement oblique
et toujours difficile.
La plupart des individus évitent la grande lumière,
et la direction linéaire et verticale de leur pupille annonce
de plus qu'ils doivent mieux y voir la nuit que
le jour ; le plus souvent en effet, pendant le milieu de
la journée, on les voit sur les rivages immobiles au
milieu des roseaux ou cachés sous les plantes aquatiques
, le corps immergé, n'ayant hors de l'eau que
l'extrémité supérieure du museau où sont les narines,
ainsi que la portion de la face où les yeux sont situés ,
et lorsque l'animal se déplace , il se meut à peine , très
lentement et sans bruit. Quand l'eau est assez profonde
et qu'il craint le danger, il fait subitement la culbute,
la tête en bas et le ventre en haut. La troisième paupière
, qui vient, àia volonté de l'animal, se placer
transversalement au-devant de l'oeil, lui permet d'écarter
les deux autres paupières , et sa cornée transparente
, ainsi protégée contre l'action du fluide liquide,
o u SAURIENS ASl'IDIOTES. J5
lui laisse distinguer les objets ; il nage ainsi et se dirige
avec rapidité en tre deux eaux , et il y poursuit }es poissons
dont il fait sa principale nourriture, et dans ce
mode de transport il déploie une force prodigieuse qui
lui fait parcourir de très grands espaces en très peu de
temps; d'autrefois , gonflant ses poumons et devenant
spécifiquement plus léger que le liquide, il flotte immobile
, et, plaçant son corps allongé en travers à la
superficie du courant des fleuves , il se laisse entraîner
comme un tronc d'arbre flottant et il parcourt ainsi sans
efforts de très longs espaces.
Comme tousles animaux carnassiers nocturnes, et en
particulier comme les mammifères du genre des chats,
il se tapit et se place en embuscade pour attendre patiemment
sa proie. Dans la plus grande immobilité , il
la suit de l'oeil, épie ses mouvemens , son approche, et
il calcule si bien les distances , que la victime est happée
et souvent engloutie instantanément.
On sait, par les observations des voyageurs, que dans
quelques régions où la température s'abaisse pendant
certaines saisons , les Crocodiles s'engourdissent par
l'effet du froid, qu'ils semblent hyberner, ne faisant
pas de mouvemens et ne prenant pas de nourriture (i).
C'est ce que Bartram rapporte des espèces qu'il a observées
dans l'Amérique septentrionale ; d'un autre côté,
MM. de Humboldt et Bonpland ont trouvé ces animaux
engourdis , au quarantième degré de chaleur, dans
quelques lacs du Mexique.
Il paraîtque les Crocodiliens ne sont pas si intrépides.
(1) Ar istote, Hist, des Animaux, livre viii, chap. i5. 11 demeure
caché pendant les quatre mois les plus froids sans rien
manger. Hérodoie , livre 11, chap. 68.
J.