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Milice d’E gypteles
JANISSAI-
RES &
ASSAFFS.
ordres du Grand-Seigneur, & d y convenir, avec le Baclia, des moyens les plus
faciles, & les plus prompts, pour mettre ces ordres à exécution. A u cas que
l’E gypte envoyât fon Contingent, ou d’autres Troupes i l’Empereur, quelques Beys
devoienc les commander; & la Charge de Grand-Chancelier ne pouvoit être exercée
que par l’un deux. L e titre de Bey, ou Beg, leur reftoit toute leur v ie; mais
les diverfes Charges, qu’on leur confioit, n’étoient que pour un tems, & félon le bon
plaifir du Bacha.
Il femble, par ce qui vient d’être dit, qu’en Egypte le pouvoir Souverain eft
entre les mains du Bacha ; & que tout autre commandement eft partagé entre les
divers Beys; mais, ii on fait attention, qu’ils ne font en charge qu’un ou deux ans,
& qu’ils n’ont point les Troupes i leur difpofition, il y aura beaucoup â rabattre
de cette idée.
Eu effet, Selim, après avoir ainfi difpofé des premieres Charges du Gouvernement,
& après s’être défait des Mameluks, introduifit une Milice fur le même
pied que celle des T u r c s , & la fixa à un certain nombre d’H omines, qui furent
pour la plupart levés dans l’Egypte même, S: feulement entremêlés de quelques autres,
tirés des diverfes Provinces de l’Empire, & de quelques-uns des T u r c s , qui
étoient reftés dans le Pays. Ces Milices furent divifées en différentes Claffes Militaires,
qui font d’ufage dans l’Empire Ottoman, & qui font connues fous le nom de
P o r te s . Mais comme il n’y a que celles de Janiffaires & des Affaffs, qui fe faffent
confidérer, & que les autres même fe font paffer le plus fouvent pour être d’un de
ces deux Corps, je les obmêts, volontiers, afin de pouvoir parler plus amplement
des deux Portes en queftion.
Ces deux Corps de Milice ne différent que dans leur nombre, qui quelquefois
même eft plus grand dans l’un que dans l’autre. Du refte leur gouvernement,
& leur difcipline, fe reffemblent entièrement. Cela n’empêche pas, qu’ils ne vivent
dans des jaloufies continuelles; Sr, félon toutes les apparences, la faute vient de la
part des Janiffaires, qui, fe croyant plus formidables, en deviennent plus fiers; car
quoique, par rapport à la valeur, ils le cèdent beaucoup à ceux de Conftantinople,
ils lie laiffent pas de fe faire bien de l’honneur de leur nom, Sr de, méprifer les
autres Corps.
Chaque Porte a un A g a à fa tête. Cet Officier n’cft point nommé par le
Bacha. Il faut qu’il foit élu par le Corps 'même, Sr qu’il foit enfuite revêtu du
Caffei
i de Nubie. 65
Caffecab, ou Brevet du Graiid-Scigneur. 11 fe mêle uniquement des intérêts de fa
porte: il affifte au grand Divan: il préfide au Confeil de fon propre Corps, Sr il a
fous lui de moindres Officiers, appelles JCiaja, ou K ie ch e , Sr Swus.
On entend par Kiaja, ou Kieche, une efpcce de Colonels, qui entrent encore k.\A]A, ou
au Divan du Bacha, 8c font quelquefois des gens de grande importance. Ils for- KlÉCHE,
ment enfemble une Compagnie; Sr deux d’cnrre eux font choifis, chaque année, pour
vacquer aux affaires de leur Porte.
Les Sious, ou Têres-noires, foinc de moindres Officiers, qui ne laiffent pas SIOUS,
cependant d’avoir leur part dans le Gouvernement, félon l’intérêt, qu’ils y fçavent
prendre. Il y en a dans cliaque Porte quelques centaines.
C c feroit ic i, iâns doute, le lieu de diftinguer plus particulièrement les Charges,
que je viens de nommer, Sr d’en faire connoître au jufte les différens devoirs;
mais outre que je n’ai nulle intention d’entrer dans un plus grand détail fur leur
compte, j’avouë franchement, que je n’ai pas affez étudié toutes les régies de leur
difcipline. D’ailleurs mon but eft feulement de faire connoître au Lecteur ce qui
s’eft pafi'é, dans le tems que j’ai fejourné dans le Pa\'s ; & peut-être que cela feul
donnera une plus jufte idée de leur Etat Militaire, que toutes les defcriptions, qu’on
en pourroit faire.
Pour aclicY’er cc que j’ai à dire en général, touchant le Gouvernement Militaire
, j’obicrvcrai, que Selim ne trouva pas -à propos de conferver dans le Pays aucune
Année Navale ; Sz que par conféquent on n’y en doit point chercher aujourdhui.
On pourroit presque en dire autant des Places fortes; mais comme, dans
toute l’E g ypte , il peut encore fublifter une deini-douzaine de Chatcaux fortifiés, il
faut bien leur faire rhonncur d’en dire quelques mots; quoiqu’en effet Selim ait ruïné
tout ce qui ctoit en état de iè défendre.
Ces Chatcaux ont des Garnifons, compofées de Janiffaires & d’A ffafs; & piaccs forte'
ceux qui les commandent prennent le titre d’A ga. Ils ont des Subalternes nommés
Scborhatjcbies, qui forment avec eux le Divan. I.cu r pouvoir ne s’étend,
de droit, que fur les Fortereffes, où ils commandent; mais pour peu qu’ils ibient
intérefiés, ils trouvent adroitement les moyens de paficr leurs limites, & de s’ingérer
dans toutes les affaires du voifinage.
T om . I . R Cha