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Seiches ; mais aucun autre animal n'a présenté ce
phénomène développé à un plus haut degré que les
Caméléoniens.
Azoici les faits rapportés par les auteurs qui ont
étudié les Caméléons vulgaires dans l'état de vie, et
dans quelques-unes des circonstances que nous avons
été dans le cas de pouvoir faire reproduire , sur cinq ou
six individus que nous avons examinés vivans pendant
quelques semaines.
Naturellement d'une teinte générale jaune pâle, et
comme cela arrive pendant la nuit, dans rohscurité,
ou lors d'un engourdissement profond, l'animal à son
réveil, ou lorsqu'il est légèrement excité, prend sur
le même fond des taches ou des lignes tantôt pâles ,
grises, et d'un noir plus ou moins intense ou brunâtre;
tantôt d'un jaune rougeâtre , rouillé ou ochracé , distribuées
par bandes, soit longitudinales, soit transverses
, quelquefois parsemées régulièrement en gouttelettes
également éloignées, tantôt rapprochées, arrondies,
tantôt anguleuses. Le fonds même de la peau,
qui semble quelquefois d'une couleur uniforme, prend
lentement et imperceptiblement des nuances diverses
de jaune pâle , d'un gris plus ou moins foncé, bleuâtre,
ardoisé ou plombé; dans d'autres cas ce sont des
mélanges variés en intensité de jaune , mêlé de bleu
et de noir , de manière à présenter diverses nuances
d'un vert sale. Cependant le noir et le jaune , comme
taches ou lignes en bandes ou en zones sur des fonds
divers, sont les marques les plus habituelles. D'ailleurs,
toutes ces variations n'arrivent pas subitement,
elles se manifestent peu à peu. Ce n'est pas l'état coloré
ordinaife ; celui-ci approche en général de la teinte
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o u SAURIENS CHELOPODES. I^ I
des écorces des arbres OU de celle des branches, sur lesquelles
l'animal reste perché, quand il n'a pas pris la
nuance des feuilles, au milieu desquelles il semble chercher
à masc£uer sa présence. D'après les récits des voyageurs
et des historiens grecs les plus anciens il ne paraît
pas que les Caméléons prennent jamais la couleur
tout-à-fait blanche, ni d'un rouge pur. Une autre observation
, que nous avons vérifiée , c'est que les taches
régulières des flancs en particulier ne se produisent
pas constamment sur les mêmes points de la peau,
quoique les dessins se répètent assez souvent chez le
même individu ; mais ils ne correspondent pas toutà
fait à des endroits semblables, comme on s'en est
assuré par des indications ou des repères laissés dans
ce but sur la peau de l'animal. Cependant les stries
ou les rayons divergeris, le plus ordinairement au
nombre de sept, qu'on remarque sur la paupière circulaire,
se reproduisent aux mêmes places, quoiqu'elles
varient de teintes en violâtres-brunes , jaunes-brunes
et même verdâtres. Les bandes longitudinales, et quelquefois
des séries également en longueur de taches en
goxxttelettes , se répètent constamment à la même hauteur.
Il en est de même des anneaux larges et transverses
qu'on observe sur la queue et autour des
membres, la crête ou la ligne saillante médiane inférieure
change peu de couleur. Nous avons pu nous
assurer aussi que l'animal conservait après sa mort
les dernières distributions de teintes colorées que sa
peau présentait au moment où il venait de périr.
Beaucoup d'auteurs ont cherché à expliquer la cause
physiologique de cette faculté ; aucun ne nous a véritablement
satisfaits. Nous allons les rappeler succes-
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