¡ [ f : ||É;'
1 1 'I l ' i . . i' )
Voyez Planche ex.
H !>
j ,5 Hiîif'H !*îf'
J î! ù '
J .
i
fcs h
”its m’aiTommeront impitoyablemenc, pour vous avoir amenés dans leur Pays, d’oCi
’’ils croiront certainement que vous aurez emporté des tréfors.”
J ’étois trop fait à ces fortes de difcours, pour m’y rendre. Mais comme je
ni’appercevois, que le tems fe paffoit, & qu’il m’en faloit beaucoup pour faire mes recherches,
jebalançois fur le parti que javois à prendre, lorsque le J-aniffaire, dont
j’ai parlé ci-deiTus, & qui fe plaifoit aux coups de réfolution ; car ces MciTieurs fe croient
plus privilégiés que les autres , commença à menacer le Reys, S: defcendit aufii-
tôt à terre, avec moi. Quelques-uns dc nos Gens nous fuivirent, & nous traverfàmes
la Campagne, en prenant pour guides les deux Coloffes, dont j’ai déjà fait mention.
Il n’y avoit qu’une lieuë de chemin pour y arriver, fi nous eufïïons pu marcher
en droite ligne; mais la Campagne, fe trouvant èntrc-coupée de Canaux, & couverte
de bled de T urq uie, nous fûmes obligés de faire bien des détours; & trois heures fe
pafièrent, avant que nous pufîlons arriver auprès des ColofÎès, pour en faire les deffeins.
A l’égard de l’endroic où on les a placés, j’ai déjà averti qu’ils ne font qu’à
environ une lieuë du N il; & c’cfl-li que la Phiue commence à s’élever, par le moyen
du fable, qui avance jusqu’au pied des montagnes.
Environ à deux cens pas de ces CololTès, oo voie, du côcé de l’Orient & du
N o rd , des ruïnes de diverfes autres ftacuës rcnverfées; & vers le midi, à la diftance
d’une demi-heure de chemin, il y a encore d’autres ruïnes, tant anciennes que
modernes.
Les Figures Coloffales font marquées dans la Planche, a. Sc b. Elles font
face au Nil. L a prémiére femble repréfenter un Homme, & la fécondé une Femme.
Du refte toutes deux font de même grandeur, & cette grandeur eft prodigieufe. Elles
ont environ 50. pieds Danois de hauteur, depuis les bafcs des piédeftaux jusqu’au
fommec de la tête. C’eft par leur ombre que j’ai déterminé cette mefure; Sc en y appliquant
la perche, je trouvai, que, depuis la plante des pieds jusqu’aux genoux, il
y avoir 15. pieds; ce qui juftitie le compte que j’avois fait; car, fclon la proportion
ordinaire d’un Homme, il s’enfuit auffi de-là, que la hauteur de chaque figure eft de
50. pieds, y compris les piédeftaux.
Elles font affifes fur des pierres presque cubiques de 15. pieds de hauteur &
d’autant de largeur, en y comprenant les figures Ifiaqucs, qui fervent pour l’orne-
ment, aux deux coins de chaque pierre. L e derrière dc chaque pierre eft plus haut
que le devant d’un pied & demi.
I.CS
Le s piedeftaux ont chacun cinq pieds de hauteur, trente fix & demi de longueur,
& 19. Sc demi de largeur.
L a diftance entre les deux Statues eft de 21. pas.
Elles font faites toutes deux de divers blocs d’une forte de pierre fablonneufe
Sc grifatre, qui femble avoir été tirée de quelques-une des Grottes, qu’on remarque
en grande quantité dans les Montagnes voifines.
Leurs poitrines & leurs jambes font couvertes de quancicé d’Infcriptions Grecques
Sc Latines, qui y ont été gravées après coup & du tems des Romains.
L e derrière & les côtés des chaifes fur lesquelles elles font affifes, font couverts
de figures Hiéroglyphiques, qu i, en général fe reffemblent beaucoup, quoiqu’il y ait
de la différence dans la forme particulière des caractères. Outre cela, il y a encore de
chaque côté un Terme. Ces chaifes femblent être d’une feule pièce & faites de la
même force de pierre que le refte. Elles paroiffent pourtant un peu plus brunes &
un peu plus dures.
L e s deux Figures Ifiaques, qui comme je l’ai déjà remarqué, ornent le bout des
chaifes à chaque coin, paroiffent plus blanches & d’un grain plus fin que le refte; ce
qui peut faire foupçonner, que quoiqu’elles foient ajuftées dans l’ancien goût E g yp tien
; elles n’y ont pourtant été placées, qu’après que les Statués y eurent été mifes.
J ’ai remarqué, que les piédeftaux font auffi plus durs Sc plus bruns, que les
chaifes. L eu r infcription ne confifte qu’en une feule ligne de figures Hiéroglyphiques
, gâtées Sc par l’injure des tems Sc par la violence qu’on y a faite.
II ne me femble pas, que les corps des Figures Coloffales ayent rien foufferc
des mains des Hommes. Tou te défigurées qu’elles font, on n’y voit pas un feul
coup qui ibit à reconnoitre; c’eft feulement l’injure du tems, qui les a rendues difformes
, Sc qui les a privées des parties qui avoient de la faillie.
Après avoir achevé ce deffein, je m’approchai plus près, pour en tirer un autre
plus particulier, qui vépréfenccroic un des côtés de ces Figures Coloffales, marqué
lit. a. avec les Hiéroglyphes Sc les autres orncmens. Mais pendant que j’écois occupé
à cet ouvrage, je m’apperçus qu’une cinquantaine d’Arabes nous entouroient ; au lieu
qu’à notre arrivée nous n’cn avions pas vu un feul, ni au près, ni au loin. Cependant
ils fc contentèrent au commencement de nous faluer, & de nous regarder avec
T t 2 quel