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I 3 8 LÉZARDS CROGODILIENS
Telle est la physionomie de celte masse cartilagineuse que
M. Geoffroy nomme bourse nasale , et dont l'usage, suivant l'opinion
de cet illustre savant, serait de faire l'office d'un réservoir à
air pour les cas où l'animal plonge au fond des eaux (i).
La patte de devant est à peu près de moitié plus longue que la
partie du corps comprise entre les membres antérieur et postérieur
du même côté. Celle de derrière atteindrait les deux tiers de ce
même intervalle. Aux pieds antérieurs, comme aux pieds de derrière
, c'est le troisième doigt qui est le plus long. Les trois du
milieu des pattes de devant sont réunis à leur base par une très
courte membrane. Les deux autres doigts des mêmes pattes sont
libres, de même que le premier des pieds postérieurs ; mais le
second, le troisième et le quatrième de ceux-ci sont réunis par
une membrane épaisse dont le bord libre, entre chacun d'eux,
est échancré en demi-cercle.
Les ongles sont faiblement arqués.
La nuque supporte deux forts écussons surmontés d'une carène
plus comprimée derrière que devant. Leur forme est ovale , et
leur hauteur presque égale à leur largeur. Cette proportion est
aussi celle de l'espace qu'ils laissent entre eux. H arrive quelquefois
qu'il existe im petit écusson de chaque côté de ces deux-là.
C'est le cas , en particulier, de l'un de nos plus grands individus,
celui qu'a décrit Lacépède, et que Faujas de Saint-Fonds a
fait représenter dans son Histoire de la montagne de Saint-Pierre
de Maëstreicht.
Au nombre de quatre paires, les écussons collaires ou cervicaux
forment une bande longitudinale qui s'étend depuis le
second tiers de la longueur du cou, jusqu'au bouclier dorsal.
Les deux premiers sont triangulaires, les six autres quadrilatéraux.
Tous les huit portent chacun une carène longitudinale sur
leur ligne médiane. On voit une grosse écaille cai'énée à droite
et à gauche de la dernière paire.
Le dessus du corps est coupé en travers par dix-huit bandes de
plaques osseuses à carènes égales, qui par conséquent forment
quatre séries longitudinales tout le long du dos. Les plaques des
deux séries latérales sont carrées, et un peu moins grandes (jue
celles des médianes, qui offrent bien aussi quatre pans, mais
(i) Voyez Geoffroy Saint-Hilaire, Mémoires du Muséum,
tom. 12, p. 97, pl. 3.
OU SAURIEiSS ASPIDIOTES. G. GAVIAL. I. 13 9
dont le diamètre longitudinal est moindre que le transversal.
Une rangée longitudinale d'autres écussons carénés borde cette
cuirasse dorsale, à droite et à gauche, dans une partie de sa
longueur.
Les flancs, les côtés du cou, et une partie du dessus de celuici
, sont revêtus d'écaillés ovales, plates et unies, ayant une grandem
moyenne.
La queue est entourée de trente-quatre à quarante cercles écailleux
, car le nombre de ces cercles varie suivant les individus. La
crête dentelée qui la surmonte ne commence à devenir bien sensible
que vers le sixième ou le septième cercle. Sa portion double
se termine au dix-huitième ou au dix-neuvième. C'est vers la
moitié de la queue que cette crête a le plus de hauteur, elle est
d'ailleurs mince et flexible. Les écailles qui garnissent le dessous
du corps sont quadrilatérales , oblongues , et parfaitement lisses.
On en compte à peu près soixante rangées transversales, depuis
le menton jusqu'à l'orifice anal. Ainsi que celles des flancs, elles
sont toutes percées d'un petit pore sur le milieu de leur bord postérieur.
En dessus, les membres sont garnis d'écaillés rhomboïdales.
Les antérieurs, sur leur tranchant externe ; les postérieurs, depuis
le jarret jusqu'au petit doigt, en offrent une rangée formant
une crête dentelée en scie. Les membranes natatoires ont
leur surface couverte de petites écailles granuleuses.
COLORATION. Le fond de la couleur des parties supérieures du
Gavial est d'un vert-d'eau foncé, sur lequel se trouvent répandues
de nombreuses taches oblongues , inégulières et brunes, qui
rendent ces parties comme jaspées. Chez les jeunes sujets, le dos
et les membres offrent des bandes noires en travers. La régioji inférieure
du corps est colorée en jaune très pâle ou même blanchâtre.
Les mâchoires sont piquetées de brun ; les ongles offrent
une couleur de corne claire.
DIMENSIONS. Le Gavial du Gange est un des plus grands Sauriens
que l'on connaisse à l'état vivant. Nous donnons plus bas
les dimensions d'un individu de 5' 40". C'est un mâle qui a été envoyé
du Bengale au Muséum, par M. Alfred Duvaucel. Nous possédons
encore une femelle d'une taille mi peu moindre , et sept
autres individus empaillés ou conservés dans l'eau-de-vie ayant
depuis 5o" jusqu'à trois rnètrei de long.
Longueur TOTALE 5' 40". Téle. Long. 92" ; haut. 20"; larg. 25" 5"'.
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