I. REMAR-
Q U E
fur le G rand
Cayre.
I T
li
r I. i ï V 1 ( 'I: I ' !
P l a n c h e
X Y III.
blics, de fes Portes, itc . Cependant, pour qu’on ne me puiffe pas reprocher de
n'en avoir rien dit, je ferai quelques Remarques fur certains fujcts, qui peut-être ne
paroîtront pas à tout le monde indignes d’attention.
L a prémiére de ces Remarques concerne la Cérémonie, qui fe pratique chaque
année, lorsqu’il eft queftion de couper la Digue du C a l i f c h , ou Canal, qu i, dans
le tems de l’accroiffement des eaux du N il. les doit conduire au Grand-Cayre; & qui,
dans la Campagne, ne reffembic qu’à un Fodé mal entretenu, car il n'a, ni revêtement
de maçonnerie, ni même de bord marqué. A la vérité, quand il entre dans
la V ille , il devient un peu plus refpeaable, y coulant le long des murailles des mai-
fous bâties fur fes bords. Du refte, il n’a pas grande largeur dans la V ille , non
plus que dans la Campagne; & dans l'endroit, par où entrent les eaux d uN i l, il peut
avoir 15. à 20. pieds de largeur.
De squ e les eaux du N il commencent à croître, on ferme l’embouchure du
Califch, par le moyen d'une petite Digue de terre, qu’on y élé ve , & on y pofe une
marque, qui doit indiquer le tems de l’ouverture de ce Canal, & de tous les autres
canaux du Ro)-aume.
Lorsque ce jour eft arrivé, le Bacha, & fes Beys, fe rendent en grand cortège
à la cérémonie de l’ouverture de la Digue. Ils fe placent fous un aifez mauvais Pavillon,
qui eft à côte; & les Coptes & les Juifs font employés à couper la Digue.
Quelques inal-peignés, qui font dans une méchante Barque, jettent des Noifettes,
des Melons & autres chofes femblables, dans l’eau qui encre, tandis que le Bacha fait
jetter quelques Paracs, & fait allumer un pauvre feu d’artifice d’une vingtaine de fu-
fées. Enfin toutes ces réjoifiiTances, tant vantées par quelques Vo yageurs, abou-
tiiïènt, à peu de chofe près, à celles, qu’on pourroit voir à la noce d’un bon Payfan.
Ce qui y pourroit abfolument attirer la curiofité, c’eft le cortège des Grands, q u i,
dans fon cfpéee, ne lailTe pas d’avoir quelque chofe de magnifique.
L e Peuple, dans ces rencontres, fait mille folies, pour témoigner la joie, qu'il
a de ce que raecroifTeinenc du Nil lui promet la fertilité du Pays Sc l’abondance de la
MoifTon. L e s danfcs les plus lalcives font les moindres marques de fon allégreiTe,
& il ne fc paffe guère d’année, que quelqu’un ne perde la vie au milieu de ces réjouif-
fances cumultueufes, qui font rcpréfentées au naturel d-ans mes defleins.
ir. R EM A R .
QUE.
P l a n c h e
• XIX.
L a fécondé remarque, que j’ai à faire, regarde le fameux Puits de Jofeph,
dont le Plan Sc la Coupe fe trouvent auffi, avec toutes leurs proportions, parmi mes
deifeins. L a bouche de ce Puits a ig . pieds de largeur fur 24. de longueur. Sa
profondeur eft de 276. pieds, depuis la rouë fupérieure jusqu’au fond de l’eau. Cette
profondeur eft partagée en 2. tems. A u bout de 146. pieds, on rencontre un repos,
oupaillier, fur lequel ou puife l’eau du fo n d , par le moyen d’une fécondé rouë à
chapelet de cruches de terre. Cc repos fe trouve un peu plus bas que le milieu de
la profondeur; car, delà au fond du Puits, i! 11c refte plus que 130. pieds. Ce
fécond quarré du Puits n’eft, ni fi large, ni fi long, que le prémier. Il n’a que 15.
pieds de longeur fur 9. de largeur; & fa hauteur eft de 9. pieds. T o u t ce Puits
eft taillé proprement dans le roc, & fi artiftemenc, que le rocher fert de rempart à la
defcentedu côté du puits; & on a pratiqué, d’efpace en efpace, des fenêtres pour
donner du jour. Il vient de la bouche du Puits, & fert pour la defcente des Boeufs,
deftinés à tirer l’eau par la fécondé rouë. De-là jusqu’au fond regne un autre efca-
lier, ou une defcente, qui fait la même figure; fi ce n’eft qu’elle n’eft pas fi large que
la prémiére, n’ayant que 3. à 4. pieds de largeur, & 6. pieds de hauteur: encore
n’a-t-elle point de parapet aux côtés. Elle eft toute ouverte; Sc cela rend la defcente
très-dangéreufe. A u bas de cette dernière defcente eft le baifin, ou la fource de
l’eau, qui n’a que 9. à lO . pieds de profondeur. L e goût en eft un peu falé;
auIfi ne s’en fert-on point pour boire, qu’en cas de fiége, ou dans quelque autre
néceffité.
L e Commerce eft l'objet de ma troifiéme Remarque. Il a été autrefois plus III. REMARgrand
qu’il n’eft aujourdhui; mais il ne laÜTe pas encore d’être aifez confidérable; & ^
comme j’ai eu la curiofité de me faire mettre au fait de la Monnoie, des différens
poids & mefures & des Marchandifes les plus com-antcs dans le Pays, je vais en
donner une idée un peu détaillée.
11 y a en Egypte des M A ID IN S , qui font de petites pièces d’argent.
L e F E N D O U C L I eft une pièce d’o r , qui vaut 146. Maïdins.
L e G E N Z E R L I & le M A H B U B , font deux autres différentes M o q -
noies d’o r, qui valent i i o . Maïdins la pièce.
On fe fert auffi dans le Commerce d’une P IA S T R E imaginaire, évaluée à
60. Maïdins.
T om . I . N Les
M O N -
N O I E S .
,U"; : 'djj:
m '
î i ' .
'é::