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LÉZARDS CROCODILIENS
chaleur est souvent à plus de trente à cinquante degrés
centésimaux ; de sorte que dans cette habitation
leurs fonctions et leurs facultés restent à peu près
constamment les mêmes.
Nous avons déjà dit que les Crocodiliens peuvent
émettre une sorte de voix, et que leurs cris ont été
entendus par beaucoup de voyageurs , plus souvent
chez les jeunes individus très irritables; mais aussi
par les mâles dans la saison des amours , surtout pendant
les nuits du printemps.
Il nous reste maintenant à parler de la manière
dont se reproduit cette race d'animaux, et les circonstances
qui servent de prélude à leur multiplication,
en même temps que par une sage prévoyance,
leur progéniture se trouve heureusement arrêtée dans
sa progression et circonscrite dans certaines limites
de température toujours dépendante des climats. Au
reste , il y a encore de grandes incertitudes à cet égard.
Peu d'observations sont consignées dans les auteurs.
Une circonstance qui , vraisemblablement, aura moins
permis d'en connaître les détails, c'est que les Crocodiles
étant doués de la faculté de voir pendant la
nuit, c'est très probablement dans cette époque de la
journée et sur les rivages, ainsi que les cris des mâles
semblent l'annoncer, que le rapprochement des sexes
s'opère, et que par conséquent cet acte a dû le plus
souvent échapper à l'observation.
Les mâles ne paraissent pas être en même nombre que
les femelles dans les parages où ils semblent se réunir,
surtout aux époques de la reproduction , qui arrive
après leur état d'engourdissement ou d'hybernation,
suivant les climats. Plusieurs voyageurs ont parlé de la
manière dont s'opère la conjonction des sexes, et ils
o u SAURIENS ASPIDIOTES.
paraissent assez d'accord ( i) sur la position qu'est obligée
de prendre la femelle pour recevoir intérieurement
l'organe du mâle. Voici d'ailleurs des observations directes
qui nous ont été transmises sur les Crocodiles
de Saint-Domingue : « L'accouplement m'a semblé se
» faire de préférence au bord de l'eau ; la femelle se
» place sur le côté, et tombe quelquefois sur le dos,
» ainsi que j'ai pu le voir une fois ; l'intromission
» dure assez long-temps, puis ils se plongent tous deux
» dans l'eau. La ponte a lieu en avril et en mai; le
» nombre des oeufs est de vingt à vingt-cinq, plus ou
» moins, pondus en plusieurs fois. La femelle les dé-
» pose dans le sable avec peu de soins et les recouvre à
» peine; j'en ai rencontré dans de la chaux que des ma-
» çons avaient laissée au bord delà rivière. Si j'ai bien
» compté , les petits sortent de l'oeuf au quarantième
» jour, lorsque la température n'a pas été trop froide.
» Ils ont en naissant cinq à six pouces ; ils éclosent
» seuls, et comme ils peuvent se passer de nourriture,
» en sortant de l 'oeuf, la femelle ne se presse pas de
» leur en apporter ; elle les conduit vers l'eau et dans
» la vase , elle leur rend en vomissant ou leur dégorge
» des alimens à demi digérés. Les mâles ne s'en occu-
» pent pas (2). »
(I) Ecstate, patriarche d'Antioche, dans ses Commentaires sur
l'Héxaméron , cliap. 22.
Pierre Marty, italien au service d'Espagne, dans son ouvrage
publié en 1601, de Navigalione Oceani, dit qu'il a été témoin de ce
rapprochement; que ses matelots ont même tué la femelle, qui
était renversée sur le dos. Au reste, voici ce passage : Resupinat
eiiini Ulani masculus et in ventrem devohit, cuni ipse, oh crurûm brevitatem,
per se miiilmè queat, etc.
Hasselqditz , Voyage dans le Levant, part. 2 , page 41.
(23 M. Kicord, correspondant du Muséum, dans les notes manuscrites
qu'il nous a rernise.s coiDme étant de souvenir.