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LÉZARDS CROCODILIENS
Les valves mobiles et solides , qui recouvrent et
protègent leur tympan, en s'abaissant en bascule sur
l'orifice du conduit auditif, quand l'animal est enfoncé
dans l'eau, et qui se soulèvent lorsque la tête est dans
l'atmosphère , viennent encore démontrer la faculté
dont sont doués les Crocodiles , de mettre leur organe
del'ouie en rapport avec la nature des fluides élastiques
ou liquides dont ils doivent apprécier les ébranlemens
diversement communiqués.
Il est évident que le peu de mobili té de la langue chez
ces animaux, et la faculté qu'ils possèdent de laisser
leur énorme gueule béan te pendant des heures entières,
doivent rendre l'intérieur de leur bouche peu propre à
discerner les saveurs. D'un autre côté, la forme conique
des dents, qui se croisent et qui ne sont réellement destinées
qu'à saisir et à retenir la proie, laquelle , le plus
souvent, est avalée tout entière ou par très grosses
portions, ne doit pas donner ou permettre une sensation
appréciable dans un temps aussi court et sous
la forme solide que l'aliment conserve jusque dans
l'estomac.
Ce sont principalement les narines, ou plutôt les
fosses nasales, qui, par leur étendue et surtout par
leur longueur, pourraient faire penser qu'elles seraient
devenues le siège d'une faculté olfactive très développée.
Cependant il paraît que la principale modification
de cet appareil serait le résultat clu procédé
de l'acte respiratoire, lié avec la nécessité de saisir
et de pouvoir retenir la proie sous Feiiu, de manière
à ce que l'air arrive dans le larynx ou la trachée-artère
pendant que les mâchoires restent ainsi écartées. Il
existe à la vérité une disposition particulière dans la
structure des orifices nasaux, garnis de soupapes et d'un
o u SAULLIENS ASRIDIOTES. Bg
appareil dont l'ensemble constitue des bourses charnues
, qui sont surtout très développées dans les
Gavials du sexe mâle (i). Mais à l'intérieur de ces
longs canaux, que M. Geoffroy Saint-Hilaire désigne
sous le nom de cranio-respiratoires, il y a des sortes
de rej)lis ou de cavités ethmoïdales, que notre confrère
regarde comme étant destinées à recevoir l'air
dans un état de compression ou de condensation,
analogue à l'eiTet que nous cherchons à obtenir dans
la fontaine de compression ou dans la crosse d'un
fusil à vent. Dans cette supposition, cet air atmosphérique
, ainsi condensé, serait un réservoir où le
Gavial trouverait une provision de gaz respirable ,
quand il est forcé de plonger long-temps.
Les Reptiles de cette famille des Crocodiliens font
leur principale nourriture de poissons , de petits mammifères
et d'oiseaux aquatiques, dont ils cherchent à
s'emparer par la force ou par 1 astuce, s'aidant de tous
leurs sens et de toutes leurs facultés pour subvenir à
ce besoin impérieux et seulement dans le but d'assouvir
leur faim, et non par suite de la cruauté qu'on leur
prête. Comme tous les animaux carnassiers auxquels
la proie peut manquer, ils doivent supporter de longues
privations; on sait même qu'ils peuvent, sans
danger pour la vie , jeûner pendant quatre ou cinq
mois. C'est en plongeant et en se tenant en embuscade
à l'entrée ou à la sortie des eaux, qui se rendent
ou qui proviennent des lacs et des rivières , qu'ils
attrapent les poissons , genre de proie qu'ils semblent
(I) GeoiFroy Saint-Hilaire. Mémoires du Maséum , tome xn
Îse'io^pl.V;. ' ' d'Egypte, in-folio;