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P lanche
C. & CI.
En avançant encore un peu , nous nous trouvâmes entre deux Village.?, d’aflez
peu d'importance, qui font :
KURNABILAL
& GHOSAEM.
L e premier eft fur la rive Occidentale, & le fécond fur la rive Orientale.
Enfuite nous nous approchâmes du Village d’
ELL-AKALITA,
Situé à rOccidenr, & presque vis-à-vis de
CARNAC,
Nom que Ton donne à un vafte terrein ficué à l’Orient du N i l , S: où on découv
r e , presque à chaque pas des ruïnes très-confidérables, qui continuent, dans un
efpace de plus de trois lieuës en quarré, jusqu’à
LUXXOR, ou LUKOREEN.
Pour n’en point faire à deux fois, je traiterai ces ruïnes toutes enfemble.
II étoit quatre heures après midi, quand je commençai à appercevoir, du côté
de l’Eft, un Obélisque; & un peu après je découvris une grande quantité de Periftiles,
quelques Portes, & des Edifices antiques difperfés confufémcnt çà & là dans la Plaine.
Ces indices ne me permirent pas de douter un moment, que, ce que nous
voyions ne fût des reftes de l’ancienne Thébes. Je fis dire à notre Reys de m’y mettre
à terre; mais je ne pus l’obtenir ni par bonnes paroles, ni par promelTes, ni par menaces.
II n’allégua point, pour cette fois-là, la crainte qu’il avoit des Arabes. Il difoir,
pour toute excufe, qu’il n’y avoit pas moyen d’aborder, à caufe des Isles & des bancs
de fable, qui en cmpêchoienc; & il jura par fa barbe, qu’a moins de faire un grand
détour par terre, il n’écoic pas poffible d’y aller. Perfuade alors, qu’il n’y avoit pas
moyen de fatisfaire ma curiofité, je tâchai d’attrapper de loin cc que je pourrois. Je
dcfiinai ces antiquités magnifiques de toutes les façons qu’,1 me fut poffible; & comme
elles s’offroient à mes yeux. Mais, à mon retour, je mis pied à terre à Carnac, & je
• fis mon poffible, pour ajouter à mes deffeins ce qui y pouvoit manquer. J ’ai l’bon-
neur de vous en préfenter deux Planches, où l’on a quatre vuës de ces fuperbes ruïnes.
Quand à L u x x o r , j’eus de même, au retour, le bonheur d’y aborder. J ’y
pcrfccbionnai la vuë que j’avois déjà levée de la Ville de ce nom, & que l’on trouve
dans la Planche C I , marquée J ’eûs occafion d’y ajouter ce qui y manquoit, &
de mefurer le tout avec allez de commodité. On peut confulter les Planches que j’ai
données à ce fujet.
La
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4.1
L a CII. & la cm . rcpréfentent crois différentes vuës des Antiquités de Luxxor,
L a CIV. fournit lé Plan dc toutes ces ruïnes.
Dans la C V ., on voit la Coupe & le Profil des Edifices.
L e s Planches CVI. CVII. & CIX. repréfcntent en particulier deux Coloffes
micrés, & d’autres Antiquités.
Enfin la CVIII. contient, en deux feuilles, une Carte particulière des ruïnes
incertaines de l’ancienne Thébes.
Javois grande envie dc deifiner auffi les Hiéroglyphes, dont la plupart de ces
morceaux d’Anciquicé font couverts; mais il auroit falu plus de tems, & plus dc commodité
, pour entreprendre un tel ouvrage.
JEUDI, 12. D é c em b r e.
L - i veille, vers le foir, nous avions attaché notre Barque au côté Occidental du Nil,
vis-à-vis dc Carnac, qui eft, à peu près, à 135. lieues communes de France, au deffus
du Cayre. Je me levai avec le jour, dans ie deffein d’aller voir s’il n’y avoit pas, dç
ce côcc-là, quelques autres reftes de l’ancienne Thébes. Je ne fis pas beaucoup de
chemin fans rencontrer deux grands Coloffes, que je pris d’abord pour ceux dont Strabon
a fait mention; mais j’eûs, après cela, lieu d’être perfuadé, que les StatuësColof-
falcs, dont parle cet Au teur, n’étoienc pas les mêmes, que celles que je voyois.
Cette prémiére dccouvcrtc m’ayant encouragé, je retournai à bord, pour y
prendre des armes, & pour me faire accompagner de ceux qui auroienc du goût pour
fe mettre de la partie. L e Reys, qui s’apperçuc de nos préparatifs, s’y oppolâ de
toutes fes forces. II fe fervit prémiérement de toute fa Rhétorique, pour tâcher de
nous intimider tous. Enfuite, voyant que perfonne ne fe rendoic à fes repréfencations,
il eut recours à un moyen qu’il croyoit plqs efficace, Il jura, q u e , fi nous allions à
terre, il s’cn retourncroit avec fa Barque, fans attendre, que nous fuffions revenus.
Je lui fis dire, que c’ctoit un deffein formé; que nous irions à terre; & que s’il étoit
affez ofé pour partir, nous ne manquerions pas de le rejoindre & de lui faire payer
chèrement fon iniblencc. Cette menace fit effet fur lui. I! fc retrancha à nous prier
dc ne point defcendre, du moins pour l’amour de lui. ” Si le bonheur, difoit-il, vous
’’favorifc afièz pour que vous échappiez au péril; vous me mettez pourtant dans Iç
’’plus grand danger du monde pour l’avcpir. L e s gens du Pays ne me le pardonne-
”ronc jamais ; & lorsque dans la fuite j ’aurai occafion dç revenir ici, & de mettre à terre,
Tom. II. T t ^ ’-¡[s
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