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Voyez la
Carte du Nil, Planche
C L IIL
218 Voyage d’ Egypte
Peuple y étoic fi mauvais, qu'il ne laiffoit presque jamais paffer de barque fans tirer
deffus; & que s’ils ia pouvoient forcer d’approcher de la terre, iis la pilloicnc impunément.
’’Ils font fi méchans, ajouta-t-il, que le Cacheff lui-même n’oiê s’cxpoièr à
’’aller chez eux.”
Comme nous avions toujours nos fufils en état, nous feignîmes de ne pas nous
embarafièr de ce qu’il nous difoit; & pour lui donner encore une meilleure idée de
notre iiicrépidicé, je lui fis demander de me mettre à terre, pour aller voir les ruïnes
antiques que j’avois deffinécs à Garbe-Girche. A ces mots, il jetta un cri épouvantable,
& jura par tout ce qu’il connoiffoic de plus faine, & dc plus facré, qu’il ne con-
fenciroic point abfolument à ma demande. Ce n’écoit pas non plus mon intention :
auifi n’inliftai-je pas beaucoup là-dcffus.
Enfin nous arrivâmes à l’endroit en queftion ; & nous n’y vîmes qu’une douzaine
de Barbarins, alfis au bord du Nil, & qui tenoient chacun leur Zagaie à la main.
Mais ils demeurèrent tranquilles, fans nous demander feulement d’üù nous venions.
Lorsque notre Reys, & fon Equipage, fe crurent hors de danger, ils en témoignèrent
leur joie du mieux qu’iis purent; & c’écoit un vrai plaifir d’entendre un chacun
raconter comment il s’y feroic pris, fi nous avions été attaqués; ce qui nous apprêta
plus d’une fois à rire.
Les deux Villages, où ces Perturbateurs du repos public fe tiennent, font fitués
fur les deux bords du Nil. Celui qui eft fur la Rive orientale s’appelle:
GESCH-STOBNE.
L ’autre à l’oppofice fe nomme
SABAGURA.
Comme le vent continuoit à être favorable, nous en profitâmes ; & nous gagnâmes
bien-tôt
HOKUER;
V illage , à quelque diftance de la Rive occidentale du Nil.
A trois quarts de lieuë plus loin; nous nous trouvâmes, encre ,
KUBAEN,
& DECKKE.
L e prémier de ces endroits écoic à notre droite, & le fécond à la gauche. Celuici
eft remarquable par les reftes d’un ancien Temple, qui n’en eft pas éloigné ; & j’en p J a n C h C
donne deux vuës dans une même feuille. On le nomme C L iV .
ELL - GURAEN.
Ce Temple eft un peu avancé dans les terres. On n’y voit aucun Hiéroglyphe.
Il ne laifle pas cependant d’être dans le goût des anciens Edifices Egyptiens;
& il peut paffer pour magnifique.
Nous rencontrâmes, après cela, deux autres Villages: Tun à TOrienc nommé
ALAGI:
L ’autre à TOccident appellé
GURTA.
Nous gagnâmes enfuite trois différens Diftricls, qui ont chacun deux Villages
de même nom: Tun à TOricnt: Tautre à TOccident du N il; fçavoir:
MOHARRAKA,
UMHENDi,
& SCHEMEDE RESCEiIED.
Nous attachâmes la Barque, auprès de celui de ces derniers, qui eft ficué fur
la Rive occidentale du Nil.
L e Fleuve commence ici à devenir plus large, qu’il n’a été depuis la prémiére
Catara0 :e, comme on peut le remarquer dans la Carte. Cependant fa fituation continue
à être la même, fi ce n’eft que les rochers de Granit ont ceflé un peu au deffus
dc Tlsle d’Ell-Hcift; & que les Montagnes & les rochers de ce Canton font d’une pierre
fablonneufe, mêlée dc Cailloux & couverte de fable de petites pierres. Du refte
tout le Pays eft fort ftérile.
M A R D I , 31. Décembre.
P 'Îo u s reftâmes toute la nuit auprès de Schemede-refchied. Nous ne mîmes à la
voile, que vers les fept heures du matin; & peu de tems après il m’arriva une aventure
aflèz plaifiinte, que je ne veux pas obmettre, parce qu’elle donne en quelque
forte occafion dc juger du génie de cc Peuple.
j ’étois forti de ma tente, pour confronter les noms des endroits, où nous avions
paffé le jour précédent. I-c Reys & le Valet J uif ctoicnc aflîs auprès de moi. Ils me
répétoicnt les noms que j’avois déjà écrits; & je les corrigeois fur leur prononciation.