p i
h u'
Voyez
la Carte
au N il, PXlaCnVcIhI.e
i
l T 'V
T i ' W ' f '
Un peu plus haut le Nil fait un grand coude 5 & quand nous l’eûmes pafie,
nous nous trouvâmes, le matin, entre deux Villages, donc l’un appelle
SCHECPÏ-HIE
Eft à l’Orient ; & l’autre, nommé
ELL-BALLAES,
Eft à l’Occident.
Environ une lieuë plus loin nous rencontrâmes deux autres Villages, fçavoir :
HARADSCHIE;
Il étoit à notre gauche; &
TUUG;
Celui-ci reftoit à notre droite. Nous mîmes à terre auprès de ce dernier, que
nous allâmes voir ; mais comme nous n’y trouvâmes rien de remarquable, nous n’y
rcftâmes qu’une demi-heure : après quoi nous nous rembarquâmes & prîmes le large.
Presque auflî-tôc nous apperçûmes, fur la rive Orientale du Fleuve, le Village de
KOFT;
Un peu après celui de
KOS
Il y a une Mofquée.
Il eft fitué du même côté : Nous gagnâmes en fuite celui de
GHATTARA,
Situé fur la rive Occidentale; & vers les quatre heures après midi, nous nous
vîmes devant le Village de
ELL-HELLA,
Il nous reftoit à la gauche, tandis que nous avions à notre droite
NAGADI,
V ille , qui peut paficr pour grande, & qui a des Mofquées. Lorsque nous y
fûmes arrivés, le Schcch Arabe fit appeller notre Reys, pour lui demander qui étoient
les Francs, qu’il conduifoit. L a réponiè fut, que nous étions des Marchands, protégés
par Osman Bey, dc qui nous avions même des Lettres de recommandation. L e
Schech ayant répliqué qu’il n’en croyoit rien, & qu’il avoit entendu divers bruits fur
notre compte, & fur nos intentions, qui n’écoient pas des plus favorables pour le Pays :
L e Reys chercha à nous juftifier de ce reproche du mieux qu’il put ; mais tout ce qu’il
allégua ne fut point écouté, jusqu’à ce qu’un de nos Drogmans, que nous envoyâmes
au Schech, lui eût prcfcnté une des Lettres d’Osman Bey. Quand i! l’eut luë, il fe
concontenta
de dire, qu’il n'auroit jamais cru , qu’Osman Bey eût voulû nous pourvoir de
recommandations, avec lesquelles nous pouvions aller dans des L ieu x , où il n’appar-
ccnoit pas à des Francs de pénétrer. L ’affaire en dcineura-là.
II y a plufieurs Coftes à Négadi: aufiî y ont-ils un Evêque. Du refte ils ne
font pas fort obligeans envers les Francs; & ils leur jouent même de mauvais tours,
quand ils en trouvent l’occafion. Nous reftâmes toute la nuit dans cette Ville, ainfi
qu’une partie du jour fuivant.
LUN D I, 9. D é c em b r e .
N o u s fûmes ce jour-là accablés d’une foule de Chrétiens Coftes, qui entrainoient
même avec eux quantité d’Arabes. Les uns & les autres fe mirent vis-à-vis dc notre
barque, & parurent d’abord nous contempler avec laeaucoup de furprife. Mais quand
ils virent, que perfonne ne fe mcttoit en devoir de Icschafièr, ils devinrent plus hardis;
& à la fin fi infolens, qu’ils ofèrent entrer dans la Barque où ils vifitèrent tout jusqu’à
la viande qui étoit au pot. Notre Barque étoit comme une place de marché, où
les uns venoient, & les autres s’enalloienc. Nous avions dc la peine à comprendre
d’où pouvoit venir une femblable curioficé, d'autant que nous n’avions rien vu de
femblable dans aucun autre endroit. Mais notre Reys, en venant à bord, nous dévoila
le myftére. Il nous fit entendre, que cous ces gens-là, en voyant nos coffres & nos
uftenciles de cuifine, avoient jugé, que les prémiers étoient remplis d’or & d’argent;
& que tout le laiton & l’ctaim que nous avions, étoient pareillement de fu n ou de
l’autre dc ces Métaux; qu’ils en avoient conclu, que nous avions avec nous des richef-
fes immenfcs; que le bruit s’cn étoit répandu dans toute la Ville & qu’il n’y avoit
point de fureté pour nous, fi nous avancions pins loin. Là-deffus, il s’offrit de nous
reconduire au Cayre. ’’ Ils nous tueront, vous & moi, ajouta-t-il, pour fe faifir des tré-
”fors qu’ils s'imaginent que vous avez. Ils en répandront par-tout le Pays le bruit ;
”& fi vous échappez dans un endroit, vous périrez certainement dans l’autre. Les
’’Arabes font affez méchans pour iè porter à cet excès.” Notre Homme, qui avoit
pris l’epouvante, & perdu entièrement la tramontane, infifta encore long-tems pour
que nous rctournaffions au Cayre. Mais tous ces difcours ne tirent aucune imprcifion
fur nos efprits. Nous lui dîmes, pour le raffin-er, que nous n’avions rien à craindre;
que nous étions bien armés ; que perfonne ne lui feroit, ni à lu i, ni à nous, le moindre
mal, fans le payer fur le champ de fa vie; & que nous étions réfolus d’avancer,
& d’aller jusqu’à la Catarafte. Notre fermeté, 8c les affuranccs que nous lui donnions
dc défendre fa v ie , comme la nôtre, le tranquiliifèrent un peu; & il fe contenta
dc nous répondre par un In fcb a lla ch ! c’eft-à-dire : Dieu le veuille ! A dire le vrai,
T om . J I. S s Mef