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176 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS
de ce tube charnu , placé entre le tubercule et la base
correspondante à l'os lingual.
Après avoir analysé la description de Perrault (i)
et celles des differens auteurs qui se sont occupés de
recherches à ce sujet, nous ferons connaître nos observations
particulières. Dans le Caméléon ordinaire,
cette langue , lorsqu'elle est contenue dans la bouche,
semble former une masse de chair blanche, solide,
longue de dix lignes, large de trois , ronde , et un peu
aplatie vers son extrémité. Elle est creuse ou excavée
par le bout, étant attachée à l'os hyoïde par le moyen
d'une sorte de trompe en forme de boyau. Belon dit
avec raison qu'elle ressemble a un ver de terre. Cette
portion moyenne est crevise , ce qui i;\it que, lorsque
la langue a été lancée au dehors, le boyau qui a été
étendu retourne à son premier état et la fait rentrer
dans la gueule. Ce tuyau charnu est enfilé par un
stylet, qui est la continuité de la partie moyenne de
l'hyoïde; il est lisse, poli et long d'un pouce. Perrault
le compare à l'os lingual des oiseaux. Bellini,
dans une lettre qu'il a adressée à Vallisnieri, et que
celui-ci a insérée dans son Histoire du Caméléon , décrit
avec enthousiasme la structure de cette langue. Il
dit que c'est certainement le fait le plus étonnant que
l'homme puisse imaginer, que cet instrument merveilleux
lancé au dehors et réintroduit à l'intérieur avec
la promptitude de l'éclair (2). Panaroli, pour expli-
(1) Description anatomique de trois Caméléons , pag. 67, Mèra,
de l'acad. royale des sciences, tome 3, i'« partie, 1733, de 1666 à
1699.
(2) Pare un fulmine la sua lunghissima lingua , lanciata velocemente
alla preda ed il modo si fa tal lanciamento e si retiro dendro
le fauci e cavita della bocca.
or SAtlUE.NS CIIÉLOÎ'onES.
quer la rétraction de la langue, suppose que le stylet
ou la pointe libre de l'os lingual, qui est reçue et engaînée
dans le canal creux, vient s'insérer à la base
interne du tubercule charnu. Mais il est bien reconnu
même par Vallisnieri, que cette insertion n a pas lieu'
et que la pointe de l'hyoïde est tout-à-fait libre. Houston
(0, Duvernoy (2), Carus(3), ontdécrit cette langue
et les muscles qui la meuvent. Perrault, dans ses Essais
de physique, tome HI, en parlant des poumons des
Caméléons, croit que l'air qu'ils renferment peut servir
à l'expulsion de la langue , que ces animaux semblent
cracher ou expectorer. Vallisnieri a fait des
recherches inutiles pour trouver cette voie de communication
entre l'air du poumon ou celui que l'on
trouve dans une sorte de vessie, qui se voit entre l'os
hyoïde et la glotte, et il n'a pu l'observer. Cependant
il nous reste , à cet égard, des doutes assez fondés que
nous n'avons pu malheureusement éclaircir.
Voici le résultat des recherches que nous avons
fai tes sur la structure de cette langue : il faut se rappeler
que la forme de cet organe varie beaucoup selon
qu'il est contenu dans la bouche , ou suivant qu'il est
lancé au dehors. Dans le premier cas, on ne distingue
dans l'intervalle des branches de la mâchoire inférieure
et au devant de la glotte qu'une sorte de masse charnue
et visqueuse ; quand on la tire un peu en avant, on
y distingue, 1° une partie antérieure formant un gros
( I ) HOUSTON, Édimbourg, New Philosop. Journ. 1820, N» ,3
analyse dans le Bulletin des sciences naturelles, tome 19, pag. iiS,
(3) CARDS. Anatomie comparée, T. 2, p. 60,
HBi'TItKS, lU.
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