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quelque étonnemeiu.
que je faifois.
Voyage ct Egypte
Ils in’approchoient le plus; & ils étoient curieux de voir ce
Quand ils curent pafle une demi-heure dans cette contenance, ils en vinrent à
demander \ tB a k j îf c h ; c’efb à dire de l’argent; mais nous trouvâmes à propos dc leur
en refufer, parce que cela auroit pu tirer à conféquence. Choqués dc ce refus, ils
commencèrent à devenir infolens, & fe mirent à crier à pleine tête. Pendant ce tcms-
là je me tcnois tranquille, toujours appliqué à mon deffein. Je laiflbis aux Pères Mif-
fionnaires le foin de travailler à les appaifer, 5: aux Valets, la liberté de crier avec eux
du mieux qu’ils pouvoient. Ils écoienc encore foucenus par le Janiffaire , qui avoir la
poitrine bonne, & un bon bâton, donc n’éanmoins il fe garda bien de frapper perfonne.
Durant ce tumulte il furvint un homme à cheval. 11 étoit précédé d’un autre,
armé d’une longue picque. L e premier, à qui les Arabes donnoient le titre de
S c h e c h , nous approcha; & , d’un air d’autorité, demanda au Valet J u if ce que nous
faiflons-là, & qui nous avoit donné la permifflon d’y venir? L e J u if lui demanda info-
Icmment à fon tour ce que cela lui faifoit, & qui lui avoit donné à lui-mcme la per-
milfion de faire une demande avec tant d’audace? On fe prit ainfi de paroles, & dans
un infbant toute la Troupe s’cn mêla. Surquoi le Schech nous déclara, que fi nous
ne nous en allions pa s, fur le champ, il nous chafièroit à main forte.
A cette menace,' le Janiffaire s’approcha de lui, & lui dit, par manière de confidence,
qu’il devoit bien fe garder de nous toucher, parce que nous étions bien pourvus
d’arincs à feu , & parfaitement au fait de leur ufage. Il ajouta, qu’il pourroit
aifément arriver, que s’il ne fe retiroit pas d’-abord, la fantaifie pourroit prendre à
quelqu’un de nous de lui tirer un coup, qui le rcnverfcroit mort par terre.
Ce difcours férieux donna à penfer au Schech ; & comme le hazard voulut,
qu’un de nos gens abattît, dans ce moment, un petit oifeau d’un coup dc fufil, notre
Homme parut tout décontenancé. 11 fembla pourtant presque auffi tut fe remettre dc
fa frayeur. Il nous dit net, que fi nous ne nous en allions pa s, il iroit brûler notre
barque, & pilier tout cc qui s’y trouvoit.
Notre Janiffaire ne put digérer cette menace. 11 jugea que le Schcch étoit
moins mauvais, qu’il ne le faifoit paroître. Il fè mit dans une colère épouvantable,
& jura, que s’il ofoit entreprendre la inoindrc chofe contre nous, il feroit lui-mêmc
homme à le tuer comme un chien.
Le
L e Schcch, à ces mots fe mit à fourire, nous donna le bon jour, & fe retira
fuivi de tous les Arabes. II nous laiffa pourtant dans l’incertitude de fçavoir, s’il
n’iroit point à la barque, ou s’il ne chercheroic point à nous couper chemin à notre
retour. Dans le fonds néanmoins nous étions bien aifes de nous voir délivrés d’une
fi désagréable compagnie.
J ’avois, pendant ce tems-là, achevé le deffein particulier, qui fait voir un côté
de la chaife d une des Statues Coloflàles ; & j’avois levé les Infcriptions qu’on a gravées
fur leurs jambes. A l’égard du defîèin. Je l’ai tiré avec toute l’cxaflitude pofiîble,
dans l’cfpérance, que ce feul côcé fera fuffifanc, pour donner une jufbe idée des autres,
que le tems & les circonftances ne me permettoient pas de deifiner ; car quoique les
Hiéroglyphes y foient différens en quelques endroits, on a pourtant obfervé dans la
difpofition générale le même arrangement.
II y a par derrière une eipéce de repos & par devant un Terme ; & outre lesHié-
roglyphes, on voit encore fur le deffein les deux Figures Ifiaqucs dont j’ai parlé ci-deffus.
Pour ce qui regarde les Hiéroglyphes en particulier, je remarquerai, qu’ils
font très proprement travaillés, en plein pied Sc très bien confervés. L e s deux figures
qu’on voit au bas font de grandeur plus que n-aturelle. Il femble qu’elles forment:
un noeud, & qu’elles ferrent ccroiccmenc les préceptes, que prefcrivenc les Hiéroglyphes.
Elles font travaillées en bas relief, de manière pourtant que le fommec de leurs
têtes, n’a pas plus de relief que la fuperficie toute unie de la pierre.
Le s petites Figures repréfcncées au deffus des deux Statués Ifiaques, font auflî
en bas relief; mais elles n’ont pas l’apparence d’un Ouvrage Egyptien; & font toutes
différentes du refte.
Qiiant,aux Infcriptions, elles ont été gravées, pour témoigner, qu’on avoit
entendu la voix dc Memnon. Je les ai copiées, telles qu’elles font fur les jambes dc
dc la Statué Coloffale marquée lit . b. Mais comme j’étois obligé de les prendre à la
hâte, de peur de perdre trop de tems, je n’oferois pas affurer qu’elles foient dans la
dernière éxaèticude, fur-tout pour les Infcriptions Grecques; car je n’entends pas cette
Langue. J ’aime mieux néanmoins les donner celles que je les ai levées fur les lieux,
que de hazarder d’y faire des correflions après coup.
Nous pafi-àines enfuite aux ru'ines, qu’on trouve du côcé du N o rd , & qui ne
font pas bien éloignées de ces Colofiès. II n’y a point de doute, que ce ne foient des
Tom. JI. U u reftes
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