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VENDR ED I, 3. ja n v i e r .
V o y e ïU L e matin, de bonne heure, nons recommençâmes à faire ufage de la corde. Le
Carte du N)I, touiours du côté du Nord; mais il ne fouffloit pas affez fort; de forte Plan ch e _ - CLVIII. que nous n’avancions guère.
Nous ne fîmes ce jour-là que trois lieues, & nous ne vîmes que trois Villages;
fçavoir
ABADU,
Situé fur la Rive orientale du N il; & à peu près deux lieues plus loin, nous
nous trouvâmes encre
KERAVASCHIE
& DIVAN.
L e premier de ces Villages'écoic à notre droite, & le fécond à la gauche. Nous
attachâmes la barque près de Divan.
SAMED I, 4. J a n v ie r .
L = matin, avant que de mettre an large, nous eûmes une fcène férieufe avec le Pilote.
Il vint à nous & nous demanda fon habit. Perfonne ne lui en avoic promis;
& ce n’écoit pas non plus la coutume de faire de lèmblables préfens aux Pilotes. Ainfi
on fc mocqua de lui ; & on lui déclara tout net, qu’il n'en auroit point. 11 ne laiiTa
pas d’infifter encore; & quand il vit à la fin qu’il ne pouvoit rien gagner, il fut afièz
infolenc, que d’en venir aux menaces.
Pour foutcnir le caraftérc de fermeté, que nous avions toujours montré, nous
lui fìmes dire, que s’il ne fe caifoit fur le champ, nous lui ferions mal paifer fon tems.
Cette menace, accompagnée de la vue d’un piftolet bandé, lui impofa filence. Il ne
dit pas un mot; mais après avoir pris fes hardes, il quitta la barque, jurant tout bas,
qu’il nous feroic refter une quinzaine de jours dans l’endroic où nous étions. Nous en
fûmes avertis par le Valet ; & nous lui fìmes dire, que puisqu’il avoic tant fait que de
quitter la barque, il devoir bien fe donner de garde d’y rentrer fans notre permiffion.
Il fe mit à rire, & s'en alla. Cependant comme il v it, qu’on n’envoyoic perlbnne
après lui, pour le prier de retourner, il revint dc lui-même au bouc d’une heure; &
& en approchant de la barque, i! demanda s’il pouvoir y encrer. Nous lui fîmes dire,
qu e , pour cette fois, nous voulions bien y confentir; mais que s’il s’avifoic d’éprpuvcr
davantage notre patience, il n’en feroic pas quitte à fi bon marché.
La
L a tranquillité étant ainfi rétablie, nous mîmes à la voile; & après avoir paifé
entre deux Villages, nommés
T O M A S
& S lü S lU G A ;
L e premier à notre droite, & le fécond à la gauche, nous arrivâmes vers le
Midi à
DEIR, ou DERRI.
Cette Place eft fituée fur la Rive orientale du N il, à peu près dans l’endroic où
ce Fleuve commence à diriger fa courfe vers fOccidenc; & on en trouve une vuë dans
mes deifeins.
L a nouvelle de nôtre arrivée nous avoic devancée; car lorsque nous attachâmes
la Barque à terre, nous vîmes accourir une foule de inonde curieufe de nous voir.
Ç)n m’y avertit d’abord, que le Sch orb atfcb ie étoit de retour, & qu’il avoic aifemblé
d’autres Puilfances chez lui. Je m’y rendis auifi-tôt accompagné du Pére, qui enten-
doit la Lan gue , & de notre Valet Juif. Ils étoient en grand Divan. Nous fûmes
reçus avec beaucoup de civilité. Baram Cacheff préfidoic, & me fit dire, après les premiers
compÜmens, qu’ils avoient délibéré enfemble à notre fujet; & que comme ils
çcoient dans l’intention d’avancer notre V o y a g e, ils avoient cru , que le meilleur expédient
qu’il y e û t, c’étoit de nous garder à Derri, jusqu’à l’arrivée du nouveau Cacheff;
parce qu’alors ils iroienc faire la guerre à un Peuple, qui demeuroic aux environs dc la
fcconde Catarafte; & que, comme ils méneroienc une Année de 500. hommes, nous
ferions la route en bonne compagnie, & en toute fureté. T o u t le Divan témoigna
être du même fencimenc. Pour moi qui commençois à icntir la mèche, je leur (is dire,
que nous préférions de continuer notre route fur le Nil, avec la Barque que nous avions
frétée ; & que cependant nous ferions nos réflexions fur les offres qui nous étoient faites.
11 écoit aifé de voir, au travers de ces offres oblig-eances, qu’on avoit envie dc
nous tendre un piège, donc nous aurions bien de la peine à nous débarraffer, à moins
que nous ne crouvaflîons un expédient, pour leur faire prendre le change. .J’engageai
le Pére à parler à Baram Cacheff, pour lui d ire , que je fouhaiterois fort dc m’entretenir
avec lui tête à tête. Il y confentit, & me fixa une heure. Je me levai alors;
& après avoir falué le Divan, je me rendis à la barque, afin d’y concerter avec nos
Compagnons dc voyage, les mefures, que nous avions à prendre dans une circonftance
fi critique.
Lorsque ie leur cûs fait le récit des propofitions du Divan & que nous nous fû mes
rappelle tout ce qui nous avoic été dit à Efîuaen, ¿k ce qui nous écoic arrivé depuis,