faite rUme fépulcrale, qu’on voit dans la prémiére Pyramide; du Granite, donc les
chambres iepulcrales font revécues, & de celui, donc eit couverte la cime de la feconde
Pyramide. Toutes ces pierres ne font pas feulement fans Hiéroglyphes; elles font
encore fans la moindre poliiîùre ; marque certaine, que, dans le tems qu’on éleva les
Pyramides, on n'avoit pas encore l’arc de polir cette forte de marbre.
On ne peut pas objecter, qu e , par un efprit de religion, on ne vouloit peut-
être admettre aucune poIiiTure; car tous les autres marbres, qu’on y a employés,
font polis dans la dernière perfection. Il faut donc, que les Pyramides ayent été
élevées avant tous les Obélisques, avant toutes les Urnes fépulcrales, qui ont été tram
fporcées à Rome, & avant les CaifTes des Momies, qui ont été faites de Granite, puisque
toutes ces pièces, fi on en excepte un bien petit nombre, ont été faites de Granite
poli.
Je m’en tiens à ces deux argumens, qui m’ont beaucoup frappé. J ’ignore
l’effet, qu’ils pourront faire fur d’autres. Mais je me garderai Lien d’adopter les vaftes
conjefhures, qui n’ont d’autre fondement, que les rapports des Prêtres Egyptiens:
rapports très-faux en eux-mêmes, comme l’ont fort bien remarqué ceux qui fuivent
leurs Traditions.
P a g . 43 . F o r w h a tE iid o r In ten t io n the Pyramids we rce re c led - -
Je conviens, avec Mr. Greaves, que la Religion Egj'pcicnne a été la principale caufe
de la fondation des Pyramides; mais je crois, qu’en même tems, Fambicion y a
eu beaucoup de part. Dans l’une ou l’autre de ces vues, on ne pouvoir jamais élever
de Monumens plus vaftes, ni plus folides. Nulle forte (TArchiceÉture n’eir approche;
& où en voit-on qui coûte autant de peine à détruire qu’à élever? On eft
quelquefois furpris, en remarquant, que cette Montagne n’aifante qu’une Souris ; &
que toute une Pyramide ne contient que quelques chambres & quelques allées baffes &
étroites. Mais quand on confidére, qu’on n’avoit pas alors l’art des voûtes ; & fi l’on
fa it, en même tems, attention au fardeau énonne, que les creux avoient à fupporter,
on comprend aifémenc, que la durée, qu’on vouloit ménager à la Pyramide, ne per-
mectoic pas de miner beaucoup dans le folide, qui déjà n’écoic pas compofé d’une matière
trop fo rte, pour fe fupporter lui-même; mais, qui plutôt avoit befoin d’être fou-
tenu par les grands blocs de pierre de taille, donc les dehors des Pyramides font garnis.
Pour fe convaincre, que ce raifonnement tire au v rai, & qu’il peut même le
démontrer, on n’a q u a jeccer les yeux fur les petites Pyramides, qui font à l ’entour
des grandes. Comme elles fc trouvent en grande partie ouvertes, on voit qu’elles
font
font entièrement conftruices de pierres de taille ; & qu’elles ont par-là l’avantage, que
leurs chambres & leurs conduits ont pu avoir plus d’éteiiduë à proportion, que dans
jes grandes Pyramides, q u i, eu égard à leurs hauteurs réciproques, font dans les perpendiculaires
en proportion de 500. à 30. ou 40.
P a g . 5 3 . D iod oru s thus dcfcribes - - -
On d o ie, je penfe, compter parmi ces fuperbes Monumens, celui d’Ofimaiidias.
J ’en ai vu un aucce vis-à-vis de M ed in e l-H a bu , Sz j’ofe me perfuader, que
le petit Temple de Granice de Thébes a été du nombre. L e Pére Siccard prétend
avoir vu ceux qui font dans les Grottes. Pour mo i, je les ai eherehés foigneufè-
nicnc: je fuis entré dans beaucoup de Grottes; mais il m’a été impoffible de les découvrir.
P a g . 59. Mercuriales t u m u lo s -------
Îl feroic très-difficile de convenir fur cet article avec Scrabon. J ’ai fait le même chemin
que lui; je l’ai fait jusqu’à cinq à fix reprifes; & j’ai contemplé avec attention
ces Pierres, qu’il appelle Mercuriales Tumulos. Ce n’eft point abfolument par
l'art, qu’elles ont été entaffces l’une fur l’autre. Elles font un pur ouvrage de la Nature,
qui les a, à cc que je crois, pofées de la façon dès le commencement. Il faut
Ravoir, que les rochers de Granice différent des autres, en ce qu’ils ne font pas une
feule maffe; ¿r qu’ils font comme de grands amas de gros cailloux, mis les uns folles
autres. Les Ouvriers, qui ont anciennement travaillé ce Granite, en ont enlevé
les pièces les plus convenables, & en ont laiiTé d’autres debout, ça & là, foit pour leur
fervir de bornes, foie pour quelque autre uftgc. V o ila , felon moi, l’origine de ce
qii’oiî a appelle Collines, ou tombeaux de Mercure. Ce qui me confirme le plus
dans cette pcnfée, c’eft, qu’outre qu’on y voit des Hiéroglyphes gravés, on trouve,
tout à l’encour, une infinité de pierres de nicme efpèce, caillées, & quelques-unes ébauchées:
d’autres presque achevées; Sz toutes dans le même état, où elles ont été laifièes
par les Ouvriers, quand apparemment les calamités de la guerre les ont forcés de fe
fauver. Il eft bon d’obfei-ver encore, que cc n’cft qu’à une petite diftance de-là, que
fe trouve l’Obélisque commencé ; & que toute cette plaine, donc Scrabon fait mention,
n'a été presque formée, qu’à force d’ou oter le Granité, qui fans douce s’y trouvoit
d’une meilleure efpcce, qu’au bord du N il, puis qu’on le préféroic à celui-ci, qui, fc
trouvant au bord du ITcuvc, auroit été plus aifé à tranfporter. On remarque pourtant
au bord du N i l , quelques peu d’endroits, où les pierres font chargées de Hiéroglyphes,
comme celles d’onc i! vient d’être parlé, & on voit, aulfi aux environs, des
Tom, I. A a pierres