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reftes du Palais de Memnon. Je les avois déjà ébauchées dans la CX . Planche, fous
les Lettres c. d. e . f . g . h . i. ; mais plus je les coniidérai de prés, plus elles me parurent
mériter un deiTein particulier. Je le fis en effet; & on le trouve Planche CXII.
On y peut remarquer, L i t . c . le Portique d’un T em p le, capable de donner
une grande idée de l’A rchiceaure Egyptienne. Pour peu qu’on l’examine, on voit,
que chaque Colonne avoit, au dciTus de ion chapiteau, de petites pierres quarrées, qui
fervoient de poutres, fur lesquelles répofoient de grands blocs de pierre; & dont toutes
les parties, qui pouvoient être vuës, font couvertes de Hiéroglyphes, qu i, pour
un plus grand luftre, font incruftés des couleurs les plus vives. Quelquefois cc font
des blocs de quarante pieds de longueur, & de deux pieds d’épaiiTeur en tout fens.
A u deiTus de ces pierres, il y en a d’autres grandes, pofées en travers, & jointes l’une
à l'autre, comme fi c’étoic des planches; & tout ce qui peut être vu de ces pierres,
au platfonds, eib aufiî chargé de Hiéroglyphes.
On obferve dans cet Edifice deux forces de colonnes. Celle qui eft marquée
(a.) eft de la plus belle efpèce. Leur épaificur & leur iblidité leur donnent de loin
une belle apparence ; quand on approche, le? Hiéroglyphes font agréables à voir; &
lors qu’on en eft tout près, leurs couleurs font un effet charmant.
Cette forte de peinture n’a, ni ombre, ni dégradation. L e s figures font incru-
ftées comme les chiffres dans les cadrans des montres ; avec cette différence qu’on ne
fçauj-oic les détacher. Il faut convenir que cette madère incruftée furpaffè, pour la
fo rce, tout ce que j’ai vu dans ce genre. Elle eft au defius de X A l- fr e f c o , & de la
Mofaïque: aufiî a-c-elle l’avantage de durer plus long-tems. C ’eft quelque chofe de
furprenant que de voir comment l’o r, Toucremer & diverfes autres couleurs, ont conferve
leur éclat jusqu’à préfent. Peut-être me demandera-t-on, comment toutes ces
couleurs vives ont pu s’adoucir enfemble; mais j’avouê que c’eft une queftion que je
ne fçaurois décider.
J ’ai remarqué néanmoins, que les Hiéroglyphes, employés dans ces bâtimens,
n’ont pas la même apparence qu’ont d’autres pièces plus anciennes: il n’y a pas non
plus toute la jufteffe, que les Grecs & les Romains étoient accomuinés de donner à
leurs Figures.
On v o it, en dedans, fur la muraille Occidentale, en tirant vers le N o rd , trois
grandes Figures, qui ont le défaut, dont je vient de parler. J ’enai donné le deficin
dans
dans une Planche particulière; & , fi je ne me trompe, il y eft fait allufion à la chûte
d’Adam & d’Eve. On y a repréfenté un arbre v erd, à la droite duquel eft un
Homme aifis, tenant à la main droite quelque inftrumcnt, dont il femble vouloir fe
défendre contre une petite figure ovale, couverte de caraftéres Hiéroglyphiques, que
lui préfente une Femme, qui eft debout à la gauche dc Tarbre, pendant que de l’autre
main il accepte ce qui lui eft préfenté. Derrière l’H omme, paroît une figure debout,
la tête couverte d’une mitre, & qui lui tend la main. J ’ai examiné le refte, pour voir,
fi je ne pourrois point découvrir la fuite de THiftoire ; mais je n’ai rien v u , qui parût
y avoir le moindre rapport. L a pluplart des figures reffemblent plutôt à des devifes
amoureufes, ou à des repréfentations de quelques exploits héroïques.
Pour retourner à l’Architefture de l’Edifice, j’avertirai, que, du côté de l’Orient
& de l’Occident, il y a une muraille, qui fert d’enceinte; & que du côté du Nord &
du Midi, il y a deux Colonnades; mais les Colonnes extérieures ne font pas auflî hautes,
ni auflî-bien ornées, que celles du milieu. Elles n’ont point de chapiteau. On
a feulement ménagé, en haut, un gonflement, qui opère à peu près le même effet
que le gros bout d’une maffuë. L e s unes & les autres font toutes couvertes de Hiéroglyphes.
Il devroit y avoir vingt & une Colonnes de chaque côté ; mais il n’y en a fur
pied que trente deux ; & c’eft du côté du Nord qu’il en manque.
Celles du milieu, étant les plus hautes, rendent le platfond plus élevé que les
Galleries. On n’en découvre, fur le deffein, qu’une, marquée (a). Elles ont 24.
pieds Danois de circonférence; & de la hauteur à proportion.
On ne voit point le pa vé , parce qu’il eft couvert de décombres, & de trois à
quatre pieds de fable.
A une cinquantaine de pas de cet Edifice, on trouve d’autres reftes d’antiquité,
que j’ai repréfentés dans la même Planche ( U î . D . Ç f E . ) H femble que c’étoic
une Galerie, qui regnoic au cour de la Cour. Ces ruïnes font d’autant plus dignes
d’attention, qu’il paroîc que Philoftrace en a parlé dans ce qu’il a écrit du T emple de
Memnon, dans la Vie d’Apollonius.
O n y v o it, fo u s //>. D . , quatre pilaftres, formés de diverfes pièces, toutesde
cette pierre fablonneufe, donc j’ai parlé ci-deffus. Chaque pilaftre eft orné d’un Terme,
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P l a n c h e
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