LEZARDS CROCODILIENS
lorsqu'ils ont les niâclioires lout-à-fait rapprochées.
Nous savons que la base des dents coniques des
Crocodiles est creusée de manière à servir de gaine au
germe de la dent prédestinée à la remplacer, et qui
doit être beaucoup plus grosse, de manière à ce que
le nombre de ces dents ne varie pas avec l'âge, comme
cela arrive à beaucoup d'autres animaux. Par cette
disposition d'une double gomphose, cette implantation
des dents offre la plus grande solidité, et en outre les
alvéoles sont toutes dirigées obliquement de devant
en arrière.
Ces dents arrondies, isolées les unes des autres,
sont inégales en grosseur et en longueur, mais d'une
manière constante, même par leur direction, dans
chacun des trois sous-genres. Elles sont toujours en
simple rang, et uniquement sur le bord des mâchoires
osseuses, qui sont recouvertes d'ailleurs d'une sorte de
gencive. Dans quelques espèces, les dents placées au
devant de la mâchoire inférieure sont tellement aiguës
et allongées, qu'elles percent le rebord de la supérieure
, et paraissent au dessus du museau quand la
gueule est fermée.
Une autre particularité de l'intérieur de la bouche des
Crocodiles, c'est que leur voûte palatine est à peu près
plate, et qu'elle n'est jamais percée par les extrémités
des fosses nasales, comme dans la plupart des autres
Reptiles des différens ordres. Ici les arrière-narines
débouchent dans le pharynx, en arrière du voile du
palais, qui est assez long pour s'appliquer sur la portion
du plancher au-devant de l'orifice de la glotte (i).
( i ) De Humboldt et Bonpland , Recueil d'observations de Zoologie
et d'Anatomie comparée, rr volume , page 9 et suivantes,
p l . IV, n" X, iig 1 à 8.
OU SAURIENS ASl'lDIOTES. '¿ 5
Enfin, nous reviendrons encore sur Ja circonstance,
tout-à-fait particulière, qui permet à la mâchoire supérieure
, ou plutôt à toute la masse supérieure de la
téte, de s'élever en bascule, et de se mouvoir ainsi
sur la mâchoire inférieure quand celle-ci repose sur
le terrain ou sur un plan fixe. Ce qui avait été reconnu
du temps d'Hérodote, quoique Perrault et Duverney
n'aient pas cru le fait possible (i).
Quoique les Crocodiles n'aient pas de langue en apparence
, la base ^ ou le plancher de leur bouche , soit
toute la partie charnue qui occupe l'intervalle compris
entre les deux branches de la mâchoire inférieure ,
en fait véritablement l'office (2) Elle admet en arrière ,
dans son épaisseur, un cartilage élargi, qui provient
du milieu de l'os hyoïde, dont les deux cornes , prolongées
en arrière, reçoivent les muscles destinés à le
mouvoir. Ce disque cartilagineux se relève en arrière
et protège ainsi la glotte à laquelle il sert, comme l'épiglotte
chez les mammifères.
Les Crocodiles sont peut-être les seuls Reptiles qui
aient un véritable pharynx, c'est-à-dire un vestibule
commun aux arrière-narines, à la bouche, au larynx
et à r oesophage. Ce qui a permis un mode particulier
de déglutition et de respiration, surtout lorsque l'animal
est plongé, et qu'il saisit sa proie sous l'eau,
ou lorsque son museau seul est émergé et sert ainsi à
la respiration.
( l ) Geoffroy Saint-Hilaire, Annales du Muséum , tome 11, p. 38.
Cette disposition des mâchoires, et la nature de leurs mouvemens,
a été le sujet de beaucoup de controverses ; cependant déjà Aristote
avait dit que les Crocodiles peuvent mouvoir l'une et l'autre mâchoires
: ù^myAim oÎTffl Toev cr'ta.yl^m.
I du présent ouvrage , pages laS et laS , derniers