Toutes les pierres font couvertes de Hiéroglyphes, de la même force que ceux
que nous avons v u s , fur les ruïnes de Medinei-Habu.
Les colonnes ont plus de 24. pieds de circonférence, & font plus grandes que
celles de Medinet-Habu.
C’eft dommage, que cet Edifice ne puiiTe pas fubfîfter long-tems. ü n le peut
juger par l’état où il fe trouve. A peine le voit-on de deux côtés. L e dciTus eft
déjà couvert de terre ; & les colonnes, ainfi que le refte de l’Edifice, font enfévelies
jusqu’aux crois quarts.
Environ à cinquante pas dc-Ià, on apperçoit fur la pente de la Montagne, un
autre Monument antique, dont j’ai auffi donné le deiTein, dans la même Planche. 11
eft de plus dc dix-huit pieds de hauteur, avec une Niche régulièrement quarrée, dans
le milieu, mais plus large en haut, qu’en bas. Ses côtés font femés de Hiéroglyphes,
qui font fort gâtés vers la terre ; & le derrière eft presque tout caché fous le fable.
T o u t cet Edifice eft bâti de grands blocs quarrés, d’une pierre blanchâtre, qui
approche fort du marbre. Du refte je ne fçaurois fixer Tufage de ce Monument:
à moins que ce n’ait été autrefois un A u te l, donc peut-être la table aura été enlevée,
ou fera tombée parmi les ruïnes: peut-être auffi que dans la niche, donc j’ai parlé, il
y avoit un Idole.
L e Vent s’écanc lev é, à huit heures du matin, nous remîmes à la voile; &
après avoir pafie Tlsle d’
OMMELUT,
Située tout près de la rive Orientale du N il, & proche du Village dc
RAKKABA,
Qui eft du même côté; nous apperçûmes celui de
DERRAU,
Situé à Toppofite ; & nous nous approchâmes dc
ELL-SCHECH-AMER,
Vil-
Village à quelque diftance du bord Oriental du N il, & dont j’ai donné une P l a n c h e
CXXVIII vuS. On y trouve quelques ru'ines, qui d’abord me parurent confidérables ; mais lorsque
je les eus examinées de près, avec un peu d’attention, je remarquai, que ce
n’écoit que les reftes d’un bâtiment moderne. Elles font ficuées, panni une quantité
de tombeaux de prétendus Saints Mahométans.
Dès que nous eûmes remis à la voile, nous rencontrâmes une quatrième Isle
appellee
GALLAGIS;
E t vis-à-vis, fur la Rive occidentale le Village d’
ELL-KABUNIA.
On nous y fit figne d’amener la Barque à terre : à quoi notre Reys n’avoit pas
grande envie d’obe'ir ; mais comme il vit qu’on prenoit les armes, il ne réfifta plus.
L e Prince du Pays étoit Ibrim, Cacheff en Nubie; & il avoit reçu à Girgé le Caffctan
du Bey ; c’eft Tunique marque de r e fp e fl, que Ton rende ici au gouvernement Turc.
L a force décide, entre les Compétiteurs, à qui aura la Charge; & celui que Ton
envoyé à Girgé , doit abfolument être revetu du Caffetan par le Bey. Notre Reys
ne retourna qu’au bouc d’une heure; & nous dit que le Cacheff s’étoit informé de nous;
Sr, qu e , fur ce qu’il avoit appris, que nous étions fous la proceûion d’Osman Bey,
Sr que nous avions deffein d’aller jusqu’à la fcconde catarafte, il Tavoit chaîné de nous
donner le S a lam a le k , ou le bonjour de fa parc. Nous lui envoyâmes quelques
bouteilles de Rofibli, du Sorbek & du Tabac.
En pourfuivant après cela notre route, nous pafiâmes devant le Village d’
ETTUESA,
Et enfuite devant
GIRBE.
Ces deux Villages font fitués au bord Oriental du N il; mais le dernier donne P l a n c h e
beaucoup plus dans la vue. J ’cn ai levé un defièin, où j’ai tâché de repréfenter les CXXVIII.
ruïnes, qui s’y trouvent. Elles s’y diftingucnt par les grands blocs de pierres quar-
l'ces, qui d’ordinaire ne font pas d'ufage dans les bâtimens des Turcs,
T om . I I . R b b