124 Voyage d'Egypte
Ville fituée fur la rive Occidentale du Nil. C e f t une efpèce dc Capitale, à
trente huit lieuës du C a yre , & h Réfidence d’un Bey, qui en eft Gouverneur. Les
Mofquées lui donnent un grand air.
On apperçoit, direftement \'is-à-vis dc Benefoef,
B E Y J A D IE :
Endroit, qui n’eft proprement que la retraite d’une Bande de CIrreciens, qui,
à la honte du nom qu’iis portent, font tous Voleurs de grand-chemins. Il n’y au-
mit pas de fureté à y paifer la nqjt. On y risqueroit &: les biens & la vie.
Il eft aifé de fe perfuader, que la plupart des L ieu x , donc j’ai parlé jusqu’ici,
ne fubfiftent que par leur communication avec le Cayre, où ils eiivoiciic leurs denrées.
L eu r plus grand commerce ne confifte pourtant qu’en Poules Sc en Oeufs, qu’ils gardent
jusqu’à ce qu’il pafle quelque Barque, à qui ils les vendent en gros. C ’cft ce
qui fait qu’un Etranger, qui voyage dans le Pays, ne fçauroit qu’avec bien de la
peine, faire fa provifion dans ces endroits. Pour avoir une douzaine d’oeufs, il les
faut quelquefois aller chercher dans quatre maifons j Sc ajnfi du refte.
LLTsTîI 25, Novembre.
J^ a fià n Bey , autrefois Eiclave, & enfuite favori d’Osman Bey , qui eft le Ch e f de la
Milice, fe trouvoit Gouverneur dc Benefoef; Sc nous avions des lettres de recommandation
pour lui; mais il étoit allé vifiter quelques endroits de fon domaine; Sc nous ne
jugeâmes pas devoir nous arrêicr jusqu’à fon retour. J ’allai pourtant à terre, tant
pour voir la V ille, que pour y achctcer de la poudre & du plomb. L a poudre me
coûta 12. paracs le Rotai; Sc je payai le plomb fur le pied de 6- paracs auffi le rotai.
Dès que je fus rembarqué, nous mîmes à la voile avec un bon Vent de Nord ;
& tout près dc Benefoef, nous rencontrâmes deux Barques, qui étoient péries, depuis
p eu , avec leur charge.
A une petite lieuë au defius de Benefoef, & du même côté , nous vîmes
T I SM E N D
Villa g e , accompagné d’une Mofquée.
A demi-lieuë au dcffiis,
Simple Village.
H A L L A B IE .
Demi-
Dcini-licuc plus haut :
M E L L A G H IE
Auifi fimple Village.
Encore à une demi-lieuë plus haut:
T A B A -A N A
En fuite, à un quart de lieuë plus loin,
B A R AN G A .
Puis après à pareille diftance les uns des autres
Ï A N Z A ,
B E N E H G A S E IN
& K O M B U S C H .
T o u t ce Quartier eft fort peuplé. En remoutant jusq’au Monaftére dc St.
Michel, dont je parlerai plus bas, on trouve que les Places ne font guère qu’à un
quart de licuë les unes des autres. E n revanche, la rive Orientale eft presque déferte.
Les Montagnes y régnent jusqu’à
N E S L E T - A B O N U Ü R
Village, fitué vis-à-vis de Baranga; & donc le nom fignifie: la defcente du
Pére de la Lumière. J ’en ai donné une vuë; ainfi que celle de fes Montagnes,
qui font remarquables. On y voit entre autres la reprcfcncation d’un Rocher, que les
Turcs appellent ou le Chameau, & dont ils font tant de cas, qu’ils ne
manquent jamais de le faire voir aux Voyageurs, comme quelque chofe de bien fingu-
lier. Ce n’eft pourtant qu’une pièce de Rocher, qui avec le tems a pris d’elle même
une figure, qui leur paroîc approcher de celle d’un Chameau.
En-continuant nôtre route, nous vîmes le Village de
Voyez
la Carte du
Nil,
P l a n c h e
LXXI.
P l a n c h e
L X X iV .
Lit. a.
BEBE. T W i i
Il nous reftoit à la droite. Cc Village a une Mofquée; Sc j’en ai donné une ¿X X III
vue, ainfi que dc Neslet-Abonuur.
Nous pafiâmes enfuite crois petits Villages : l’un nommé
E L F U G A G E ;
L ’autre appellé;
S C IR C E ;
Et le troifiéme qui porte le nom de
B E D A E G .
Ce dernier eft à environ un quart dc lieuë du bord du Flemme.
Tom. ï l . • Ii
Planches
LXXIÍ.
LXXIII.
Fig. a. & b.
Un