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dre en Amérique, pour y renforcer T Amiral Vernon. Il
s’agiflbit du Siège de Cartagène. Mr. N o r d e n eut été très
en état de nous donner une relation exafibe de cette entre-
prife. Il l’avoit même commencée & fait en confequence
divers Efquifl'es. Mais d’autres occupations lui firent dans
la fuite perdre de raie ce deflèin. L’expedition finie, nos
Volontaires revinrent en Angleterre dans l’Automne de
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De retour à Londres, Mr. N ord en y fiit plus agréablement
que jamais. Son commerce avec les Anglois lui
en avoit fait adopter les goûts folides & le fruit qu’il avoit
fù tirer de fes campagnes, donnoit un nouveau luftre à fon
mérité. Il pail'a l’hiver & une partie de l’année fuivante à
Londres, & il y fut reçû Membre de l’Académie Royale
des Sciences.
Ce fut à peu près vers ce tems là que fa fanté commença
à s’aftbiblir confîdérablement. Sa grande application
au travail accabla bientôt un corps déjà ufé par les fatigues
de la guerre & de la mer, & dont la conftitution foible
& delicate ne repondoit pas à l’ardeur agiffante de fon
ame. Il fe trouva attaqué de la confomption & fi.it en danger
de la vie. Dans l’efperance que le changement de climat
contribueroit à le rétablir, il fe propofa dans l’été de
1742. de faire un toûr en France, & de vifiter avec Mr. le
Comte de Dannefciold les Côtes & les Ports de ce Royaume.
Avant que de faire cette tournée, ils voulûrent voir
Paris & y faire quelque féjour. Ce plaifir fut troublé par
une nouvelle attàque de la même maladie, dont Mr. N or-
: d e n
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d e n venoit à peine de rélever à Londres. La mort nous
l’enleva enfin à Paris le 22- Sept. 1742- & interrompit le cours
d’une vie, qui promettoit d’être encore fi utile. Les regrets
fincères de plufieurs Perfonnes de marque dans les
Pays étrangers le fuivirent au Tombeau & fa Patrie le mettra
toujours au nombre de ces Hommes diftingués, qui lui
ont fait honneur.
Ce font là les principaux evenemens de la Vie de notre
Auteur. Faifons connoître à prefent aux Leélcurs l’Ouvrage
qu’ils ont devant les yeux, & pour les inftruire d’autant
mieux de ce qui leur importe d’en fwoir, commençons
par leur rendre un compte plus particulier du Voyage
en Egypte, qui en fait le fujet.
Ce fut par ordre du feu Roi CHRETIEN VI. de glorieufe
mémoire que le Voyage d’Egypte fut entrepris. Ce
Prince, Fondateur de notre Société & dont la mémoire
lui fera inviolablement facrée, joignoit à l’amour qu’il avoit
pour fes Peuples cSc à une application conftantc à faire fleurir
fes Etats, un goût particulier pour les Arts & les Lettres,
qu’il fe plaifoit à encourager par une libéralité Royale.
Dans l’idée d’enrichir la Litérature de nouvelles découvertes
touchant l’Egypte, & de mettre à profit la connoillànce
exade de cette Contrée pour donner plus d’étendùe à la
Navigation de la Nation Danoife, S. M. fouhaita que l’on
eut une Relation cireonftanciée de ce Pays fi éloigné & fi
célèbre, mais une Relation, faite par un homme intelligent
& dont on ne put révoquer en doute la fidélité. Perfonne
n’étoit plus en état que Mr. N ord en de remplir toutes les
vues du Roi.
Il