1
i ^
6 LÉZARDS CROCODILIENS
rière de l'occipital, parce que leurs os carrés ou intraarticulaires
sont soudés au crâne comme dans les
Chéloniens, et bien plus en arrière. C'est ce qui fait
que la commissure des mâchoires, ou la fente de la
bouche, s'étend réellement au-delà du crâne, et comme
les muscles destinés à écarter les mâchoires sont attachés
en arrière de l'articulation, leur action s'exerce
le plus ordinairement sur la totalité de la mâchoire
supérieure qui s'élève et s'écarte de l'inférieure, parce
que celle-ci reste fixe toutes les fois qu'elle est appuyée
sur le sol, ce qui arrive le plus ordinairement lorsque
l'animal est sur un terrain solide.
3" Quant aux dents des Crocodiles, dont les formes,
la structure, la disposition respective et le mode de
développement présentent plusieurs faits curieux,
nous en avons déjà parlé dans plusieurs parties de cet
ouvrage (i), et M. Cuvier a fait sur ce sujet des remarques
intéressantes (2). Voici en abrégé quelquesunes
de ces particularités :
Toutes ces dents, quoique très-solides par leur
masse et par le poids de la matière éburnée qui les
constitue, présentent cependant un amincissement
notable et une cavité conique dans leur racine ; le bord
tranchant de cette racine est échancré du côté interne,
et c'est par cette région que pénètre le sommet
du cône de la dent de remplacement qui, venant à
remplir peu à peu cet espace , finit par comprimer les
nerfs et les vaisseaux nutritifs de la dent primitive
à laquelle celle-ci doit succéder. Peut-être même,
(i) Tome 1er, p. 121, et tome n, p. 640, 3" alinéa,
(a) Ossemens fossiles, tom. v, partie, Ostéologie des Crocodiles,
article ni, p. 90.
OU SAURIENS ASPimOTES. ']
dans ses prévoyances, la nature a-t-elle ainsi dispose
une suite de dents emboîtées, destinées à se suppléer
en cas d'accidens ; car il est rare d'observer des absences
absolues d'une ou de plusieurs dents sur les
bords des mâchoires.
Au reste, les Sauriens de cette famille sont les seuls
dont les dents soient véritablement implantées par
gomphose dans le bord alvéolaire de l'une et de l'autre
mâchoire, et qui aient une base libre tout-à-fait circulaire
et tranchante, qu'on voit quelquefois rester
comme un anneau en couronne sur la pointe de la
dent nouvelle, lorsque la première , ou la dent primitive
, a été cassée vers sa racine.
4° Comparées à celles des autres Sauriens , et même
à celles de l'ordre entier des Reptiles , les narines des
Crocodiliens sont certainement celles qui offrent le
plus d'étendue , même respectivement à la longueur
totale de leur corps. Leur double orifice en croissant,
dont la concavité est en arrière, se trouve rapproché
et comme confondu sur un tubercule charnu, qui occupe
le sommet du museau vers son extrémité libre.
Là il est muni d'un appareil de soupapes ou de valvules
mises en action par des muscles. Cette conformation
est certainement en rapport avec les habitudes
de ces animaux, qui sont souvent obligés de
plonger avec une proie entre les mâchoires, ce qui
leur donne la faculté de rester ainsi sous l'eau à de
grandes profondeurs avec la gueule béante.
La terminaison postérieure de ces conduits nasaux ,
qui^ après avoir parcouru toute la longueur de la
voûte du palais, viennent enfin déboucher dans
l'isthme de la gorge , offre encore une singularité toutà
fait caractéristique et liée avec la faculté que ces