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15S Voyage d’Egypte
SAMEDI, 7. Dé c em b r e .
N o s gens allèrent, de grand matin à terre, pour y chercher quelque gihler; mais
ils n’y rrouvèrenc qu’une quancicé prodigieufe de Moineaux. Ils en tirèrent plufieurs,
& en ramafièrenc une centaine parmi les Brouifailles. Ils étoient néanmoins extrêmement
maigres, & d'un goût amer.
A huit heures du matin, nous quittâmes cette terre ingratte; & nous gagnâmes
bientôt le Village de
DAR.
Situé fur la rive Orientale du Nil ; & tout vis-à-vis eft
MAGDSCHER.
C e f t le nom qu’on donne à un grand chemin, qui va d’Orient en Occident.
Nous laifiâmes enfuite à notre gauche le Village d’
ELL-GAESSER,
Après quoi nous arrivâmes devant la Ville de
DANDERA.
Cette Ville a uneMofquée; & c’eft fans doute un refte de l’ancienne T e n t j r a ,
dont Strabon, Pline & d’autres Auteurs ont parlé : aulfi me dit-on, qu’on y voyoit
encore un ancien Temple ; & j’avois grande envie d’y aller ; mais il n’y eut pas moyen
de perfuader à Notre Reys de mettre à terre; ce qui me fit manquer une belle occafion
que je regrette.
L a Ville de Dandera eft fituée très-agréablement. Dans un efpace de deux
lieuës, on ne v o it, par tout le long du Nil & bien avant dans terres, qu’une fuite
continuelle d’arbres fruitiers & de toutes les efpéces que l’Egypte produit. T ou s ces
arbres étoient verds, & quelques uns fe trouvoient chargés de fleurs, comme au
Princems.
Un peu plus haut nous rencontrâmes, fur la rive Orientale, le Village de
KEN AU VIE.
Ma is, à deux heures après midi, il vint un calme, qui nous obligea de mettre
à terre du même côcé, un peu au defibus de
GiENE, ou KIENE,
V ille , qui n’eft pas maintenant fort confidérable, & qui a cependant une Mol-
quée. Il s’y faifoit autrefois un grand commerce; car on avoit pratiqué un chemin,
qui
ISÏi
qui conduifoit à Cofiïr, Port de la Mer rouge ; & dans trois jours, on travcrfoit les
déferts de la Thébaïde. Mais prefencement cette route n’eft point aifurée à caufe
des Voleurs.
On m’avoit beaucoup parlé des Antiquités de cet endroit ; ce qui m’engagea à
y aller. Je n’y trouvai pourtant rien. Les Habitans mêmes du Lieu ne purent m’en
donner aucunes nouvelles. Envain j’y cherchai l’ancien Canal creufé, pour conduire
les marchandifes à la Mer rouge, & pour en apporter d’autres ici. Je n’en apperçûs
pas le moindre veftige, ni dans la V ille, ni dans les environs. C ’cft dans cette Ville
que fe célébré, cous les ans, la grande Fête, où le Bey de Girge fe rend ordinairement;
mais, non, fans en avoir auparavant obtenu la penniifion des Princes, ou
Schechs Arabes.
Je m’apperçûs que les environs de Giéne étoient couverts de toutes fortes de
plantes, comme Citrouilles, Colloquinces & autres qui in’ccoient pour la plupart inconnues.
Comme je n’y voyois point de bled, je m’imaginai qu’on l’avoit coupé; & que
les plantes, qu’on appercevoit, étoient la féconde production de la terre.
II y avoit aux environs de la Ville divers Etangs, où l’on confervoit l’eau après
l’inondation; mais elle n’étoit pas bonne à boire. Elle avoit un goût faumâcre,
qu’elle prend du terrein même. Auifi les Habitans ne s’en fervenc-ils, que pour arro-
fer leurs terres, & pour abbreuver leurs Beftiaux.
D IM AN CH E , 8- D é c em b r e.
N o u s avions mis à la voile, la veille, à 9. heures du foir, & nous fîmes route toute
la nuit, durant laquelle nous pafiâmes devant trois Villages, fitués fur la rive Orientale
du N il; fçavoir;
ASSALIE,
EBEENUUT,
& ELL-BARUUT.
Vis-à-vis de la dernière dc ces Places, on trouve
TIURAET
Simple Village. C’eft à peu près dans cet endroit, que commencent les Habitations
des .Arabes appelles S cb o ra jfa ; ce qui veut dire Princes, ou Gentils-hoinmes.
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