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la Carre
dll Cniirs
dll N il,
P l a n c h e
LXVlll.
lui donnâmes du vin de Candie, des liqueurs de diverfes forces, du Sorbe:, & quelques
autres bagatelles. C’étoic une connoiffance que nous avions faite au Cayre.
Après avoir pris congé de lui nous mîmes à la voile, vers les dix heures du
matin. Nous avions peu de vent, & beaucoup de pluye; ce qui ne nous empêcha
pas de paffer au-delà de
KOMGFRIDE,
Place (Icuéc à une petite diftance de la rive Occidentale du Nil. On la peut
appeller V ille , & elle eft môme aifez grande. Elle a une grande Mofquée, entourée
de diverfes autres plus petites.
Bien-tôt après nous rencontrâmes du même côcé du Fleuve,
BENNEHEDDER,
Simple village. Il a , presque à fon oppofice,
d ir m im u n d .
Couvent Cofte, qui n’a qu’un fort petit terrein labourable. A l’encour dc ce
Couvent font plantés fept dattiers, donc les gens du Pays font une efpèce de merveille;
parce que, de quelque côcé qu’on les regarde, on ne les peut jamais compter tous
à la fois.
Voyez
T o u t près du Couvent de Dirmimund, on voit le tombeau d’un prétendu Saint
P l a n c h e
LXiX. Mahomécan. J ’ai donné la vue de ce Couvent, ainfi que celle du Tombeau.
Sur l’autre rive du N i l , on découvre
m e im u n d .
B ou rg, donc la Mofquée a une affez belle aparence.
Envii'on à une lieuë an deffus, nous rencontrâmes
ESCHMEND ELL ARRAB,
Village tellement fitué au bord du N il, que les eaux de ce Fleuve en emportent,
presque tous les ans, quelque partie.
Quoique fes maifons foient d’une auifi mauvaife conftruaion, que celles que
l’on trouve depuis le Cayre jusqu’ici, elles ont pourtant ceci de particulier, que le
haut eft toujours terminé par un Colombier, qu i, dc loin, donne un aipe a affez
Depuis Efchinend ell A r rab , jusqu’à la prémiére Cataraae on obferve
exaacexaaeincnt
cette façon de bâtir; & il y a même en quelques endroits une L o i, qui ne
permet à aucun Homme de fe marier, & de tenir incnage, à moins qu’il ne foit en
poffeifion d’un pareil Colombier. L a raifon en eft, que le fient de ces oifeaux cit
!a feule choie que l’on ait pour fumer les terres; car on garde foigneufemcnt le fumier
des autres Animaux, pour le brûler; & la fuyë qui en vient fert à faire le ici
Armoniac.
J'ai donné, dans mes deiîêins, une Idée de ces fortes de maifons des Arabes.
Elles font presque par-tout conftruices de façon que tandis que les Pigeons habitent le
haut, le Propriétaire avec fa famille occupe le bas. Cependant, malgré l’afpecl
agi'cabie qu’elles préfentent d : loin, pour peu qu’on s’en approche, ou fi l’on y encre,
en s’appcrçok d’abord que ce n’cft par-tout que pauvreté & inifére.
Après nous être arrêtés, une demi-heure, à Efchmend cil A r rab , nous fîmes
tirer notre Barque pour doubler une Pointe, qui avance un peu dans le Nil ; & cette
Pointe doublée, nous nous trouvâmes en état de pouvoir faire uiàge dc nos voiles.
Le Ciel étoit couvert; mais il ibuffloit un Vent de N o rd , afièz fort pour nous faire
paffer deux grands Villages fitués fur la rive Occidentale & qui ont chacun une Mof-
quée. L ’un eft
BENNIALl;
Ccft-à-dirc A F i ls T A U : l’autre eft:
ZEITUUN,
Mot qui fignifie un olh'ier.
T o u t de fuite, nous pafiâmes devant trois autres Villages, beaucoup moins
confidérables, & dont je me contente de donner les noms:
SCHENDUiE,
BUUSCH,
m a n k a r i t s c h e .
L ’autre bord de la rivière eft défert. A deux lieuës au defius du Couvent
de Dirmimund, les montagnes s’approchent fi près du bord du N il, que dans un
efpace de 25. lieuës, on ne voit presque point de terres labourables, on y découvre
feulement une infinité dc ruïnes d’Edifices anciens.
L e foir, à huit heures, nous mouillâmes devant
BENESOEF,
H h 2 vu le
Plan ch e
LXX.