G IZ E .
P l a n c h e
XXIU.
V Entrée de ce Lieu témoigne, qu'il ny a point / autre Dieu
qu’un Dieu: i i que Mahomed eft l’Envoyé de Dieu.
A coté du Mokkias, mais toujours dans le même rang des bâtimens, on voit
ime grande Mosquée; & à côcé de cette Mosquée, vers l’Occident, un Efcalier pour
defcendre à l’eau. C e ft fur cet Efcalier que le Peuple fait fes obfervations; car le
Mokkias lui-même eft fermé ; & on n’en permet que bien difficilement 1 entrée.
L e refte des Bâtimens, qui accompagnent le Mokkias, eft deftiné povu- c eu x ,
qui le deiîervent, & pour les Gens de la Mosquée.
Quelques-uns prétendent, que c'eft fur cette Isle, que Moyfe fut expofé par ik
Mére & fauvé par la Fille de Pharaon. On feroic pourtant affiez bien fondé à révoquer
en doute cette opinion; parce que l’Isle de Rodda n’a pas toujours été telle, qu’elle
fe trouve aujourd’hui. L e Canal, qui la fépare du Vieux-Cayre, le fait aflez entendre.
Outre cela la Ville de Memphis étoit de l’autre côcé du Nil ; & il n’eft point
dit dans l'Ecriture Sainte, que la Fille de Pharaon eût traverfé ce Fleuve.
Pour ne pas interrompre la Defcription du Cayre & de fes dépendances, je
paffierai tout de fuite à G IZ E , dont j’ai déjà commencé à faire mention, & donc j’ai
donné la vuë dans mes deifeins. C ’eft un aifez grand V illa g e , ficué fur la rive Occidentale
du N i l , vis-à-vis du Vieux-Cayre Sc de l’I^e de Rodda. Il n’eft bâti que
de bricques & de bouë; & n’a pour tout ornement, que quatre à cinq Minarets de
Mosquées, avec quelques Dattiers. 11 s’y fait beaucoup de pots de terre & de thui-
les, qui réuiïïifenc aifez mal, & font toujours fans vernis, dont les Egyptiens ne con-
nûiifenc pas bien l’ufage.
Si on s’en rapporte à quelques Auteurs, la Ville de Memphis étoit ficuée dans
l’endroit, où eft aujourd’hui le Village de Gize ; & j’avouë, que ce fencimenc ne manque
pas de vraifemblance. Mais en y faifant bien attention, on trouve, ou qu’il
faudroit rabattre beaucoup de la grandeur de cette ancienne Capitale de l’E g ypte ,
ou hauifer extrêmement les plaines des environs. En effet G ize n’occupe pas la
moitié de la place du Vieux-Cayre, & les plaines, qui régnent à l’entour, ne manquent
jamais d’être inondées dans le tems du débordement des eaux du Nil. Eft-il
croyable, qu’on ait bâti une Ville fi grande & fi fameufe, dans un endroit fujet à être
fous l’eau la moitié de l’année ? Encore moins peiu-on s’imaginer, que les anciens A u teurs
ayent oublié une circonftance fi particulière.
A une
A une demi-lieuc au Midi du V ieu x -C a y re , on voit la gi-ande Mosquée
d 'A T T E R -E N N A B I , ficuée fur une pointe au bord Oriental du Nil. Les Ma-
hométans ont une grande vénération pour cette Mosquée, parce qu’une Tradition
veut, qu’Omar prémier Calife, en defcendant dans l’endroit, où elle a depuis été fondée
en fon honneur, y laifik fur un marbre l’empreinte de fon pied. Elle n’a d’ailleurs
rien d’extraordinaire, ni en dedans, ni en dehors, fi ce n’eft un Coridor de
Colonnes antiques; mais fi mal-rangées, que fouvent les chapiteaux, renveries deifus
deffous, fervent de piédeftaux, Sc les piédeftaux font employés pour fervir de chapiteaux.
Je n’ai pas laiffe d’en repréfenter la figure dans une Planche particulière,
& encore dans celle, qui donne la vue du Village de D E I iR - E T l I N .
Ce Village, dont je donne dans mes deffeins deux vuës différences, eft fitué
tout auprès de la Mosquée ÿ A tte r -E n n a b i, du côté du Midi. Il a une Mosquée,
& il s’y trouve un Couvent de Chrétiens Coptes. Les maifons font d’une mauvaife
conftru^ion, & presque toutes bâties de bouë. Un bout du Village touche au N i l ,
& l’autre s’étend vers les Montagnes, qui n’en font guère éloignées que d’une lieuë.
Ce qui embellit le plus ce V illage , ainfi que la plus grande partie des autres, ce font
les Dattiers, force d’arbres, que l’on éléve ordinairement en grande quantité.
On prétend, que ce nom D E IR -E T I IN fignifie Couvent de Figues. Je
remarquerai à cette occafion, qu’on a en Egypte diverfes efpéces de Figues; mais,
s’il y a de la différence entre elles, une efpèce particulière dificre encore davantage.
J’entends celle, que porte le Sicomore, qu’on nomme en A ra b e , Giomez. J ’ai def-
finc cet arbre, avec fes feuilles & fes fruits; & c’eft fur un arbre de cette force, que
Zacharic monta, pour voir l’entrée de Nocre-Seigneur en Jcrufalein.
Ce Sicomorc eft de la hauteur d’un Hêtre, & porte fes fruits d’une manière
toute différence des autres arbres. Il les a au tronc même, qui poulîè de petits re-
jeccons, en forme de grappes, au bouc desquelles viennent les fruits. On voit,
dans la figure, que j’en donne, combien ils font voifins l’un de l’autre. Ils croiffent
presque comme des raifins. L/arbre eft toujours v erd , Sc porte du fruit plufieurs
fois dans l’année, fans même obfcrver des tems certains ; car j’ai vu des Sicoinores,
qui ont donné du fruit deux mois après d’autres. L e fruit a la figure & l’odeur
des véritables Figues; mais il leur cède pour le g oû t, ayant une douceur dégoûtante.
Sa couleur eft d’un jeaimc cirant fur l’ocrc, ombré de couleur de chair. En dedans,
il rcflèmble aux Figues ordinaires, fi ce n’eft qu’il a un coloris noirâtre, avec des
taches jeaunes. Comme j’ai dcfüné les fruits Sc les feuilles d’après nature, 011 n’a
T om . J. P qu’à
Mosquée
d'A T T E R -
ENNAÜf.
Planches
XXXV. ôc
XXXVI.1
Planches
XXXVI.
&
XXXVII.
P l a n c h e
XXXVIII.