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II.
LI:Z ARDS C AM RLKONIENS
O R G A N I S A T I O N DES CAMKLEONIENS.
Après avoir ainsi expose Ies caractères naturels des
Caméléoniens, par lesquels on les distingue de tous
les autres Sauriens , nous allons étudier méthodiquement
les modifications importantes que ces Reptiles
semblent avoir subies dans leur organisation plus intime,
toutefois après avoir rappelé leurs formes générales
pour indiquer ensuite les particularités que
fera connaître l'examen successif de leurs principales
fonctions.
Déjà nous avons dit que leur conformation générale
est très bizarre, puisqu'elle tient en même temps de
celle du Crapaud et du Lézard. Leur táte large, anguleuse,
surmontée de crêtes sourcilières et occipitales
plus ou moins saillantes, semble implantée sur un cou
très court et comme portée sur les épaules ; elle n'offre
pas de conduit auditif externe, ni même de tympan
apparent, et souvent elle présente en arrière un pli
latéral qui simulerait l'opercule des Poissons. Le tronc
est généralement comprimé sur les côtés, de manière
à présenter beaucoup d'étroitesse, comparativement à
sa hauteur. Les régions de la poitrine et du ventre
semblent se confondre ; car il y a des côtes dans toute
l'étendue du tronc , et comme la peau en est coriace ,
presque nue, très extensible, et peu adhérente aux
muscles, comme cela s'observe également dans les Batraciens
anoures , elle peut se gonfler, se boursoufler,
en admettant de l'air entre cuir et chair, et faire ainsi
changer subitement l'apparence de la maigreur des
flancs, qui tantôt sont flasques, plissés, et dont la peau
est assez lâche pour laisser apercevoir la saillie des apo-
OU SAURIENS CHÉLOPODES. 16 I
physes épineuses et transverses des vertèbres dorsales
, ainsi que la direction des arcs costaux, et qui
tantôt au contraire sont tendus, arrondis et comme
ballonés. L'épine du dos est saillante , en carène, cintrée
dans le sens de sa longueur, et souvent dentelée.
Une pareille saillie ou crête s'étend en dessous , depuis
la commissure des branches de la mâchoire sous le
cou, où elle forme une sorte de fanon avec le goitre ,
jusque vers la naissance des pattes postérieures, et cette
ligne médiane, souvent autrement colorée, est aussi
quelquefois dentelée. La queue se détache tout à coup
du tronc ; sans être très grosse à la base, elle devient
conique, en restant arrondie et en diminuant insensiblement.
Cependant elle acquiert souvent plus de longueur
que le tronc lui-même. Les principaux mouvemens
qu'elle exécute, dans un but bien évident
d'utilité, s'opèrent en dessous et non en dessus comme
l'ont cependant représenté beaucoup de dessinateurs.
Les articulations y sont en grand nombre, souvent
doubles de celles des vertèbres du reste de l'échiné.
Ce sont surtout les pattes qui présentent la disposition
la plus insolite ; elles sont longues, grêles et
maigres , arrondies également dans les régions du bras
et de l'avant-bras. Elles s'articulent vers la partie
moyenne inférieure du tronc, et elles ne s'en écartent
pas à angle droit, comme dans la plupart des Reptiles.
Les Caméléoniens paraissent ainsi dégingandés; c'est
ce qui donne à leur contenance dans la station et à leur
démarche une apparence mal assurée, comme s'il s'était
opéré quelque dislocation dans leurs os. La manière
dont les pattes proprement dites sont conformées
est ce qu'il y a de pl us extraordinaire. Ces pattes n'ont
de rapports réels qu'avec celles des Perroquets et de
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