PYRAMIDES
fituées
auprès du
Cayre.
P l a n c h e
X L I.
P l a n c h e
X LII.
P l a n c h e
X L IV .
L e s principales Pyramide.? font ù l’Eft-Sud-Efl: de G iz e , Village fitué fur 1a
rive Occidentale du N il, comme je l’ai déjà remarqué ci-dcvant; & comme plufieurs
Auteurs ont prétendu, que la Ville de Memphis écoic bâtie dans cet endroit, cela eft
caufe qu’on les appelle communément les P y r am id e s de M em p h is ,
Il y en a quatre, qui méritent la plus grande attention des Curieux; car, quoiqu’on
en voye fepc à huit autres aux environs, elles ne font rien en comparaifon des
prémiéres, fur-tout, depuis qu’elles ont été ouvertes, & presque entièrement ruinées.
L e s quatre principales font presque fur une même ligne diagonale, & diftan-
tes l’une de l’autre d’environ quatre cens pas. Leurs quau-e faces répondent pvéci-
fement aux quatre Points Cardinaux, le N o rd , le Sud, l’Eft & l’Oucft. J ’ai donne
deux vuës de ces anciens Monumens : l’une prife d’Atter-Ennabi, ou de la grande
Mosquée de Deiretiin: l’autre tirée de k Maifon du Ka'ünakan, à une lieuë de
diftance.
L e s deux P)-ramidcs les plus Septentrionales, font les plus gi-andes, & ont 500.
pieds de hauteur perpendiculaire. Les deux autres font bien moindres ; mais elles
ont quelques particularités, qui font caufe qu’on les examine & qu’on les admire.
L e Plan des Pyramides, que j’ai levé, Sc où j’ai repréfenté, au jufte, leur fituation,
avec leurs environs, fait voir de quelle manière elles font élevées fur le roc au
pied des Montagnes. L e roc ne s’étant pas trouvé par-tout é ga l, 011 l’a applani
avec le ciièau ; comme on le découvre en plufieurs endroits; & cette Plaine artificielle
a un talu du côté du N o rd , & du côté de l’Orient ; ce qui favorifa de ce dernier
côté la conftrutlion de diverfes levées, qui donnoient le moyen de tranfporter commodément
les matériaux nécefiâires pour les Pyramides. Cette plaine peut avoir
quatre-vingt pieds d’élévation perpendiculaire, au defi'us de l’Horifon des terres, qui
font toujours inondées du Nil ; & elle a une lieuë Danoife de circonférence.
Quoique cette Plaine foit un roc continuel, elle eft pourtant presque toute couverte
d’un fable volant, que le Vent y apporte des hautes montagnes des environs.
On trouve, dans ce fable, quantité de coquillages & d’Huitrcs pétrifiées, chofe d’autant
plus furprename, que le Nil ne monte jamais aifez haut pour inonder cette
Plaine : outre que quand il y parvicndroit, ii ne pourroit pas en être regardé comme
la caufe, puisque ce Fleuve, ni ne roule, ni n’a même dans tout fon cours, aucuns
coquillages. D’ailleurs on auroit à demander, d’où viennent ces coquillages de la
même cipcce, que l’on trouve jusque fur les Pyramides mêmes. Mr. Scheuczer
auroit.
auroit, je penfe, de ia peine à conjeflurer it i , que ce font des reftes du Déluge uni-
verfei. Dans ce cas-là il feroic obligé de dire , que les Pyramides auroienc pu fe fou-
tenir contre un Déluge fi terrible. L e miracle ne lui paroîcroic-il pas trop grand?
J’ajouterai, que, dans ce Quartier, on trouve de ces célébrés cailloux, qui, par la
fingularicé de leurs couleurs, font beaucoup plus eftimés que l’A g a te , & donc on
fait au Cajx e des tabatières & des manches de couteaux.
L a plus Septentrionale de ces grandes Pyramides eft k feule, qui foie ouverte;
& comme elle eft celle, qu’on rencontre k prémiére, je commencerai par elle ma
défcription: après quoi j’examinerai ce qui fe préfence de plus remarquable dans
les autres.
On connoît fi bien la figure d’une Pyramide, qu’il feroic fuperflu de s’arrêter
à la décrire. J ’obferverai néanmoins, en partant, que c’eft la figure k plus folide,
qu’il foit poffible de donner à un corps de bâtiment. Il n’y a pas moyen de k ruiner
, fi on ne commence par le deffus. Elle pofe fur des pieds trop fermes, pour
l’attaquer de c e c ô te -k ; & quiconque l’encreprcndroic y trouveroit autant de peine,
qu’on en a eu à l’élever.
Il faut être bien près de cette PjTamide Septentrionale, & pour ainfi dire
mefurer fa propre grandeur avec elle, pour pouvoir difcerner l’étendue de cette
Marte énorme. Elle eft ainfi que les autres, tant grandes que petites, fans fondemens
artificiels. L a nature les lui fournit par le moyen du roc, qui en lui-même
eft aflez fo rt, poui- fupporter ce poids, qui véritablement eft immenfe.
L ’extérieur de la Pyramide e f t , pour k plus grande partie, conftruic de grandes
pierres quarrées, taillées dans le ro c , qui eft le long du N il, & o ù , encore aujourdhui,
on voit les grottes, d’où on les a tirées. L a grandeur de ces quartiers
de pierres n’eft pas égale ; mais ils ont tous k figure d’un prisme. L ’Archicefte
les a tous fait tailler de k force, pour être mis l’un fur l’autre, & pour être comme
collés enfemble. On diroic, que chaque rang doit former un degré autour de la
Pyramide. Mais il n’en eft pas ainfi en effet. L ’Archiceae a feulement obfervé
la figure Pyramidale, fans s’embarraffer de k régularité des degrés.
Ces pierres ne font pas à beaucoup près fi dures, qu’on pourroit fe l’imaginer,
puis qu’elles ont fiiblifté fi long-ccms. Elles doivent proprement leur confervation
au Climat, où elles fe trouvent, qui n’eft pas fujet à des plu>-es fréquentes. Mal-
T om . L D g'-é