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Après qxi’oii a palîe ce détroit, on rencontre une grande place, où ordinairement
on prend haleine, en ufanc de quelques rafraîchiiTemens. Cela donne le courage
de pénétrer dans le fccond Canal, qui eit bien refpeêlable.
Ces Canaux, comme je l’ai déjà dit, font crès-glilTans. Heureufement on
y a taillé, de pas en pas, des trous ronds, qui fo n t, qu’on avance aiTcz commodément,
quoique toujours courbé.
A u bout de ce fécond Canal, il y a un repofoir, à la droite duquel eft l’ouverture,
qui donne l’iiTue dans le puits, non par le moyen de quelques degrés, mais
par un tuyeau perpendiculaire, & à peu près comme les Ramonneurs delcendent
dans une cheminée.
\ l’extrémité du repofoir commence le troifiéme Canal, qui conduit à k
chambre inférieure. Il court horizontalement, & en ligne droite. On rencontre,
au devant d e là chambre, quelques pierres, donc le chemin eft cmbaraflë; m a is ,on
furinonce pourtant cette difficulté, quoiqu’avec un peu de peine.
T o u t le dedans de la chambre eft pareillement couvert de pierres ; & quiconque
précendroit examiner le chemin, d’où on les a cirées, s’expoferoit presque à la
même cérémonie, qui fe fa i t , en pafiant du premier Canal au fécond; car c’eft un
paiTage forcé, étroit & peu fréquenté. 11 n’y a que très-peu de perfonnes, qui
ayent la curiofité d’y entrer, d’autant qu’on fçait, que le chemin ne va pas loin, &
qu’il n’y a rien à y voir qu’une niche.
Lors qu’on a fait la vifite de la chambre inférieure, on retourne fur fes pa s,
le long du Canal horizontal, pour regagner le repofoir, qui prive le quatrième Canal
de fon angle aigu , par lequel il touclioit au fécond Canal, & oblige de monter, en
s’accrochant avec les pieds à quelques entailles, faites de chaque côté du mur. C ’eft
de ccccc manière que l'on gagne le quatrième Canal, qui va en montant. On s’y
güfie en rcmpant. Car quoiqu’il aie 22. pieds de hauteur, & des banquettes de
chaque côté, il eft pourtant fi roide, & fi glifiànt, que fi on vient à manquer les
trous crcufés pour faciliter lamenté e, on glifle à reculons, & on retourne, malgré
qu’on en a it , jusqu’au repofoir.
Ces difficultés furmontées, on fc repofe un peu au bout du Canal, où l’on
rencontre une petite platce-forme. 11 faut enfuite recommencer à grimper. Cependant
pendant comme on trouve d’abord une nouvelle ouverture, où l’on peut fc tenir debout,
on oublie bien-tôt cette peine, pour contempler cette efpèce d’entrefolc, qui
d’abord n’eft que d’une palme plus large que les Canaux; mais s’élargit enfuite des
deux côtés; & enfin, en fc baiffimt pour la dernière fois, on pafiè le refte du cinquième
Canal, qui conduit, en ligne horizontale, au falon fupérieur, d’onc j’ai donné
ci-dcvanc la deicription.
Quand on eft dans ce falon, on tire ordinairement quelques coups de pifto-
let, pour fe donner le plaifir d’entendre un bruit pareil à celui du tonnerre; & comme
on perd alors l’efpérance de rien découvrir au-delà de ce que les autres ont déjà
remarqué, on reprend le chemin par où l’on eft v enu, & l’on s’en retourne de la
même manière, ainfi qu’avec la même peine, fur-tout à caufe de la quantité des pierres
& du fable qui cmbaraiTent l’entrée.
Dès que l’on eft forci de k Pyramide, on s’habille: on fe couvre bien; & ou,
boit un bon verre de liqueur ; ce qui préferve de la pleuréfie, que le changement
fubit d’un air extrêmement chaud à un air plus tempéré, pourroit caufer. En-
ûiice quand on a repris fa chaleur naturelle, on monte fur la Pyramide, afin de contempler
de là le Payfage des environs, qui charme la vuë. On y apperçoit, ainfi
qu’à l’entrée, & dans les chambres, les noms de quantité de perfonnes, qui ont vi-
fité en différens tems cette Pyramide, & qui ont voulu transmettre à k pofterité la
mémoire de leur voyage.
Après avoir bien confidéré cette prémiére Pyramide, on prend congé d’elle,
& on s’approche de k fécondé, qu'on a bien-tôt expédiée, parce qu’elle n’eft pas ouverte.
On y contemple les ruïnes du T em p le , qu’elle a du côté de l’Orient ; & , en
defcendant inicnliblement, on arrive au Sphinx, donc on admire k grandeur énorme,
en concevant une force d’indignation pour ceux , qui ont eu k brutalité de
maltraiter étrangement fon nez. On vifite de même les autres Pyramides, tant
grandes que petites, & les grottes du voifinage.
Si on veut encore une autre matière à fatisfaire fa curiofité, ou n’a qu’à s’approcher
des Ponts antiques, donc j’ai ddfiné les Plans, les Coupes & les Profils,
& qui font fitués à l’Eft-quarc-Nord de G iz é , & au Nord-quarc-Oucft des Pyramides.
Ils font élevés dans une plaine, tous les ans inondée, dans le tems du débordement
des eaux du N il, à environ une demi-lieuc des montagnes, & à égale diftance de la
première Pyramide.
T om . J . . Y Ces
PO N T S antiques.
P l a n c h e
L IV .
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