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L e H U A U ,
nu G rand-
Maitre de
Police.
66 Voyage d 'E g y p te
Chaque Place a un Cadis. ou J ug e , qui termine les procès, par des fenten-
ces presque toujours en dernier reflbrt, & fans appel. Il agit pourtant avec quelquecirconfpea
ion. de crainte, que les Parties n'aycnt des Amis aflèz pniiTans, pour
le traduire devant un Tribunal fupérieur.
11 y a au Cae re, outre le Cadis, un Grand Maître de Police, nommé H Mali,
qui y fait à peu près la même figure, que nos Grands-Prevôts font à l'Armée. Les
Marchés publics, les poids & les mefures font de fa compétence, & fi quelqu'un
tombe en contravention, fes Satellites fçavent rendre une prompte juftiee. 11 (è
p romène fouvent en perfonne, tant de jour que de nuit, par la V ille; & comme il
eft accompagné d'une cinquantaine de Bourreaux, & qu'il a pouvoir de vie & de
mort, fans Être tenu de rendre compte de fes affions, fa préfence impofe un très,
grand refpeft. Heurcufcment, on fc peut appcrcevoir. de bien loin, de fa venue.
Chacun a foin alors de fc cacher, ou de fe glifièr dans une autre rué.
J 'a i d eja d it, q u e les B eys éto ie n t c h a rg é s d u g o u v e rn em e n t d es P ro v in c e s: la
réglé n'eft cependant pas fi certaine, qu’elle ne fouffre des exceptions. Plufieurs en-
droits n’ont que des Caeheffs, ou des Caymakans. L e s prémiers gouvernent trois ou
quatre Villages à la fois; & les derniers n’en gouvernent qu’un. Mais les uns & les
autres y joUffent des mêmes privilèges, dont jouit un Bey dans fa Province: Il n y a de
diff'érencc qu’en ce que le Diftria des Caeheffs ou des Ca’imakans eft plus borné.
MUFFTI S< En fait de Religion, l’E gypte eft gouvernée par un A lu ffli, & par les Do-
Dodeu.s de (Je |j Loi. C e fo n t eux , q u i jugent dans les caufes fpirituelles. Ils prennent
encore quelque part au Gouvernement féculier; mais ils ont la politique de fe
prêter adroitement, tantôt à u n e F a a io n , tantôt à l’autre, rcftans toujours attachés a
celle qui a le deffus, du moins pour tout le tems qu’elle l’emporte fur les autres.
Je ne dois pas oublier de parler des Princes Arabes, & de dire de quelle façon
ils fe gouvernent, & quels moyens on emploie pour les réduire à l’obeïffance. Ce
font, je l’avoue, deux articles bien critiques, & très-difficiles -1 décrire. .Je tâcherai
pourtant de le faire, & je ne désefpére pas d'y réulfir, en fuivant les lumières, que
j’ai pu acquérir dans le Pays.
Ar te s FÉ E c s Arabes, qui fc trouvent dans le Delta, & au deifus du Cayre, jusqu’à
L a 'c sÉ s 8. Benefoeff, fe divifent en FELAQUES & en BEDOUINS, Les prémiers font
: qui font entièrement aiïu-
jettis
BEDOUINS.
des Payfans, qui font leur demeure dans des Villages, i
jettis au Gouvernement. L e s autres font des Arabes, diftribués en petites T ro u pes,
chacune avec un Clief, qu’ils appellent Sch ech . Iis habitent toujours fous
des Tentes ; & chaque Peloton forme un petit Camp. Comme ils n’ont aucun terrein
à eux, ils changent de demeure auiïï fouvent que bon leur femble. Quand ils
fe fixent quelque part, pour un certain tems, ils font accord avec le B e y , le Cacheff,
ouleCa ïma kan, ¿cachettent, pour une année entière, la perraiffion de cultiver une
certaine portion de terre, ou d’y faire paître leurs troupeaux, pour le tems, dont ils
font convenus. Ils y demeurent alors tranquillement, vont & viennent dans les
Villages, ou Villes voifines, vendent & achettent ce que bon leur femble, & jouïffcnt
de toute la liberté, qu’ils peuvent défirer. Ils font même moins véxés que les ,
autres Sujets du Grand-Seigneur ; car comme ils n’ont rien, on ne fçauroit rien leur
prendre; & fi on prcccndoit les toucher d’ailleurs, la chofe entraîneroit fans doute
de dangéreufes conféquences.
Ce feroit un grand avantage pour l’E g yp te , fi cous les Arabes vouloienc agir
auffi régulièrement que ceux , dont il vient d’être parle. L e Pays, qui ne manque-
roic plus de Laboureurs, fe verroit cultivé : les Officiers du Gouvernement recevroient
exaacment les tributs, & pourroient fubvenir d’autant plus aifémenc à ceux qu’ils font
tenus de payer au Grand-Seigneur ; mais ces Bedouins font trop volages, & quelquefois
trop frippohs, pour 'mener long-tems une vie fi unie. Quand ils ont fait quelque
efcapâde, & qu’ils craignent la juftiee, ou quand on leur a fait du tort, ils plient
d’abord bagage, décampent, & complottent avec d’autres Camps. Ils groiîiiTenc
ainfi leur nombre ; & après s’être choiii un bon C he f, ils vont prendre quartier dans
ce! endroit du Pays, qu’ils le jugent -à propos. Us ne prennent plus foin alors de cultiver
le terrein: ils moifibnnent feulement ce qu’ils y trouvent. Les Gouverneurs
cherchent d’abord à s’y oppofer, & les réduifent quelquefois; mais le plus fouvent
CCS Bedouins leur réfiftenc, & ne fe retirent point, qu’ils n’ayenc tout défolé. Ces
pillages ruïnenc les Fclacques, qui fe voient hors d’état de payer leur tribut; &
comme le Grand-Seigneur ne connoît point de non-valeurs, c’eft au Bacha, ou aux
autres Officiers, à trouver les moyens propres, pour amafîèr les fommes néceffaires,
afin de faire bon pour c eu x , qui ne peuvent pas payer.
On a , presque tous les ans, de ces forces de petites guerres. Lors quelles
ne font pas de durée, la perce, que cauiènt les Bédouins, peut être fupporcable; mais,
fi une de leurs Troupes s’eft une fois bien établie dans un endroit, elle fait d’abord
beaucoup de tort aux Voifins, & finit par détacher de la jurisdiftion du Gouverne-
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