Pplats de
Céfar.
P l a n c h e
VI.
Obélisque de
Cléopatre.
P l a n c h e
V II. VIH.
& IX.
on donna anffi le nom de Palais de Céfar. Il ne refte d'ailleurs aucun veftige de
ce fuperbe bâiimeni; ce qui fait que je ne m’arrêterai qu'à l'Obélisque.
Cet Obélisque de Cléopatre eft lîtué, presque au milieu, entre la nouvelle
■Ville & le Petit.Pharillon. Sa bafe, dont une partie eft enterrée, fe trouve élevée
de 20. pieds au-dclfus du niveau de la Mer. Entre ce Monument & le P o r t, rcgne
une épailTe muraille, flanquée, à chaque côté de l'Obélisque, d'une grande T o u r ;
mais cette muraille a été tellement rnïnéc, que fon haut eft presque égal à ia
bafe de l'Obélisque. L a partie intérieure de ta muraille n'cft qu’à lo . pieds de ce
Monument; & la partie extérieure n’eft qu’à 4. a 5. pas de la mer. T o u t le devant
de cette muraille, jusque bien avant dans le Port, eft rempli d'une infinité de
débris de colonnes, de frifes, ou d'autres pièces d'Architecfture, qui ont appartenu
à un Edifice fuperbe. Ils font de diverfes fortes de marbres. J’y ai appcrçu
du Granite & du Vcrd antique. Du côté de la terre, l'Obélisque a derrière lui
une allez grande plaine, qu'on a fi fouvent fouillée, que tout le terrein feinblc avoir
été pané au crible. Il n’y vient, par-ci par-là , qu'un peu d'herbe: encore cft-clle de
fi mauvaife fubftance, qu’ellg fe féche d’abord.
Quant à l'Obélisque en lui-même, il eft d'une feule pièce de marbre granite.
Les Planches VII. VIII. & IX. rcpréfentent les deifeins de fes quatre faces, avec
leurs dimenlions. Il fuffit feulement de dire, qu'il n'y a qne deux de ces faces,
qui foient bien confervées; les deux autres font fruftes; & on y voit à peine les Hiéroglyphes,
dont elles ont été couvertes anciennement.
Oléüsque L'Obélisque renverfé paroit avoir été cafié; mais ce qu'on déchiffre de fes
renverfé. Hiéroglyphes fait juger, qu’il contenoit les mêmes figures, & dans le même ordre,
^ ^VIII ^ àe l’Obélisque qui eft debout.
On s’étonnera fans doute, de cc que les Empereurs Romains ne firent pas
tranfporter à Rome cet Obélisque, plutôt que les autres, qu’il faloit aller chercher
bien loin. Mais fi l’on confidére les deux faces, qui ont été gâtées par l'injure des
tems, on trouvera, que c'étoit-là une raifon fuffifantc pour ne le point emporter;
èc cette raifon difpenfe de recourir à d’autres.
Quelques Auteurs anciens ont écrit, que ces deux Obélisques fe trouvoient
de leur tems dans le Palais de Cléopatre; mais ils ne nous difenc point, qui les y
avoit fai: mettre. Il eft à croire, que ces Monumens font bien plus anciens, que la
Ville
V i lle d'Aléxandrie, & qu’ on les fit apporter de quelque endroit de l'Egypte, pour
l'ornement de ce Palais. Cette eonjeanre a d'autant plus de fondement, qu'on
feait qne, du tems de la fondation d'Aléxandrie, on ne faifoit plus de ces Monu-
mens couverts d'Hiéroglyphes, dont on avoit déjà perdu long-tems auparavant &
l’intelligence & l’ufagc.
L e s deux côtés d'une pierre fi dure, gâtés & effacés, nous font connoître C ô - h y ^ -
!a grande dilTérenee qu'il y a entre le Climar d'Aléxandrie, & celui de tout le refte g,
d e'l'Eg vpte; car ce n’eft ni le feu , ni une main brutale, qui a endommagé ces P la ^ n c h c
pierres? On voit clairement, qu'il n'y a que l'injure du tems, qui a rongé qnel-
qnes-unes des Eignres, & qui en a eff'acé d'autres, quoiqu'elles fuftent gravées allez
profondément. ,
Comme les defleins donnent au jufte les contours des figures, qui couvrent
les faces de cet Obélisque, je me difpenfe d'entrer dans un plus grand détail. Amfi
après avoir donné tout cc qne je fqais, par rapport à ce Monument, je le quitte,
pour examiner ce qui fe trouve an pied des murailles, & le long de la me r, depuis
rObclisque jusque vers le Pecic-Pharillon.
J'ai déjà dit. qu'au devant de l'Obélisqne, on trouve une grande quantité
de divers marbres, qui paroilTcnt avoir été employés à quelque Edifice fuperbe.
On juge facilement que ce font les débris du Palais, qui étoit Ctué dans l'endroit,
où eft l'Obélisque. Ce n'cft qne parce qu'ils font dans la mer, qu'ils reftent-là.
L'accès en eft trop difficile pour les retirer & pour les emporter. Il n'en a pas
été de même de ceux , qu i, en tombant, demeurèrent fur la terre. On en a
enlevé une partie, pour les transporter ailleurs; & le refte a été employé dans
la nouvelle Alexandrie. Il ny a donc point lien d'être furpris, li, dans l'efpace
que nous allons parcourir, on ne trouve plus de ruines d'une matière fi rare.
On n'y apperqoit cft'caivcment que des ouvrages de briques cuites an feu & très
dures. Us méritent pourtant notre attention, puis qu’ils fe préfentent avec un
air d'antiquité. Qiiclqiies canaux voûtés, ouverts & en partie combles; des
appartemens à demi détruits : des murailles entières rcnverfées, fans que les briques
fe Ibient détachées; tout cela prouve que cc ne font pas des ouvrages d’une con-
ftruaion moderne. Par malheur, ces ruines forment un cahos fi confus, qu’on
ne fçauroit fe faire une jufte idée des Edifices, qui étoient dans ce quartier. T o u t
cc qu'on peut s'imaginer, c’eft que ces bâtimens appartenoicnt au Palais. & qu’ils