m e n t le tm -d n , dont die s’eft emparée, Sr elle prétend le poffidcr, fans en payer
aucun tribut.
On a divers exemples de ces fortes d’ufurpations ; & même dans le tems que
¡'étois en E g yp te , il y eut un de ces Schechs de Bédouins, qui donna bien de l'inquiétude
au Qouvememeiit. Il s’étoit mis en polfeflion d’un terrein très-fertile, du côté
de Monifalunth; & il y campoit avec les (icns, au nombre de 4. -à 5000. Hommes.
On s’étoit oppofé, dans le eommcnccment, à fon entreprife; mais comme d avoir été
aifez heureux pour remporter quelques avantages fur le Bey de Girgc . il le trouvoit.
de mon tems, fi bien affenni, que fa Troupe, fixée dans ie lieu, cultivoit tranquillement
les terres, dont elle s’étoit emparée. L e Gouvernement fut obligé d’en venir
avec elle à des ternies d’accommodement, afin d’empêcher qn’d le ne s’étendît plus
loin, & de faire en force, quelle laiflât fes voifins eu repos. Ces nouveaux Sujets
ne payent tribut qu’à leur Ch e f feul; & c’eft une perte pour le Gouvernement, qui
fc trouve privé du revenu de ces terres.
L e s Bédouins d’Ouladjcchc, vis-à-vis de Benefoef, ont une origine femblable.
Ils ont feu fi bien fe maintenir dans les teiTcs, qu’ils ont ufurpées, qu’ils vivent main-
tenant dans une entière indépendance. Ils fe font même rendus fi redoutables,
qu’il n’y a point de T u r c aifez hardi, pour aller chez eux. L e s risques feroient
trop grands. L e s Arabes de ce Canton ne leur font aucun quartier. Ils reçoivent
tons les Transfuges; & il n’y a ni prières, ni menaces, qui puiffeiit les engager
à les livrer au Gouveniemeiit.
Une autre forte d’Arabes habite les montagnes, vis-ù-vis d’Ell-Guzoue. Ce
font de maîcres-frippons, qui volent cgakmenc, & fur l'eau, & fur la terre. Ils ne
font pas en grand nombre; & k Bey de Girgc eft continuellement à leur pourfuice.
Malgré cela ils fe fouciennent au grand préjudice de la navigation fur la riviere.
J’ai cru , qu’il écoic néceffaire de donner cette idée des Arabes, afin qu’on ne
les confondît pas avec ceux de la Haute-Egypte, donc je vais parler maintenant; &
qu i, depuis la conquête de Selim, fe Ibnc conferve la ponêlfion, & même en quelque
force la ibuvcrainccé de leur Pays.
Des Princes Arabes, nommés auffi S c b c c b s , poffcdcnt toute cette partie de
i’E gypte, qui s’étend des deux côtés du N il, depuis G irg e , jusqu’à Eiîliaan. Ils
font tributaires du Grand-Seîgiieur; & quand k Pére vient à mourir, k fils, qui lui
focfuccéde,
eft obligé de payer au Bacha quelques Bourfes, par manière de recorinoif-
fance. Cela s’appelle acheccer les terres de fon Pére mort. Si un Père cède, de fon
vivant, des Domaines à fon fils, celui-ci n’eft point tenu à ce payement, tant que fon
Pére eft en vie.
C e s Princes regnenc en Souverains fur leurs Sujets, & font fi jaloux de leur
pouvoir, qu’ils ne fouffrent pas, que k Bey de Girge entre fur leurs terres, fans en
avoir prémiérement obtenu leur permifiîon ; & il n’y a point d’exemple, qu’ils la lui
ayent accordée, que pour aller à Kcne, où le Bey doit aififtcr à une Fête , ou pour
fe trouver à une Conférence, qu'ils fouhaitenc d’avoir avec lu i, dans quelques cas extraordinaires.
On compte un grand nombre de ces Princes Arabe.s; mais on regarde comme
les plus confidérables ceux de NEGADI, d’ACHMiIN, d’ESNÂ, de FAR-
CINTH, de NICHÉE, de BERDIS & d’ÜLADJECHE. Us tiennent
fouvent des Affemblées entre eux , afin de prendre les mefures les plus propres pour
leur confervation, & pour regler les différens, qui peuvent naître parmi leurs Sujets,
& entre eux-mêmes. Il les tenninent ainfi fouvent à l’amiable; mais s’il fe trouve
des Parties trop entêtées, la difpute fe décide alors par une guerre ouverte.
Us ne perinettenc point, en cas de guerre entre eux , que k Gouvernement
envoie des Troupes à l’u n e , ou à l’autre Partie ; ils ne fauroient néanmoins empêcher,
qu’il ne tire de leurs quérelks, certains avantages, par des voies obliques. En effet,
celui qui a du deffus fe peut toujours promettre, que les T urc s lui fufciteront de mau-
vaifes affaires, & k brouilleront tellement avec fes Voifins, qu’il ne pourra jamais fe
relever ; & s’il arrive, que tous deux foient épuifés par la gu er re , k Gouvernement
ne manquera pas d’achever de les accabler tous les deux.
On entrevoit aifément la Politique, dont le T u r c fe fert pour les réduire.
C’eft en femant la divifion parmi eux. Non feulement les différens, que ces Princes
ont encre eux ; mais encore les prétentions, que les Enfans forment quelquefois à la
fucceffion de leur Pére, donnent prife au T u r c , & k mettent en état de leur nuire.
L e cas arrivant, par éxemple, qu’un Pére laiflê dix Enfans après lui, & qu’il
n’ait pas fixé la fucceffion fur 1-a tête d’un feul, l’afïàire eft portée au Cayre, où k
Bacha ne manque pas de décider, que la fuccelfion ièra partagée encre tous les Frères.
Ceux-ci n’étant jamais contens d’une pareille fencence ; & k Bacha ne fe trou\'ant pas
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